lundi 5 septembre 2011

Royaume-Uni : vingt-quatre « écoles libres » à la rentrée

Vingt-quatre « écoles libres », financées par l'État mais qui peuvent être gérées par les parents d'élèves, ouvrent leurs portes cette semaine au Royaume-Uni. Un concept qui suscite l'enthousiasme des parents et le scepticisme des syndicats, conservateurs par nature.

La création des « écoles libres » est laissée à l'initiative d'associations locales, de professeurs et même de parents d'élèves.

Les écoles libres sont une des promesses de campagne de David Cameron, dans le cadre de sa « Big society » basée sur un désengagement de l'État et une plus grande place laissée à la société civile. Ces établissements autonomes sont libres d'organiser leur enseignement comme ils l'entendent. Des écoles du même type, autonomes et financées par l'État, existaient bien déjà au Royaume-Uni (elles portent le nom d'« Académies »), mais elles ne pouvaient être ouvertes qu'à l'initiative d'organismes spécialisés, pas de citoyens.

Les parents recrutent les enseignants et décident du programme

Pour lancer une école libre, un certain nombre de conditions doivent être réunies. À la base de tout : les parents. À l'aide notamment une pétition, le groupe ou l'organisation qui veut créer l'établissement doit apporter la preuve qu'il existe une réelle demande locale des parents d'élèves. À cela s'ajoutent la présentation d'un projet éducatif et d'un plan financier. Si le dossier est validé par le ministère de l'Éducation, c'est l'État qui prend en charge les dépenses de l'établissement — qui reste gratuit pour les parents — et son implication s'arrête là. Le recrutement des professeurs, le nombre d'enfants par classe, le salaire des enseignants, l'organisation des emplois du temps et le contenu des programmes enseignés, eux, sont entièrement décidés par le comité directeur de l'établissement, c'est-à-dire le cas échéant par les parents eux-mêmes.

Les écoles libres doivent enseigner l'anglais, les mathématiques, les sciences et une forme d'instruction religieuse. Toutefois, elles ne sont pas obligées de suivre le programme national dans ces matières, pas plus que dans les autres sujets qu'elles enseignent.

Une école libre de Norwich restera ouverte six jours par semaine (elle fermera le dimanche) et pendant 51 semaines par an. D'autres écoles garderont les élèves en classe jusqu'à 17 h ou offriront des stages réguliers en fin de semaine.



Pour la rentrée 2011, ce sont donc 24 projets qui ont été validés, parmi plus de 300 dossiers déposés : huit ont été initiés par des groupes de parents, cinq par des professeurs, cinq autres par des organismes éducatifs et six sont des écoles existantes qui changent de modèle. En tout, l'investissement pour l'État avoisine les 150 millions d'euros. But affiché du gouvernement : fournir une meilleure éducation, prenant mieux en compte les besoins locaux, notamment dans les zones défavorisées. Mais pour certains syndicats enseignants, c'est là que le bât blesse. « Si vous regardez où les 24 établissements sont situés, comme l'a fait le Guardian, vous remarquerez qu'ils se trouvent en majorité dans des zones privilégiées, dénonce au Figaro la secrétaire générale d'ATL («Association of teachers and lecturers»), Mary Bousted. C'est donc une politique qui va utiliser l'argent public pour donner des privilèges à des parents déjà aisés, aux dépens des plus démunis ».




Les critiques s'inquiètent enfin du risque de dérives, notamment confessionnelles, des enseignements dispensés dans ces écoles. Le journal The Independent explique ainsi que parmi les écoles-test qui s'apprêtent à ouvrir leurs portes, cinq sont confessionnelles (deux juives, une sikhe, une hindoue et une anglicane). D'autres projets éducatifs font polémique, tel que celui rapporté par le Daily Telegraph d'une école de Manchester plaçant son enseignement sous le signe de «valeurs martiales», avec un encadrement confié à des militaires. Faisant fi des objections soulevées, le gouvernement est bien décidé à développer rapidement le concept : une seconde tranche d'écoles libres est déjà prévue pour l'an prochain. Parmi les projets retenus, The Independent relève le cas de Newark, au nord de Nottingham, qui enseignera la théorie créationniste dans le cadre du cours de religion, mais non de sciences. Le ministre de l'Éducation, Michael Gove, avait clairement déclaré que les projets d'école qui désirerait enseigner le créationnisme comme une science seraient refusés.

Les libéraux veulent plus d'écoles libres dans les zones défavorisées

Le vice-premier Ministre du gouvernement de coalition, le libéral Nick Clegg a déclaré que le programme des écoles libres était controversé et comportait des risques. Les membres du Parti libéral britannique avaient voté contre les écoles libres lors de leur conférence l'année passée.

Cette année, Nick Clegg affirme que «'il est certain que ces risques ont été atténués par les mesures prises par le gouvernement. M. Clegg désire que les établissements de prochaine tranche d'écoles libres se situent dans des banlieues défavorisées ou dans des zones où il existe une pénurie de places. Ceci afin de réduire la ségrégation actuelle qui sévit dans le système scolaire britannique.


Voir aussi

Écoles libres en Grande-Bretagne





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