Les jésuites au Québec ont éduqué une bonne partie de l’élite dans leurs collèges, notamment le collège Brébeuf, à Montréal, fondé en 1928. Ils font partie de l’ADN canadien-français depuis que sept d’entre eux sont devenus martyrs des Iroquois au XVIIe siècle. Mais la moitié d’entre eux ont plus de 80 ans et ils sont huit fois moins nombreux qu’il y a 50 ans. Pour cette raison, à l’été 2018, les deux « provinces » jésuites du Canada seront fusionnées.
L’automne dernier, Erik Oland a été nommé « provincial » des jésuites du Canada français. Un quart acadien par sa mère, il dirige depuis huit ans le noviciat où habitent durant leur formation les futurs jésuites, à Montréal. Durant cette période, il a vu passer plus d’une vingtaine de novices, dont un seul Québécois de souche.
« Pendant trois ans, dans les années 60, il y avait tellement de jésuites au Québec qu’on a fait deux provinces pour le Canada français, explique le père Oland, en entrevue à Montréal. Je préfère parler de création d’une nouvelle province plutôt que de fusion. C’est un phénomène mondial. La France formera une nouvelle province avec la Belgique wallonne et aux États-Unis, on passera de dix à quatre provinces. »
Au Canada, ce mariage des deux solitudes est aussi l’union du passé et de l’avenir. « Le mouvement de sécularisation au Québec est beaucoup plus fort », explique Jean-Marc Biron, l’actuel provincial du Canada français, qui demeure en poste jusqu’en mars.
« Au Canada anglais et aux États-Unis, le catholicisme est une religion minoritaire qui s’est développée de manière plus défensive. L’objectif a longtemps été de conserver la foi et la culture. »
— Jean-Marc Biron
Les jésuites ont longtemps été associés au pouvoir et à l’élite, mais en 1975, les jésuites du Québec ont abandonné les collèges (à l’exception de l’Université de Sudbury) pour se consacrer aux laissés-pour-compte, par exemple, la Maison Dauphine pour les jeunes de la rue à Québec. C’est peut-être la seule province jésuite au monde à avoir abandonné le domaine de l’éducation.
La province du Canada anglais, qui compte presque deux fois plus de membres, est toujours active en éducation, notamment avec l’école secondaire Loyola à Montréal. « On a aussi des projets d’écoles dans les communautés autochtones, à Regina et à Winnipeg, dit le père Oland. À Loyola, on a des étudiants boursiers, des liens avec la communauté mohawk et on sensibilise les jeunes à la justice sociale, notamment avec des voyages dans des pays pauvres. »
Différent en France
Vu de l’autre côté de l’Atlantique, cet abandon des collèges n’est pas non plus à l’ordre du jour. « En France, il y a eu beaucoup de tensions jusque dans les années 80 entre les jésuites de collège et les jésuites ouvriers », explique le père Bertrand Heriard, qui dirige la revue Projet, l’une des deux principales publications de l’ordre en France. « Mais ni moi ni la plupart de mes collègues n’avons connu cela. Nous n’opposons plus la justice sociale et la mission d’éducation. »
Le père Oland ne veut pas nécessairement ramener les jésuites à Brébeuf. Mais il est ouvert à une implication plus grande qu’actuellement — deux jésuites font toujours partie de son conseil d’administration. À l’inverse, il n’exclut pas de transférer Loyola à une corporation laïque, comme Brébeuf en 1986 et Garnier, à Québec, en 1987, qui se réclament tous deux de la tradition jésuite. « Il n’y a pas de vaches sacrées. »
À plus court terme, il veut appliquer au Québec la formule qui a permis aux jésuites canadiens-anglais d’avoir de la relève, une main tendue vers les communautés ethniques et un responsable du recrutement à temps plein.
Responsables d’Haïti
Depuis 1953, sauf durant la période où le dictateur Jean-Claude Duvalier les a expulsés, entre 1964 et 1986, les jésuites du Canada français sont aussi responsables d’Haïti. La trentaine de jésuites haïtiens feront à partir de l’été 2018 partie de la province latino-américaine. Une trentaine de jésuites nés au Québec travaillent en outre en Haïti.
