mercredi 4 décembre 2019

Après deux décennies de tests PISA pourquoi les résultats n'augmentent-ils pas plus ?

Tous les trois ans, dans l’attente des résultats du PISA, les ministres de l’Éducation découvrent la tension qu’ils infligent aux enfants. Le Programme international pour le suivi des acquis des élèves est un test des compétences en lecture, en mathématiques et en sciences des jeunes prodigués dans 79 pays.

Le septième et dernier lot de résultats a été publié le 3 décembre, soit près de deux décennies après le premier en 2000. Quelque 600 000 élèves âgés de 15 à 16 ans et en formation depuis au moins six ans ont passé les tests. Les pays participants comprennent les membres (en majorité riches) de l’OCDE, qui gère le programme PISA, ainsi que 42 autres pays allant de l’Albanie au Vietnam. L’OCDE ajuste chaque échantillon pour qu’il soit représentatif de la population de jeunes du pays en question afin de produire des résultats sur une échelle normalisée.

L’espoir au tournant du millénaire était que la richesse de nouvelles informations permettrait d’identifier ce qui produit un bon système scolaire, incitant les autres à suivre leur exemple et à le généraliser. Ce n’est pas tout à fait comme ça que les choses se sont passées. Bien que les dépenses par élève aient augmenté de 15 % dans les pays de l’OCDE, les résultats moyens en lecture, en mathématiques et en sciences restent sensiblement les mêmes que lors des premiers tests en l’an 2000. Choisissez un pays au hasard et il est tout aussi probable que ses résultats se soient améliorés ou détériorés aux tests PISA.

Comme toujours, les résultats de cette année incluent de nombreux points positifs. Les excellents résultats de Singapour se sont encore améliorés. Même si Singapour n’est plus le pays le plus performant. C’est la Chine ou plus précisément les municipalités de Pékin et de Shanghaï (Chang-haï) ainsi que les provinces du Jiangsu (Kiang-sou) et du Zhejiang (Tché-Kiang) ; l’OCDE refusant de considérant les résultats des régions chinoises plus éloignées, car elle ne peut en garantir la véracité. Dans les régions de Chine retenues, le résultat moyen des élèves en mathématiques est de 591, contre 489 en moyenne dans les pays de l’OCDE, ce qui donne à penser que les adolescents de la région ont environ trois ans d’avance sur la moyenne de l’OCDE. Les pays de rang intermédiaire, notamment la Jordanie, la Pologne et la Turquie se sont aussi améliorés.

Mais pour chaque Singapour, il y a une Finlande, considérée autrefois comme un exemple à suivre par tous. Une partie de l’absence de progrès global est que les écoles ont moins d’influence sur les résultats que ce qu’on suppose généralement alors que la culture et la société d’un pays en ont plus, ce qui signifie que même les décideurs bien informés ont relativement peu d’influence. Comme le fait remarquer John Jerrim de l’University College de Londres : « Les pays d’Asie de l’Est continueront d’arriver en tête. »

Si une solution miracle pour améliorer l’éducation existait, elle aurait déjà été découverte. Pourtant, cela ne veut pas dire qu’on ne peut rien apprendre de PISA. Beaucoup de pays ont vu leurs résultats augmenter ou chuter sans changement culturel spectaculaire. Et, comme le suggèrent les données, une partie de l’absence d’amélioration globale, malgré l’augmentation des dépenses, est qu’au-delà d’un certain niveau (environ 60 000 $ américains par élève, cumulativement entre l’âge de six et 15 ans), il n’y a pas beaucoup de relation entre les dépenses et les résultats des tests.

Un gros problème est que beaucoup de ministres de l’éducation accordent encore trop peu d’attention aux preuves. Un autre est qu’ils doivent écouter le point de vue des enseignants, des syndicats et des parents et qu’ils ne s’y connaissent pas nécessairement. Andreas Schleicher, responsable de l’éducation à l’OCDE, déplore le fait que de nombreux pays ont, par exemple, priorisé la réduction des classes plutôt que l’embauche et la formation d’excellents enseignants, bien que les preuves suggèrent que cela soit une mauvaise idée. Comme il le souligne, Shanghaï (Chang-haï) a privilégié la qualité de l’enseignant plutôt que la réduction de la taille de la classe. Singapour a fait de même. Et ils en récoltent les fruits.

Source : The Economist

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