mardi 3 septembre 2024

Italie — Les arrivées par la mer des immigrants ont diminué d’environ 63% en un an

Le ministre de l’Intérieur italien s’en félicite : « Les arrivées par la mer des migrants ont fortement diminué, d’environ 63% cette année par rapport à la même période en 2023 », a lancé il y a quelques jours Matteo Piantedosi. Lorsque Giorgia Meloni, présidente du parti d’extrême droite Fratelli d'italia, remporta les élections législatives en octobre 2022, elle promit en premier lieu de « lutter contre l’immigration clandestine, de gérer les flux migratoires et de défendre les frontières nationales et européennes ».

Deux ans plus tard, la présidente du Conseil revendique le maintien de sa promesse de campagne. Elle avait alors posé «un principe simple : en Italie, comme dans n’importe quel autre État sérieux, on n’entre pas illégalement ». Au 31 août 2024, 41.530 personnes sont arrivées en Italie après avoir traversé la mer Méditerranée, contre 114.513 lors des huit premiers mois de 2023. Le ministère de l’Intérieur met à jour quotidiennement sur son site les chiffres de l’immigration illégale dans son pays.


Pour limiter les flux migratoires, Giorgia Meloni a négocié des accords avec des pays de départ et de transit, comme la Tunisie, la Libye et l’Albanie. Objectif : faire traiter les demandes d’asile hors du territoire italien et de l’Union européenne, et faciliter les rapatriements des demandeurs d’asile arrivés clandestinement. Ainsi, en mars dernier, Bruxelles a passé un accord avec l’Égypte, promettant à ce pays une aide de 7,4 milliards d’euros d’ici à 2027 - principalement sous forme de prêts - contre un contrôle renforcé de ses frontières.

L’Union européenne et certains États membres ont multiplié les accords bilatéraux avec Tunis pour lutter contre l’immigration irrégulière, suscitant la consternation des organisations qui se disent en faveur de la défense des droits de l'homme. L’an dernier, un mémorandum d’entente sur un « partenariat stratégique » entre Bruxelles et Tunis prévoyait des aides financières d’un montant total de 255 millions d’euros à ce pays d’Afrique du Nord, en partie pour lutter contre l’immigration irrégulière. « Une grande partie des migrants venus d’Afrique subsaharienne, qui se trouvaient en Tunisie et étaient prêts à partir, ont été freinés dans leur démarche, selon le chercheur Matteo Villa, de l’Institut pour les études de politiques internationales. Les intermédiaires et les trafiquants ont été mis en prison. Nous ne nous attendions pas à ce que le président tunisien, Kaïs Saïed, mène une répression si sévère. La question maintenant est de savoir combien de temps cela durera. »

Dans le même temps, Giorgia Meloni a mis en place une stratégie visant à entraver le travail des ONG qui disent « sauver » les  migrants qui traversent illégalement la Méditerranée. Ports de débarquement à des milliers de kilomètres des lieux de sauvetage (ce qui rallonge d’environ une semaine le temps de navigation, et diminue donc la fréquence des missions), interdiction d’effectuer plus d’un sauvetage à la fois même si le navire des militants a la capacité d’embarquer davantage de personnes, amendes voire immobilisation des navires contrevenant aux nouveaux décrets… Une politique vantée par le gouvernement comme ayant aidé à atteindre les « bons » chiffres de l’immigration clandestine. Mais, selon les estimations des experts, ces organisations récupèrent moins de 10 % des personnes arrivant en Italie.

Conséquences de cette politique migratoire européenne imaginée et promue par Giorgia Meloni : une explosion des arrivées en Espagne et en Grèce. Et une augmentation des décès dans le désert du Sahara de migrants qui décident de changer de route. Près de 160 personnes y auraient disparu cette année selon le projet Missing Migrants de l’Organisation mondiale pour les migrations (OIM).

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