L’automne dernier, Erik Oland a été nommé « provincial » des jésuites du Canada français. Un quart acadien par sa mère, il dirige depuis huit ans le noviciat où habitent durant leur formation les futurs jésuites, à Montréal. Durant cette période, il a vu passer plus d’une vingtaine de novices, dont un seul Québécois de souche.
« Pendant trois ans, dans les années 60, il y avait tellement de jésuites au Québec qu’on a fait deux provinces pour le Canada français, explique le père Oland, en entrevue à Montréal. Je préfère parler de création d’une nouvelle province plutôt que de fusion. C’est un phénomène mondial. La France formera une nouvelle province avec la Belgique wallonne et aux États-Unis, on passera de dix à quatre provinces. »
Au Canada, ce mariage des deux solitudes est aussi l’union du passé et de l’avenir. « Le mouvement de sécularisation au Québec est beaucoup plus fort », explique Jean-Marc Biron, l’actuel provincial du Canada français, qui demeure en poste jusqu’en mars.
« Au Canada anglais et aux États-Unis, le catholicisme est une religion minoritaire qui s’est développée de manière plus défensive. L’objectif a longtemps été de conserver la foi et la culture. »
— Jean-Marc Biron
Les jésuites ont longtemps été associés au pouvoir et à l’élite, mais en 1975, les jésuites du Québec ont abandonné les collèges (à l’exception de l’Université de Sudbury) pour se consacrer aux laissés-pour-compte, par exemple, la Maison Dauphine pour les jeunes de la rue à Québec. C’est peut-être la seule province jésuite au monde à avoir abandonné le domaine de l’éducation.
La province du Canada anglais, qui compte presque deux fois plus de membres, est toujours active en éducation, notamment avec l’école secondaire Loyola à Montréal. « On a aussi des projets d’écoles dans les communautés autochtones, à Regina et à Winnipeg, dit le père Oland. À Loyola, on a des étudiants boursiers, des liens avec la communauté mohawk et on sensibilise les jeunes à la justice sociale, notamment avec des voyages dans des pays pauvres. »
Différent en France
Vu de l’autre côté de l’Atlantique, cet abandon des collèges n’est pas non plus à l’ordre du jour. « En France, il y a eu beaucoup de tensions jusque dans les années 80 entre les jésuites de collège et les jésuites ouvriers », explique le père Bertrand Heriard, qui dirige la revue Projet, l’une des deux principales publications de l’ordre en France. « Mais ni moi ni la plupart de mes collègues n’avons connu cela. Nous n’opposons plus la justice sociale et la mission d’éducation. »
Le père Oland ne veut pas nécessairement ramener les jésuites à Brébeuf. Mais il est ouvert à une implication plus grande qu’actuellement — deux jésuites font toujours partie de son conseil d’administration. À l’inverse, il n’exclut pas de transférer Loyola à une corporation laïque, comme Brébeuf en 1986 et Garnier, à Québec, en 1987, qui se réclament tous deux de la tradition jésuite. « Il n’y a pas de vaches sacrées. »
À plus court terme, il veut appliquer au Québec la formule qui a permis aux jésuites canadiens-anglais d’avoir de la relève, une main tendue vers les communautés ethniques et un responsable du recrutement à temps plein.
Responsables d’Haïti
Depuis 1953, sauf durant la période où le dictateur Jean-Claude Duvalier les a expulsés, entre 1964 et 1986, les jésuites du Canada français sont aussi responsables d’Haïti. La trentaine de jésuites haïtiens feront à partir de l’été 2018 partie de la province latino-américaine. Une trentaine de jésuites nés au Québec travaillent en outre en Haïti.
Les jésuites au fil des ans
1540
Fondation par Ignace de Loyola, un ancien soldat
1611
Arrivée des jésuites en Nouvelle-France
1634
Fondation du premier collège jésuite à Québec, qui ferme ses portes en 1776 puis renaît en 1934 sous le nom de Saint-Charles-Garnier
1773
Le pape Clément XIV dissout l’ordre, jugé trop indépendant
1814
Restauration des jésuites
1848
Fondation du collège Sainte-Marie à Montréal, qui sera incorporé à l’UQAM en 1969
1928
Fondation du collège Jean-de-Brébeuf à Montréal
2013
Élection du premier pape jésuite, François
Sources : Jésuites et La Presse
Voir aussi
Notre dossier Loyola
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