Texte du Vandale sur la nature intrinsèquement conservatrice de l'éducation (on enseigne par définition les découvertes et la culture des « ancêtres ») :
« On me dit que la mission fondamentale de l’enseignant a changé, qu’il faut désormais un peu plus éduquer et et un peu moins instruire. Transmettre des savoirs, c’est devenu ringard, voire obscène : il faut socialiser, faire acquérir des compétences, communiquer, apprende à apprendre. L’École conçue comme lieu de vie… avec comme parrains Allègre-Meirieu et la FCPE.
J’avoue être perplexe. Faut-il au nom de la modernité introduire à l’école l’enseignement de la vie de tous les jours ? la pilule, internet, comment trouver un job d’été, le CAC 40 et la Tchéchénie, tout ce qu’on trouve dans les journaux ou au café du commerce ? Faut-il laisser la rumeur du monde envahir la classe, lors même qu’elle est déjà trop présente et qu’elle nuit à la concentration des élèves ? Faut-il au nom de la modernité adapter l’école à son environnement immédiat ? On voit déjà dans certains manuels de français de collège des exercices consistant à analyser une étiquette de bouteille de Coca-cola. Ailleurs on lit Stephen King ou on débat sans arguments sur le racisme. Au brevet des collèges, on doit rédiger une argumentation sur le thème « Persuadez votre mère d’acquérir un téléphone portable » (sujet 1999). On troque ainsi sans trop réfléchir une instruction reposant sur des fondements solides, une instruction capable d’accompagner chacun toute sa vie, une instruction donnant à réfléchir et structurant la pensée, pour des paillettes, de l’immédiat, de l’éphémère dont il ne restera rien, absolument rien, dans la tête du gamin une fois que la cloche aura retenti. À ce compte, arrêtons de recruter des professeurs à l’université et substituons aux cours en classe les débats de Delarue à la télé : ça coûtera moins cher au contribuable et puis, au moins, en regardant Delarue, on peut manger sans se fatiguer les neurones.
Le plus frappant, c’est que cette réforme, qu’on nous présente comme le comble de la modernité, a déjà été expérimentée et analysée sous d’autres cieux, il y a près d’un demi-siècle. Hannah Arendt décrit très bien dans La crise de l’éducation l’évolution qu’a connue le système américain dans la période récente, au cours de laquelle on a remplacé la transmission des savoirs par l’acquisition de « compétences ». Le remplacement de l’instruction par l’éducation, avec une grosse louchée de pédagogisme, les États-Unis le pratiquent depuis plus de 40 ans maintenant : ça donne des élèves sans doute très épanouis, et d’une dextérité étonnante pour manier la télécommande et le joystick. Mais aussi des individus illettrés, dont la seule fenêtre sur le monde est la banalité hertzienne quotidienne, des individus qui sont la proie facile des publicitaires et des politiques, des individus qui ne contesteront jamais le monde dans lequel ils sont, des individus qui n’auront jamais aucun sens critique. De parfaits consommateurs repliés sur leur tribu.
Cette défaite de la culture, Arendt l’explique par le fait qu’on s’est trompé sur la mission fondamentale de l’École : « En pratique, il faudrait bien comprendre que le rôle de l’école est d’apprendre aux enfants ce qu’est le monde, et non pas leur inculquer un art de vivre. Étant donné que le monde est vieux, toujours plus vieux qu’eux (les enfants), le fait d’apprendre est inévitablement tourné vers le passé, sans tenir compte de la proportion de notre vie qui sera consacrée au présent. »
Et quelques lignes auparavant : « il me semble que le conservatisme, pris au sens de conservation, est l’essence même de l’éducation, qui a toujours pour tâche d’entourer et de protéger quelque chose – l’enfant contre le monde, le monde contre l’enfant, l’ancien contre le nouveau. »
La mission fondamentale de l’École est de transmettre ce que les anciennes générations ont découvert, ce qu’elles ont pensé, la façon dont elles ont vécu. C’est la nature intrinsèque de l’Ecole que d’être tournée vers le passé et d’enseigner des choses vieilles, toujours plus vieilles que les enfants à qui elles s’adressent. L’objectif est de transmettre le témoin aux génération suivantes, en veillant à ce que le témoin ne tombe pas à terre, en veillant à ne pas rompre la chaîne de transmission qui lie le passé à l’avenir.
Deux principes en découlent. L’École ne peut pas être sous l’emprise continue des réformes, comme c’est le cas depuis 25 ans (une réforme tous les 2 ans en moyenne) : elle a besoin de stabilité. D’autre part, toutes les réformes de l’École qui visent à mettre l’École en phase avec la société au détriment de l’acquisition de connaissances sont destructrices de ce qui constitue l’essence même de l’École.
