On se demande souvent pourquoi la seule école privée qui se soit officiellement opposée au cours ECR est le collège Loyola (et des intellectuels anglophones de McGill).
Pourquoi aucune critique publique de la part des écoles privées francophones ? (En privé, des directeurs d'écoles privées francophones nous ont déclaré par contre ne pas enseigner le programme ECR tel que conçu par le ministère, mais un peu ce qu'ils voulaient pendant le temps qui doit être consacré à cette matière.)
Peut-être, cette léthargie de la part des écoles privées francophones s'explique-t-elle en partie par le travail de « vente » du programme ECR qu'y a été fait. Lors des congrès de la Fédération des établissements d’enseignement privé (FEEP) avant l'imposition d'ECR, on a loué cette dernière et merveilleuse trouvaille de nos « songeurs » patentés. On y a invité et largement donné la parole à un des pères et thuriféraires de ce cours : Georges Leroux. Le directeur exécutif de la FEEP trépignait de le présenter lors du congrès de la FEEP, le 3 mai 2007 à Québec. C'était la deuxième ou troisième fois, à ses dires, qu'il le présentait. Haletant, il ne put retenir un aveu en présentant ce concepteur et ardent défenseur du programme : « Georges Leroux est mon gourou sur le plan philosophique, mais aussi au niveau de la pensée, au niveau de l'éthique » (à partir de la 25e seconde). En toute neutralité, bien sûr.
Voici le début de cette conférence de Georges Leroux enregistrée à l'époque ainsi qu'une réaction à cette conférence parue dans le Devoir de la part de la présidente à l'époque de l'Association des parents catholiques du Québec.
Première partie de la conférence de G. Leroux :
Seconde partie de la conférence de G. Leroux :
Liens directs des fichiers audio
Première partie
Seconde partie
Quelques citations :
Voir aussi
George Leroux : L’État doit viser à déstabiliser les systèmes absolutistes de croyance
Georges Leroux – le pluraliste jacobin (1 sur 2)
Georges Leroux – le pluraliste messianique (2 sur 2)
Libre opinion parue dans Le Devoir page A6, le 4 juin 2007
Gare au Pluralisme normatif dans les cours d’éthique et de culture religieuse
Par Jean Morse-Chevrier, Présidente de l’Association des parents catholiques du Québec
En septembre 2008, le gouvernement va remplacer l’option en enseignement moral et religieux par l’imposition d’un seul cours multi-religieux d’éthique et culture religieuse et par l’interdiction simultanée, dans les écoles publiques, mais non privées, de tout enseignement confessionnel.
M. Georges Leroux, philosophe et spécialiste de l’éthique pour le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport, a donné une conférence sur le nouveau cours d’éthique et culture religieuse, le 3 mai, 2007 aux membres de la Fédération des établissements de l’enseignement privé (FEEP), et l’enregistrement de cette conférence a été accessible par internet. M. Leroux a admis que ce cours entraînera une « reconfiguration considérable des attentes pour une construction identitaire » des élèves. En optant pour ce cours sur un ensemble de religions et visions du monde, le Québec s’assure, selon lui, que : « nos enfants seront meilleurs que nous parce qu’ils seront d’abord plus ouverts à la diversité religieuse et morale et plus investis dans un pluralisme normatif. Ils croiront qu’il est préférable d’être pluriel que d’être homogène. »
Devons-nous conclure devant ce témoignage que le gouvernement tenterait de changer « nos enfants » (ceux de l’État?), de chrétiens (pour la grande majorité) à pluralistes ? Si c’est le cas, ses intentions vont au-delà de ce qu’il annonçait dans les orientations pour ce cours lorsqu’il a eu l’appui de l’Assemblée nationale au projet de loi 95, en juin 2005. Il viserait non seulement l’ouverture à l’autre, telle qu’annoncée, mais chercherait à faire assimiler par l’élève la diversité morale et religieuse au moment même de sa construction identitaire. Or, comment est-il possible de construire une identité personnelle pluraliste à moins de délaisser sa propre identité confessionnelle?
