D’autres écoles privées vont permettre à des élèves du Québec de ne pas suivre des cours de français avant qu’ils ne s’inscrivent le plus souvent dans une université anglophone financée par les contribuables québécois. C’est ce que nous apprend maintenant le Journal de Québec.
Des collèges privés s’attendent à une hausse de la demande pour leur programme de 6e secondaire, qui permet d’éviter les obligations de la nouvelle loi sur la langue officielle dans les cégeps anglophones.
North Star Academy de Laval |
Au Québec, le cursus scolaire ne compte que cinq années d’études secondaires. Dans le reste du Canada et aux États-Unis, il y en a une sixième étant donné qu’il n’y a pas de cégep entre le secondaire et l’université.
Plusieurs écoles privées offrent donc la 6e année, dite grade 12 en anglais, qui mène en général à l’obtention d’un diplôme d’études secondaires ontarien.
Les élèves peuvent ensuite entrer directement dans les universités du monde entier, mais aussi au Québec, comme à McGill et Concordia, à Montréal, sans passer par le cégep.
La nouvelle Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français (projet de loi 96) oblige les étudiants des cégeps anglophones à suivre plus de cours de français.
Selon un reportage de Global News, l’anxiété générée par cette nouvelle disposition aurait poussé l’Académie Kuper, à Kirkland, sur l’île de Montréal, à devancer l’annonce de son nouveau programme de 6e secondaire.
La direction de l’Académie Kuper n’a pas donné suite à notre demande d’entrevue.
La moitié
Le Journal a parlé aux responsables de quatre autres collèges privés qui offrent déjà la 6e année.
À l’école Alexander von Humboldt, à Baie-d’Urfé, les cours se donnent en allemand de la maternelle à la fin du secondaire. Chaque année, environ la moitié des élèves de 5e secondaire choisissent de continuer en 6e, tandis que les autres décident d’aller au cégep, indique le directeur adjoint Tobias Grygier.
« Mais si la loi est maintenue telle quelle, on peut penser que ça [incitera] d’autres à rester en 6e », suppose-t-il.
Capacité limitée [pour l’instant]
La plupart des responsables interrogés croient toutefois que c’est leur approche personnalisée qui attire les élèves, plus que la langue.
« De toute façon, on a une capacité limitée », dit Philippe Bertrand, directeur général du Collège Bourget, un établissement bilingue situé tout près de la frontière ontarienne à Rigaud.
Il compte cette année 28 élèves dans son programme de 6e secondaire non subventionné.
« Certains sont un peu dépassés par le système collégial », explique Suzanne Bailey, de l’Académie Kells, une école privée de Montréal.
Parmi la quarantaine d’élèves inscrits cette année, on compte des élèves qui ont fait toute leur scolarité à Kells, mais aussi des jeunes qui n’ont pas été acceptés dans leur premier choix au cégep, illustre Mme Bailey.
Au Collège Bourget, ce sont surtout des sportifs de haut niveau qui y sont inscrits en raison de leur horaire complexe, explique Philippe Bertrand.
Grâce à un partenariat avec une école virtuelle ontarienne, l’enseignement peut se faire à distance, ce qui permet aux jeunes hockeyeurs qui sont constamment sur la route de continuer à étudier, par exemple.
Plus cher que le cégep
La 6e secondaire offre une panoplie d’avantages, dit Josée Pépin de L’Académie Étoile du Nord. Plus de flexibilité dans le cursus pour obtenir les prérequis, pas de cote R, une bonne reconnaissance de la part des universités, la création d’un réseau de contacts dans le domaine rêvé, relate-t-elle.
Avec des frais de scolarité allant de 13 000 $ à 15 000 $, une année à Étoile du Nord est toutefois bien plus dispendieuse que le cégep.
Plusieurs programmes de 6e ont vu le jour dans les dernières années : en 2015, 2017 ou 2019.
Mais le Collège Stanstead, situé sur la frontière américaine, offrait déjà une 6e secondaire bien avant l’invention des cégeps et n’a tout simplement jamais cessé de l’offrir, explique la directrice Joanne Carruthers.
« Il y en a qui pensent que la 6e année, c’est une façon de sauter une année, mais ce n’est pas le cas puisque la plupart font ensuite [l’équivalent d’un baccalauréat] de 4 ans à l’université. C’est juste un système différent », résume-t-elle.
Le ministère de l’Éducation n’avait pas répondu à nos questions, hier.
Billet originel du 31 mai 2022
Une école privée de Montréal ajoute une 12e année pour éviter d’apprendre le français, circonvenir aux trois cours de français devenus obligatoires au cégep, pour s’inscrire directement à une université anglophone québécoise (il y en a trois !).
Répartie dans trois bâtiments à Kirkland (Ouest de l’île de Montréal), la Kuper Academy propose actuellement des classes préscolaires, élémentaires et secondaires.
Bientôt, l’école ajoutera un nouveau programme — la 12e année sera disponible à l’école à partir de 2023.
« J’ai entamé le processus il y a plusieurs années et j’allais l’annoncer en août de cette année, mais après l’annonce du projet de loi 96, j’ai décidé de le devancer », a déclaré la directrice de l’école, Joan Salette.
Le projet de loi 96 récemment adopté obligera les étudiants à suivre des cours de français supplémentaires au cégep pour obtenir leur diplôme.
Salette dit que, comme beaucoup d’autres, certains élèves et parents de Kuper étaient inquiets à propos du projet de loi et de la façon dont cela les affecterait. Mais elle dit qu’avec cette nouvelle, beaucoup poussent un soupir de soulagement.
« J’ai commencé à recevoir des messages disant : “Merci, je peux dormir ce soir, je ne cherche plus à déménager en Ontario” », a déclaré Salette. « Tant de messages de soutien. »
Le programme de 12e année durera un an et aboutira à un diplôme d’études secondaires de l’Ontario, qui permet aux élèves de postuler directement à une université.
Trois concentrations seront disponibles — sciences, commerce et sciences sociales — avec des cours principalement donnés en personne.
Les élèves de 10e année qui étudient actuellement à Kuper seront éligibles au programme, et beaucoup d’entre eux disent qu’ils seront les premiers à postuler.
« Tout le monde est ravi de ce nouveau programme », a déclaré Evan Cecere, élève de 10e année. « Ils sont vraiment préoccupés par les restrictions imposées par le projet de loi 96. »
L’école prévoit d’accepter les candidatures pour la 12e année en août.
À peu près au même moment, il organisera une séance d’information pour les parents et les élèves afin d’en savoir plus sur le programme.
Source : CTV
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