L’École est par essence ringarde. Elle doit même revendiquer et afficher sa ringardise. »
Source
« On me dit que la mission fondamentale de l’enseignant a changé, qu’il faut désormais un peu plus éduquer et et un peu moins instruire. Transmettre des savoirs, c’est devenu ringard, voire obscène : il faut socialiser, faire acquérir des compétences, communiquer, apprende à apprendre. L’École conçue comme lieu de vie… avec comme parrains Allègre-Meirieu et la FCPE.
J’avoue être perplexe. Faut-il au nom de la modernité introduire à l’école l’enseignement de la vie de tous les jours ? la pilule, internet, comment trouver un job d’été, le CAC 40 et la Tchéchénie, tout ce qu’on trouve dans les journaux ou au café du commerce ? Faut-il laisser la rumeur du monde envahir la classe, lors même qu’elle est déjà trop présente et qu’elle nuit à la concentration des élèves ? Faut-il au nom de la modernité adapter l’école à son environnement immédiat ? On voit déjà dans certains manuels de français de collège des exercices consistant à analyser une étiquette de bouteille de Coca-cola. Ailleurs on lit Stephen King ou on débat sans arguments sur le racisme. Au brevet des collèges, on doit rédiger une argumentation sur le thème « Persuadez votre mère d’acquérir un téléphone portable » (sujet 1999). On troque ainsi sans trop réfléchir une instruction reposant sur des fondements solides, une instruction capable d’accompagner chacun toute sa vie, une instruction donnant à réfléchir et structurant la pensée, pour des paillettes, de l’immédiat, de l’éphémère dont il ne restera rien, absolument rien, dans la tête du gamin une fois que la cloche aura retenti. À ce compte, arrêtons de recruter des professeurs à l’université et substituons aux cours en classe les débats de Delarue à la télé : ça coûtera moins cher au contribuable et puis, au moins, en regardant Delarue, on peut manger sans se fatiguer les neurones.
Le plus frappant, c’est que cette réforme, qu’on nous présente comme le comble de la modernité, a déjà été expérimentée et analysée sous d’autres cieux, il y a près d’un demi-siècle. Hannah Arendt décrit très bien dans La crise de l’éducation l’évolution qu’a connue le système américain dans la période récente, au cours de laquelle on a remplacé la transmission des savoirs par l’acquisition de « compétences ». Le remplacement de l’instruction par l’éducation, avec une grosse louchée de pédagogisme, les États-Unis le pratiquent depuis plus de 40 ans maintenant : ça donne des élèves sans doute très épanouis, et d’une dextérité étonnante pour manier la télécommande et le joystick. Mais aussi des individus illettrés, dont la seule fenêtre sur le monde est la banalité hertzienne quotidienne, des individus qui sont la proie facile des publicitaires et des politiques, des individus qui ne contesteront jamais le monde dans lequel ils sont, des individus qui n’auront jamais aucun sens critique. De parfaits consommateurs repliés sur leur tribu.
Cette défaite de la culture, Arendt l’explique par le fait qu’on s’est trompé sur la mission fondamentale de l’École : « En pratique, il faudrait bien comprendre que le rôle de l’école est d’apprendre aux enfants ce qu’est le monde, et non pas leur inculquer un art de vivre. Étant donné que le monde est vieux, toujours plus vieux qu’eux (les enfants), le fait d’apprendre est inévitablement tourné vers le passé, sans tenir compte de la proportion de notre vie qui sera consacrée au présent. »
Et quelques lignes auparavant : « il me semble que le conservatisme, pris au sens de conservation, est l’essence même de l’éducation, qui a toujours pour tâche d’entourer et de protéger quelque chose – l’enfant contre le monde, le monde contre l’enfant, l’ancien contre le nouveau. »
La mission fondamentale de l’École est de transmettre ce que les anciennes générations ont découvert, ce qu’elles ont pensé, la façon dont elles ont vécu. C’est la nature intrinsèque de l’Ecole que d’être tournée vers le passé et d’enseigner des choses vieilles, toujours plus vieilles que les enfants à qui elles s’adressent. L’objectif est de transmettre le témoin aux génération suivantes, en veillant à ce que le témoin ne tombe pas à terre, en veillant à ne pas rompre la chaîne de transmission qui lie le passé à l’avenir.
Deux principes en découlent. L’École ne peut pas être sous l’emprise continue des réformes, comme c’est le cas depuis 25 ans (une réforme tous les 2 ans en moyenne) : elle a besoin de stabilité. D’autre part, toutes les réformes de l’École qui visent à mettre l’École en phase avec la société au détriment de l’acquisition de connaissances sont destructrices de ce qui constitue l’essence même de l’École.
L’École est par essence ringarde. Elle doit même revendiquer et afficher sa ringardise. »
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1 commentaire:
Les idéologues du Monopole de l'éducation veulent faire table rase du passé car ils sont des RÉVOLUTIONNAIRES!
De l'Internationale:
'Du passé faisons table rase
(...)
Le monde va changer de base'
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