lundi 23 octobre 2023

La foi est-elle morte ? Pas en politique, si l'on en croit Juppé et son « je veux encore le croire »

Incidemment, la foi en de premiers principes non démontrés semble aussi exister en sciences.

En effet, les processus scientifiques reposent sur plusieurs hypothèses philosophiques, appelées « axiomes » ou « premiers principes ». Ils sont nécessaires pour effectuer des déductions à partir des données scientifiques et, en fait, même pour l’application et la méthode de la science elle-même. Nous les tenons pour acquis — comme la plupart des philosophes — et nous n’y pensons guère.

Les principes du tiers exclu (principium medii exclusi), de non-contradiction, d’identité, d’intelligibilité, de raison suffisante, de fermeture causale, de finalité et au moins un principe de substance sont tous des « premiers principes » qui ont été démontrés par leur application après avoir été utilisés, mais qui ne peuvent être eux-mêmes que supposés a priori.

On doit supposer que l’univers est un lieu fondamentalement rationnel, que les causes et les effets sont rationnellement prévisibles, au moins avec probabilité, et que les données passées fournissent une base rationnelle pour étudier le présent et faire des prévisions. En d’autres termes, nous devons supposer les lois de la causalité et l’uniformité de la nature pour la science et aussi pour la connaissance elle-même.

En mathématiques, il existe un axiome de l’infini qui assure l’existence d’un ensemble infini, plus précisément d’un ensemble qui contient une représentation des entiers naturels. Par définition, cet axiome n’est pas prouvé.

En outre, si on définit la foi comme une hypothèse qui n’a jamais été démontrée, mais qui rassemble un large consensus, ce fut le cas de la théorie des cordes qui connut son heure de gloire dans la seconde moitié du XXe siècle. La théorie des cordes est peut-être la grande idée la plus controversée de toute la science actuelle. D’une part, il s’agit d’un cadre mathématique séduisant qui offre la possibilité d’unifier le modèle standard et la relativité générale, en fournissant une description quantique de la gravité et en apportant des connaissances approfondies sur la manière dont nous concevons l’univers tout entier. D’un autre côté, ses prédictions sont très variables, ne peuvent être testées dans la pratique et nécessitent un énorme ensemble d’hypothèses qui ne sont étayées par aucun élément de preuve scientifique. Depuis près de 40 ans, la théorie des cordes est l’idée dominante de la physique théorique des particules. Pourtant, pendant tout ce temps, elle n’a pas produit la moindre prédiction vérifiable, ce qui a conduit récemment de nombreuses personnes à déclarer qu’elle ne respectait même pas les normes de la science. Elle semble être tombée en défaveur sans qu’elle soit prouvée fausse : à l’heure actuelle, la théorie des cordes ne peut être falsifiée par aucun résultat expérimental concevable. Elle semble surtout non productive, de plus en plus complexe et détourne de projets plus proches de la réalité empirique.

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