samedi 21 octobre 2023

France — enfin plus de liberté pour les directeurs d'école ?

Texte de Michel Valadier, directeur général de la Fondation pour l’école se réjouit de la plus grande liberté octroyée aux directeurs d’école primaire grâce à un décret publié le 14 août dernier. C’est un pas dans la bonne direction, estime-t-il, et cela laisse espérer davantage d’autonomie pour les établissements scolaires, à l’exemple de ce qui se fait dans les écoles indépendantes dites hors contrat. La Fondation pour l’école est une association qui milite pour la liberté scolaire et soutient notamment les écoles indépendantes dites hors contrat. Ce texte a été publié le 29 août 2023 dans Le Figaro.


Le 14 août dernier a été publié un décret très important qui porte sur les « dispositions relatives aux missions du directeur d’école primaire ». S’il reprend en partie un décret de 1989, il présente plusieurs évolutions majeures qui vont dans le bon sens :

  • Un pas de plus est franchi pour aller vers la création d’un vrai corps de directeurs dans le primaire.
  • Désormais, le directeur « a autorité sur l’ensemble des personnes présentes dans l’école pendant le temps scolaire… pour la bonne marche de l’école ».
  • Et enfin, ce qu’aucun observateur n’a relevé, la place des parents est mieux reconnue : « Le directeur veille à la qualité des relations avec les familles, les représentants légaux des élèves. »

Certains accusent le gouvernement d’avoir « abattu la petite république des professeurs voulue par Jules Ferry » en mettant à la tête de l’école un chef, ce qui serait « contraire au fonctionnement démocratique voulu par les pères fondateurs ». L’anachronisme [radical-socialiste, syndicaliste] en histoire est décidément une plaie… Au lieu de cette bataille idéologique, il peut être intéressant de se poser la question centrale : à quoi sert l’école ? L’école est un lieu où des professeurs enseignent à des enfants par un acte de transmission, confiés à l’institution par leurs parents, sous la conduite d’un directeur qui veille à la réalisation de ce bien commun.

Pour cela, il faut donc un directeur qui… dirige. C’est-à-dire qui ait le pouvoir de décider ce qui est bon pour ses élèves : transmettre et faire grandir tous les élèves, chaque élève et tout l’élève. Diriger au service des familles, cela veut dire créer un lien étroit avec les parents, qui doivent rester les premiers éducateurs de leurs enfants.

Diriger, cela veut dire pouvoir embaucher les professeurs, le personnel éducatif et administratif. Mais aussi pouvoir s’en séparer. Ce qui revient à leur donner la responsabilité hiérarchique du personnel.

Diriger, cela veut dire avoir une vision pour la communauté éducative, une ambition qui permet de fixer des objectifs. Cela veut dire pouvoir reconnaître les progrès accomplis et accompagner le personnel dans les difficultés.

Diriger, enfin, c’est aussi pouvoir renvoyer les élèves qui posent de graves problèmes de comportement et nuisent au bien commun.

En résumé, cela n’est que l’application d’un principe efficace en toutes circonstances : le principe de subsidiarité. Appliquer ce principe dans les écoles permettrait ce que nous souhaitons tous : un authentique renouveau éducatif au service des familles.

L’école, publique ou privée, n’a pas besoin de gestionnaires, mais de chefs à qui l’on donne le pouvoir afin qu’ils puissent assumer la responsabilité de leurs décisions ; des chefs qui annoncent les règles du jeu aux parents et les font respecter en soutenant leurs professeurs ; des chefs qui exigent des élèves une tenue et un comportement exemplaires chaque jour.

Et cela fonctionne. À une échelle modeste certes, mais significative, cette façon de faire existe en France dans la plupart des écoles indépendantes, dites libres hors contrat. Ces écoles, dont les projets pédagogiques sont extrêmement variés, accueillent des enfants de toute condition. Elles sont libres de conserver des méthodes éprouvées, d’expérimenter des pédagogies innovantes ou d’allier les deux ; libres de leur recrutement. Les écoles indépendantes répondent aux besoins des familles et des territoires.

Au lieu de leur mettre des bâtons dans les roues par des inspections à charge, par des inégalités de traitement aux examens d’état, par une absence de prise en charge des AVS et par le refus d’étudier la possibilité d’un statut d’école conventionnée, les pouvoirs publics devraient en visiter, pour s’en inspirer.

Mais ne boudons pas notre satisfaction, un verrou est en train de sauter. L’avenir proche dira si le nouveau ministre de l’éducation nationale poursuivra ou non dans la bonne direction. L’étape actuelle est intenable, nous connaîtrons soit un repli, soit une nouvelle avancée vers la responsabilité hiérarchique ; les directeurs qui s’empareront de l’autorité qui leur est accordée vont rapidement avoir besoin du soutien de leurs supérieurs… Alors, nous saurons.

En politique aussi, le pire n’est pas toujours sûr !

« Diriger, enfin, c’est aussi pouvoir renvoyer les élèves qui posent de graves problèmes de comportement commun» et nuisent au bien

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