M. Leroux affirme : « La première raison pour laquelle nous avons, le gouvernement et tous ceux qui l’ont soutenu, jugé qu’il est nécessaire, voire essentiel de rédiger le cours d’éthique et culture religieuse, c’est le pluralisme normatif. Il est essentiel que l’expérience diversifiée autant sur le plan moral que religieux soit valorisée dans sa diversité. » Devons-nous comprendre que notre société sera meilleure lorsque ces enfants, devenus grands, seront pluralistes plutôt que chrétiens ? Si c’est la position du ministre de l’Éducation, il devrait être appelé à en faire la preuve, avant d’imposer des contenus multi-religieux à l’ensemble des élèves et avant d’expérimenter avec l’identité religieuse et morale des québécois.
Ceci étant dit, les enfants sont sous la responsabilité première de leurs parents. C’est à eux que devrait revenir la décision de quel enseignement éthique ou de culture religieuse donner à « leurs » enfants, qu’ils optent pour la vision pluraliste « lerousse » et étatique ou non.
M. Leroux justifie aussi le pluralisme normatif sur la base des « 60 ethnies ou religions » présentes dans certaines écoles de Montréal. Grand nombre de ces ethnies sont chrétiennes, à Montréal comme ailleurs. Le seul nouveau groupe religieux significatif au Québec est celui des musulmans. C’est aussi le groupe religieux qui est le plus impliqué dans « la crise » en France, crise que M. Leroux dit vouloir éviter au Québec avec le nouveau programme. Est-ce pour intégrer le petit pourcentage de musulmans à la culture québécoise que le ministère impose ce cours ou pour ouvrir les enfants chrétiens (7 5%) à l’islam ? La question se pose. Mais au lieu de prendre des décisions pour eux, pourquoi ne pas permettre aux parents de choisir quelle religion convient à « leurs » enfants ?
M. Leroux renvoie aux écoles privées le devoir de transmettre la tradition catholique afin de la conserver, car, dit-il, les religions sont importantes pour comprendre l’histoire, la littérature et le sens de l’existence. Les parents, dit-il, s’attendent à ce que les écoles privées remplissent cette « mission » de conservation. Cependant le gouvernement n’accordera pas à ces écoles la liberté d’enseigner leur religion à l’intérieur des heures prévues dans le régime pédagogique et elles auront de la difficulté à trouver le moyen de le faire autrement.
D’autre part, M. Leroux est-il certain que les parents d’enfants à l’école publique ne veulent pas, eux aussi, que l’école transmette cette tradition ? Les 75 % de parents qui y choisissent l’enseignement moral et religieux catholique semblent y tenir. Et, selon quel éthique justifier que les mieux nantis bénéficieront de la possibilité d’un enseignement moral et religieux catholique alors qu’on l’enlève aux écoles publiques? Cette justification est-elle assez solide pour résister aux objections futures des adversaires de l’école privée ?
Le cours d’éthique et culture religieuse accordera plus de temps aux religions chrétiennes qu’aux autres. L’application des chartes va-t-elle exiger, dans un avenir prochain, que le christianisme ne soit plus privilégié dans ce nouveau cours ? Et alors, qu’est-ce qui s’ensuivra : l’abandon du cours d’éthique et culture religieuse, l’enseignement sur un même pied du christianisme, de l’islam et autres religions ou l’introduction dans l’école d’une religion unique universelle qui, nous rapporte M. Leroux, est la voie de l’avenir selon certains ? Il n’est pas irraisonnable de se poser la question.
N’est-il pas le temps de laisser aux parents le choix en matière d’enseignement moral et religieux de « leurs » enfants, même au risque qu’ils préfèrent leur propre religion et non le pluralisme normatif du ministère ? C’est, je crois, la seule façon de respecter les chartes et d’être juste envers tout le monde : parents, enfants, catholiques, protestants, juifs, musulmans ou autres. C’est un choix possible pour un gouvernement qui a suffisamment à cœur le respect de la liberté de conscience et de religion pour chercher avec ses partenaires de la société civile des avenues nouvelles.
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Pourquoi aucune critique publique de la part des écoles privées francophones ? (En privé, des directeurs d'écoles privées francophones nous ont déclaré par contre ne pas enseigner le programme ECR tel que conçu par le ministère, mais un peu ce qu'ils voulaient pendant le temps qui doit être consacré à cette matière.)
