lundi 20 septembre 2010

Suisse — Le canton de Saint-Gall prend des mesures contre l'éducation à domicile

Alors que l'école à la maison est pratiquée par plus de deux millions de familles américaines, l'instruction à domicile ne concernerait qu'environ 350 enfants en Suisse. Pourtant, certains cantons, comme celui de St-Gall, adoptent des mesures restrictives contre cette forme d'enseignement.

Le tribunal administratif du canton de St-Gall a refusé fin août à une famille de dispenser un enseignement privé à ses enfants. Il n'existe pas de droit directement invocable permettant de suppléer à l'éducation en école publique ou privée, comme l'exigeait la famille requérante, qui éduquait à la maison deux filles en âge de scolarisation.

Selon la loi sur l'instruction publique du canton de St-Gall, seuls les détenteurs d'une autorisation d'enseignement en école privée peuvent dispenser des cours à la maison. Or, la famille requérante ne souhaitait pas fonder une école privée mais éduquer ses enfants par des cours privés à domicile.

Selon le tribunal administratif, le « homeschooling » pourrait notamment résulter en l'isolation sociale de l'enfant, pourtant cette crainte assez répandue est battue en brèche par les études effectuées notamment aux États-Unis.

La Suisse romande plus libérale

La situation est moins sévère dans les cantons de Berne, Argovie ou encore d'Appenzell Rhodes-Extérieures. Mais c'est la Suisse romande qui adopte la position la plus libérale vis-à-vis de l'éducation à la maison. Les familles désireuses de la pratiquer doivent en informer les autorités compétentes en matière d'instruction publique et leur soumettre des plans d'études.

Regula Bott, de Herisau (canton d'Argovie), dispense ainsi un enseignement privé à ses enfants, sans avoir de diplôme d'enseignement. Il y a deux ans, sa famille était encore établie dans le canton de Zurich. Mais celui-ci a interdit de fait l'enseignement à domicile comme alternative à l'instruction publique ou privée.

« L'État et quelques familles qui refusent toujours d'envoyer leurs enfants à l'école se sont maintenant engagés dans une épreuve de force », déclare Willi Villiger de l'association Éducation à domicile. Celui-ci redoute des situations similaires à celles qui prévalent en Allemagne, où les enfants sont conduits de force par la police à l'école.

L'enseignement public en cause

Un récent travail de mémoire sur le sujet, publié à la Haute école pédagogique de la Suisse centrale, évalue à environ 350 le nombre d'enfants qui suivent une instruction à domicile en Suisse. Selon M. Villiger, la tendance est à la hausse, mais elle est freinée par la pratique restrictive en matière d'autorisations à l'instruction à domicile.

L'éducation à la maison constituerait une alternative pour les familles qui ne peuvent pas s'offrir un enseignement en école privée, ainsi que pour les parents d'enfants surdoués ou handicapés. Le mécontentement avec l'enseignement prodigué dans les établissements publics en est une autre cause.




Soutenons les familles dans leurs combats juridiques (reçu fiscal pour tout don supérieur à 50 $)

2 commentaires:

Durandal a dit…

Dans le même ordre d'idée, il y a en Suisse une initiative pour stopper la persécution fiscale contre les familles qui gardent elles-mêmes leurs enfants :

http://www.initiative-familles.ch/

Sébas a dit…

Ce qui est bien en Suisse, c'est la diversité...

Un canton peut être pour une mesure, et l'autre canton à côté, contre.

Ce qui est encore plus incroyable de notre point de vue (où presque tout est décidé par un pouvoir 'central'), c'est que les référendums sont possibles, toujours au niveau cantonal, et même au niveau national.

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"Les Suisses ne considèrent pas comme pleinement démocratiques les pays où le peuple ne peut qu’élire des représentants et perd tout pouvoir de décision en dehors des élections.

Comme le peuple n’a pas le temps de prendre lui-même toutes les décisions politiques, il élit des représentants qui légifèrent et gouvernent. Ces représentants ne sont toutefois pas autorisés à confisquer le pouvoir. Le peuple conserve en effet la possibilité d’intervenir dans les affaires publiques en lançant des référendums (refuser une décision des élus) et des initiatives (proposer une modification de la législation): si le nombre requis de signatures est atteint, une votation populaire doit être organisée dont le résultat s’impose aux élus.

Concernant tous les problèmes de gouvernance, l’idéal serait -selon mon humble avis et celui de Jean-Luc Migue, auteur de: « On n’a pas les gouvernements qu’on mérite »- ceci:

« Référendums et initiatives populaires

• Lorsque les décisions gouvernementales sont soumises au scrutin majoritaire direct, chacun des citoyens vote sur chaque mesure dans un référendum distinct, sans considération des décisions à venir ultérieurement ou prises antérieurement. La démocratie directe retire aux politiciens les outils indispensables au maquignonnage (l’échange de votes) qu’ils pratiquent pour gagner les votes en régime de démocratie représentative. Le marché politique pipé qui caractérise notre régime perdrait une part de ses travers. Les initiatives populaires, où de simples citoyens prennent l’initiative de soumettre une proposition au vote, servent à faire obstacle à la domination des groupes organisés. La faible taille de l’État suisse peut illustrer le sens de cet impact.

•Cette argumentation explique en même temps l’hostilité des politiciens au principe du référendum et des initiatives populaires. À leurs yeux, l’homme de la rue est trop ignorant pour faire les bons choix. Chez nous, seuls les politiciens peuvent mettre en branle une consultation référendaire et, on le devine, ils le font rarement. La formule freine la puissance des groupes d’intérêt et renforce la voix des simples citoyens aux dépens de l’élite politique

• La thèse que défendent Romer et Rosenthal (1979) et le résultat qu’obtiennent la plupart des observateurs veulent que l’impact général du référendum soit favorable à l’efficacité des choix publics. Ces deux auteurs concluent qu’en effet les référendums ont plutôt tendance à freiner l’instinct de dépenser qui caractérise toutes les administrations. La Suisse et la Californie font l’objet de critique pour recourir systématiquement à la démocratie directe. Soulignons que le reproche émane des élites politiques et des médias qui s’en font les échos.

• Recall: La valeur du référendum et des initiatives populaires tient souvent à la menace qu’ils font planer sur la tête des politiciens qui se distancent un peu trop allègrement de l’électorat. »


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Tiré de:

« On n’a pas les gouvernements qu’on mérite »

Catégorie : Gestion et économie
Auteur : JEAN-LUC MIGUE
Date de parution : novembre 2007
Éditeur : CARTE BLANCHE