vendredi 22 mars 2013

Québec — L'apprentissage des tables de multiplication repoussé de deux ans

À l'école primaire, on apprenait les tables de multiplication par cœur en troisième année, des élèves commencent maintenant à les mémoriser deux ans plus tard, en cinquième année.

Il s'agit d'une « nouvelle façon de faire » adoptée par la commission scolaire des Découvreurs et la commission scolaire des Navigateurs (CSDN), qui découle d'un document du ministère de l'Éducation intitulé Progression des apprentissages au primaire.

En troisième année, l'enseignant n'oblige plus les élèves à apprendre leurs tables de multiplication par cœur, mais explique plutôt à ses élèves, à l'aide de matériel et ensuite d'images, comment «se construisent» les multiplications.

« On essaie de donner un sens aux apprentissages, en utilisant des façons plus concrètes pour que ce soit plus facile », explique Nicole Labrecque, directrice adjointe des services éducatifs à la CSDN, qui dessert la Rive-Sud de Québec.

Et pourtant...

Faire des calculs lorsqu'on ne connaît pas ses tables de multiplication n'est en rien facile. En poussant l'analogie, on pourrait comparer lettres et chiffres, mots et nombres, calculs et textes. Les calculs sont une forme de combinatoire élaborée : si chaque combinaison devient complexe par manque de connaissance des opérations élémentaires (tables d'addition et de multiplication), c'est l'ensemble des mathématiques qui devient indigeste et source de frustration.

Si certains enfants s'écartent de la lecture en raison d'une maîtrise insuffisante de la combinatoire, rendant compliquée la lecture, de même, la méconnaissance des calculs élémentaires écarte les enfants des mathématiques. Les tables d'addition ne présentent pas de difficultés. Ce sont les tables de multiplication que les enfants semblent ne plus arriver à apprendre comme de nombreux parents l'attestent. Dire que cet apprentissage a été négligé dans les écoles ces derniers temps serait un euphémisme.

Entretemps à Singapour, au Japon et en Angleterre

L’étude internationale TIMSS (Trends in International Mathematics and Sciences Studies) qui se fonde sur des tests menés tous les 4 ans auprès des élèves de 4e année du primaire et de secondaire II de plus de 50 pays classe les élèves de Singapour à la première place mondiale. Le Québec a une place honorable dans ce classement, mais nullement exceptionnelle.

Résultat TIMMS (2011) pour la 4e année du primaire

PaysNote
Singapour606
Corée, rép. de605
Hong Kong RAS602
Formose (Taïpei)591
Japon585
Irlande du Nord562
Caroline du Nord554
Belgique (Flandre)549
Finlande545
Angleterre542
Fédération de Russie542
États-Unis541
Pays-Bas540
Danemark537
Lithuanie534
Québec533
Portugal532
Allemagne528
Ontario518

La méthode de Singapour traite simultanément la division et la multiplication dès la première année du primaire comme étant les deux pendants d'une même opération : elle traite donc non seulement de la multiplication par 3 ou 4, mais également de la division par 3 et par 4. Le manuel de 3e année apprend la table des multiplications et de divisions jusqu'à 9 ainsi que le calcul mental associé à ces tables. Comprendre le mécanisme de la multiplication est une bonne chose (l'addition successive) , pouvoir rapidement mobiliser ces connaissances (par le par cœur) l'est tout autant).



En Angleterre, aux meilleurs résultats ci-dessus que le Québec, le nouveau programme du primaire prévoit que les enfants de 9 ans connaissent leur table de multiplication jusqu'à 12x12. Un porte-parole du ministère de l'Éducation a déclaré à la BCC que le nouveau programme augmenterait le niveau des élèves : « Notre projet pour l'école primaire rendra notre programme comparable aux meilleurs dans le monde, y compris celui de Singapour ».

« Il est grand temps que la rigueur reprenne le dessus — les enfants doivent connaître leurs tables de multiplication par cœur jusqu'à 12, diviser des fractions et être bons en calcul mental. Une bonne base permettra aux enfants de passer ensuite à des concepts mathématiques plus complexes. »

Au Japon, les élèves de deuxième année du primaire apprennent leur table de multiplication (jusqu'à 9x9) grâce à une méthode rythmique appelée « Kuku » (écoutez quelques exemples de kuku).

Qu'est-ce qui pousse donc Québec à repousser des éléments de base de l'arithmétique qui ont fait leur preuve ?

Table de multiplication chinoise 




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1 commentaire:

Mike a dit…

L'enfer. L'apprentissage des tables de multiplication m'emmerdait royalement étant jeune.

Surement qu'une simplification de la sorte m'aurais aidé à retenir par coeur mes tables avec un moins supplice :P