Peut-être, cette léthargie de la part des écoles privées francophones s'explique-t-elle en partie par le travail de « vente » du programme ECR qu'y a été fait. Lors des congrès de la Fédération des établissements d’enseignement privé (FEEP) avant l'imposition d'ECR, on a loué cette dernière et merveilleuse trouvaille de nos « songeurs » patentés. On y a invité et largement donné la parole à un des pères et thuriféraires de ce cours : Georges Leroux. Le directeur exécutif de la FEEP trépignait de le présenter lors du congrès de la FEEP, le 3 mai 2007 à Québec. C'était la deuxième ou troisième fois, à ses dires, qu'il le présentait. Haletant, il ne put retenir un aveu en présentant ce concepteur et ardent défenseur du programme : « Georges Leroux est mon gourou sur le plan philosophique, mais aussi au niveau de la pensée, au niveau de l'éthique » (à partir de la 25e seconde). En toute neutralité, bien sûr.
Voici le début de cette conférence de Georges Leroux enregistrée à l'époque ainsi qu'une réaction à cette conférence parue dans le Devoir de la part de la présidente à l'époque de l'Association des parents catholiques du Québec.
Première partie de la conférence de G. Leroux :
Seconde partie de la conférence de G. Leroux :
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Première partie
Seconde partie
Quelques citations :
« Nos enfants seront mieux que nous parce que pluralistes. »
« Personne ne sous-estime le risque de mettre la culture religieuse et l'éthique ensemble »
« nous avons très peur au ministère de l'Éducation des demandes de dérogations de ces communautés » [orthodoxes juives].
« Il est plus prudent que le jeune connaisse l'autre de manière structurée. »
[mais le cours ECR permet-il vraiment cette connaissance ? C'est loin d'être évident. Ajoutons que connaître n'implique en rien le respect ni l'acceptation.]
Voir aussi
George Leroux : L’État doit viser à déstabiliser les systèmes absolutistes de croyance
Georges Leroux – le pluraliste jacobin (1 sur 2)
Georges Leroux – le pluraliste messianique (2 sur 2)
Libre opinion parue dans Le Devoir page A6, le 4 juin 2007
Gare au Pluralisme normatif dans les cours d’éthique et de culture religieuse
Par Jean Morse-Chevrier, Présidente de l’Association des parents catholiques du Québec
En septembre 2008, le gouvernement va remplacer l’option en enseignement moral et religieux par l’imposition d’un seul cours multi-religieux d’éthique et culture religieuse et par l’interdiction simultanée, dans les écoles publiques, mais non privées, de tout enseignement confessionnel.
M. Georges Leroux, philosophe et spécialiste de l’éthique pour le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport, a donné une conférence sur le nouveau cours d’éthique et culture religieuse, le 3 mai, 2007 aux membres de la Fédération des établissements de l’enseignement privé (FEEP), et l’enregistrement de cette conférence a été accessible par internet. M. Leroux a admis que ce cours entraînera une « reconfiguration considérable des attentes pour une construction identitaire » des élèves. En optant pour ce cours sur un ensemble de religions et visions du monde, le Québec s’assure, selon lui, que : « nos enfants seront meilleurs que nous parce qu’ils seront d’abord plus ouverts à la diversité religieuse et morale et plus investis dans un pluralisme normatif. Ils croiront qu’il est préférable d’être pluriel que d’être homogène. »
Devons-nous conclure devant ce témoignage que le gouvernement tenterait de changer « nos enfants » (ceux de l’État?), de chrétiens (pour la grande majorité) à pluralistes ? Si c’est le cas, ses intentions vont au-delà de ce qu’il annonçait dans les orientations pour ce cours lorsqu’il a eu l’appui de l’Assemblée nationale au projet de loi 95, en juin 2005. Il viserait non seulement l’ouverture à l’autre, telle qu’annoncée, mais chercherait à faire assimiler par l’élève la diversité morale et religieuse au moment même de sa construction identitaire. Or, comment est-il possible de construire une identité personnelle pluraliste à moins de délaisser sa propre identité confessionnelle?
