mardi 29 avril 2014

Sans discrimination positive, le poids des minorités diminue dans les universités américaines

La Cour suprême des États-Unis a récemment validé une loi du Michigan interdisant la discrimination positive dans l’enseignement supérieur. La Cour suprême des États confirmait ainsi la décision des citoyens du Michigan lors d’un référendum en 2006 qui interdit l’utilisation de la race comme critère d’admission dans les universités publiques de l’État.

C’est un coup porté aux mesures héritées du mouvement pour les droits civiques des années 1960. Sans discrimination positive, le poids des minorités diminue dans les universités américaines.

Depuis quelques années, huit États avaient interdit la discrimination raciale positive dans la sélection des étudiants. C’est le cas du Texas depuis 1997, de la Californie (1998) ou de la Floride (2001).

Les établissements les plus sélectifs de ces États ont connu une chute sensible du nombre d’étudiants noirs et hispaniques. À l’université du Michigan à Ann Arbor, le nombre de Noirs a baissé de 33 % depuis 2006, alors que les inscriptions augmentaient de 10 %.

En 1991, la Californie comptait 36 % d’Hispaniques en âge d’entrer à l’université, et cette minorité représentait 23 % des effectifs de l’université de Berkeley. Vingt ans plus tard, et alors que la communauté avait grossi (49 % de la population en âge d’entrer à l’université est désormais hispaniques), le campus de Berkeley n’en comptait plus que 11 %. Soit une chute de 38 points. Entre ces deux dates, un fait : en 1998, l’État a interdit toute discrimination positive dans les procédures d’admission universitaires.

Chiffres pour les Hispaniques à Berkeley (Californie)

Ces chiffres sont publiés, lundi 28 avril 2014, par le site du New York Times, qui présente vingt graphiques consacrés à l’évolution de la présence des minorités dans plusieurs prestigieuses universités publiques états-uniennes depuis 1990. Point commun de tous ces lieux de savoir, ils sont situés dans cinq des huit États où l’appartenance à une minorité ne fait plus partie des critères d’admission dans l’enseignement supérieur public.

Chiffres pour les noirs à Berkeley (Californie)

Autre exemple illustrant les effets négatifs de l’abandon de la discrimination positive, la proportion de Noirs inscrits à l’université de Californie, à Los Angeles, est passée de 8 % en 1997 — soit l’année juste avant l’interdiction dans cet État — à 2 % en 2011, alors que la population noire n’y a pas diminué entre ces deux dates.

La situation dans les universités en Floride, par contre, ne s’est pas détériorée pour les minorités. Le nombre des étudiants hispaniques y était, en 1990, de 4 % pour une population de 14 % en âge d’aller à l’université. En 2011, ce nombre avait grimpé jusqu’à 18 % alors que les Hispaniques représentent désormais 27 % des jeunes en âge à s’inscrire à l’université.

Huit États ont suspendu la discrimination positive

Le Michigan a voté en 2006 l’interdiction de la discrimination positive à l’entrée à l’université. Conséquence : la part des Noirs parmi les inscrits en première année dans la principale université est passée de 7 % à 5 %, et cela même alors que les jeunes Noirs de 19 ans étaient plus nombreux dans l’État.

Dans d’autres États cités par le New York Times, la différence entre la période qui précède et celle qui suit la fin de la discrimination positive n’est pas aussi flagrante. À l’université d’État de Washington, par exemple, l’interdiction votée en 1999 n’a pas empêché la part des étudiants hispaniques de continuer de croître, même si celle des Noirs a dans l’ensemble stagné.

Historique de la discrimination positive devant les tribunaux

La décision de la Cour suprême américaine interdisant la discrimination positive constitue un tournant. La plus haute juridiction du pays a jugé conforme à la Constitution cette loi qui interdit la prise en considération de la race ou du sexe pour les admissions à l’université. Dans une décision, rendue par six juges contre deux, un neuvième s’étant récusé, elle a renversé un arrêt d’une cour d’appel qui avait invalidé un article de la Constitution de l’État, estimant que les électeurs avaient parfaitement le droit de changer leur Constitution pour interdire à leurs universités une telle discrimination positive en faveur des minorités.

Après avoir fixé l’an dernier des limites à l’usage des quotas raciaux à l’Université du Texas, la Cour suprême confirme cette fois l’interdiction par la loi de toute préférence raciale à l’admission des universités de l’État. Cet amendement à la constitution de l’État interdit aux universités publiques, aux écoles et aux recruteurs pour emplois publics de « discriminer ou d’accorder un traitement préférentiel à tout individu ou groupe en fonction de la race, du sexe, de la couleur de peau, de l’ethnie ou de l’origine ». Le Michigan était soutenu devant la Cour suprême par les États de l’Arizona, de l’Alabama, Géorgie, Oklahoma et Virginie occidentale. Les médias progressistes américains n’ont pas hésité à parler du retour de la ségrégation sudiste et de la revanche de George Wallace, ancien gouverneur de l’Alabama.

Le concept de discrimination positive est né de la lutte pour les droits civiques dans les années 1960. Toutefois, les quotas ethniques furent remis en cause dès 1978 par une décision de la Cour suprême, l’arrêt Bakke, qui ordonnait aux universités de promouvoir la diversité, mais sans la chiffrer de façon formelle. Ces dernières années, huit états avaient interdit la discrimination positive pour les procédures d’admission universitaires. C’était le cas du Texas depuis 1997, de la Californie (1998) ou de la Floride (2001)

Sources : New York Times (y compris graphiques traduits), Cour suprême des États-Unis, Le Monde.

Voir aussi

Discrimination positive : victoire partielle d’une étudiante blanche américaine

L’affirmative action au crible des discours néoconservateurs noirs (pdf, 12 pages)

Brésil — discrimination raciale et en faveur des diplômés des écoles publiques dans les universités

France — Discrimination positive dans les grandes écoles

Université contre la discrimination à l’encontre des handicapés mentaux...

Éthique — la discrimination est-elle un droit ?

Novlangue — OQLF prescrit « action positive » plutôt que « discrimination positive »

Québec — 60 % de la fonction publique est féminine, l’État se féminise et se « diversifie »

Recension de Economic Facts and Fallacies de Thomas Sowell





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2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bien joué le copier/coller du site "Le Monde"

Raoul a dit…

Surtout les images (qui n'y sont pas), l'intro (qui n'y est pas) et la fin (qui n'y est pas) ?

Quant au Monde lui copie/colle du New York Times...mais ça c'est le plus souvent de toute façon.