M. Leroux affirme : « La première raison pour laquelle nous avons, le gouvernement et tous ceux qui l’ont soutenu, jugé qu’il est nécessaire, voire essentiel de rédiger le cours d’éthique et culture religieuse, c’est le pluralisme normatif. Il est essentiel que l’expérience diversifiée autant sur le plan moral que religieux soit valorisée dans sa diversité. » Devons-nous comprendre que notre société sera meilleure lorsque ces enfants, devenus grands, seront pluralistes plutôt que chrétiens ? Si c’est la position du ministre de l’Éducation, il devrait être appelé à en faire la preuve, avant d’imposer des contenus multi-religieux à l’ensemble des élèves et avant d’expérimenter avec l’identité religieuse et morale des québécois.
Ceci étant dit, les enfants sont sous la responsabilité première de leurs parents. C’est à eux que devrait revenir la décision de quel enseignement éthique ou de culture religieuse donner à « leurs » enfants, qu’ils optent pour la vision pluraliste « lerousse » et étatique ou non.
M. Leroux justifie aussi le pluralisme normatif sur la base des « 60 ethnies ou religions » présentes dans certaines écoles de Montréal. Grand nombre de ces ethnies sont chrétiennes, à Montréal comme ailleurs. Le seul nouveau groupe religieux significatif au Québec est celui des musulmans. C’est aussi le groupe religieux qui est le plus impliqué dans « la crise » en France, crise que M. Leroux dit vouloir éviter au Québec avec le nouveau programme. Est-ce pour intégrer le petit pourcentage de musulmans à la culture québécoise que le ministère impose ce cours ou pour ouvrir les enfants chrétiens (7 5%) à l’islam ? La question se pose. Mais au lieu de prendre des décisions pour eux, pourquoi ne pas permettre aux parents de choisir quelle religion convient à « leurs » enfants ?
M. Leroux renvoie aux écoles privées le devoir de transmettre la tradition catholique afin de la conserver, car, dit-il, les religions sont importantes pour comprendre l’histoire, la littérature et le sens de l’existence. Les parents, dit-il, s’attendent à ce que les écoles privées remplissent cette « mission » de conservation. Cependant le gouvernement n’accordera pas à ces écoles la liberté d’enseigner leur religion à l’intérieur des heures prévues dans le régime pédagogique et elles auront de la difficulté à trouver le moyen de le faire autrement.
D’autre part, M. Leroux est-il certain que les parents d’enfants à l’école publique ne veulent pas, eux aussi, que l’école transmette cette tradition ? Les 75 % de parents qui y choisissent l’enseignement moral et religieux catholique semblent y tenir. Et, selon quel éthique justifier que les mieux nantis bénéficieront de la possibilité d’un enseignement moral et religieux catholique alors qu’on l’enlève aux écoles publiques? Cette justification est-elle assez solide pour résister aux objections futures des adversaires de l’école privée ?
Le cours d’éthique et culture religieuse accordera plus de temps aux religions chrétiennes qu’aux autres. L’application des chartes va-t-elle exiger, dans un avenir prochain, que le christianisme ne soit plus privilégié dans ce nouveau cours ? Et alors, qu’est-ce qui s’ensuivra : l’abandon du cours d’éthique et culture religieuse, l’enseignement sur un même pied du christianisme, de l’islam et autres religions ou l’introduction dans l’école d’une religion unique universelle qui, nous rapporte M. Leroux, est la voie de l’avenir selon certains ? Il n’est pas irraisonnable de se poser la question.
N’est-il pas le temps de laisser aux parents le choix en matière d’enseignement moral et religieux de « leurs » enfants, même au risque qu’ils préfèrent leur propre religion et non le pluralisme normatif du ministère ? C’est, je crois, la seule façon de respecter les chartes et d’être juste envers tout le monde : parents, enfants, catholiques, protestants, juifs, musulmans ou autres. C’est un choix possible pour un gouvernement qui a suffisamment à cœur le respect de la liberté de conscience et de religion pour chercher avec ses partenaires de la société civile des avenues nouvelles.
Soutenons les familles dans leurs combats juridiques (reçu fiscal pour tout don supérieur à 50 $)
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