mardi 27 juillet 2010

Entretien avec Daniel Neuhaus, directeur du Bureau francophone de l’Association internationale des écoles chrétiennes

Entretien avec Daniel Neuhaus, directeur du Bureau francophone de l’Association internationale des écoles chrétiennes, association protestante et évangélique qui regroupe dans une centaine de pays avec plus de 5000 écoles membres, 70 000 enseignants et plus de 1,2 million d’élèves.

Comment est perçue l’ACSI par les autorités françaises ?

Daniel Neuhaus : Il faut le leur demander… (rire) ! En tant qu’association de Loi 1901, nous ne faisons pas de politique ni de prosélytisme, mais il va de soi que notre vision de l’éducation (Dieu au centre de l’école) est aux antipodes de celle de l’Education Nationale (Dieu hors de l’école) ! Les écoles évangéliques françaises profitent de la liberté d’enseigner en tant qu’établissements privés, mais ne sont pas, à ce jour, sous contrat d’association avec l’État.

[Le fait de ne pas être sous contrat signifie qu'elles sont nettement plus libres que les écoles québécoises du même genre, elles doivent enseigner un programme de base, mais pas un programme détaillé avec une pédagogie donnée comme au Québec, où le cours ECR est obligatoire et doit être enseigné de manière « neutre » partout même, avant la décision Loyola, dans les écoles qui ne se disent pas neutres ! La liberté des écoles françaises hors contrat a été remise en cause par la fermeture d'une école catholique à Bordeaux, l'affaire est portée devant les tribunaux.]

Lire l'entretien.





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1 commentaire:

Michel THYS a dit…

Je ne partage pas le point de vue de Monsieur Daniel NEUHAUS et souhaiterais lui proposer de lire le mien, exprimé en trois pages ci-dessous.
Son commentaire m’intéresserait vivement.
Je l’en remercie déjà.
Cordialement.
Michel THYS à Waterloo.

Sans vouloir simplifier ou réduire l’infinie complexité du psychisme humain, dont le phénomène religieux, à des « mécanismes » psycho-neuro-physio-génético-cognitivo-éducatifs (ouf !), n’est-il pas légitime de compléter son approche traditionnelle (philosophique, métaphysique, théologique, psychanalytique, anthropologique, sociologique …) par l’apport des neurosciences ?
Entendons-nous bien : les neurosciences ne prétendent évidemment pas démontrer l’inexistence de « Dieu » (par définition, aucune inexistence n’est démontrable).

Comment expliquer la fréquente persistance de la sensibilité religieuse et, à des degrés divers, l’anesthésie de l’esprit critique de certains croyants dès qu’il est question de croyance religieuse ?

A mes yeux, la foi ne résulte pas d’un choix vraiment libre, parce que l’ EMERGENCE de la liberté de croire ou de ne pas croire est généralement compromise, à des degrés divers. D’abord par l’imprégnation de l’éducation religieuse familiale précoce, forcément affective puisque fondée sur l’exemple et la confiance envers les parents (influence légitime mais unilatérale et communautariste).
Ensuite par l’influence d’un milieu éducatif croyant occultant toute alternative humaniste non aliénante. L’éducation coranique, exemple extrême, en témoigne hélas à 99,99 %, la soumission y étant totale.

Déjà en 1966, le psychologue-chanoine Antoine VERGOTE, alors professeur à l’Université catholique de Louvain, avait constaté (son successeur actuel Vassilis SAROGLOU le confirme) qu’en l’absence d’éducation religieuse, la foi n’apparaît pas spontanément, et aussi que la religiosité à l’âge adulte en dépend (et donc l’aptitude à imaginer un « Père » protecteur, substitutif et anthropomorphique.

Les neurosciences tendent, me semble-t-il, à confirmer l’imprégnation neuronale de la sensibilité et du sentiment religieux : des neurophysiologistes ont constaté que les hippocampes (centres de la mémoire explicite) sont encore immatures à l’âge de 2 ou 3 ans, mais que les amygdales (du cerveau émotionnel), elles, sont déjà capables de stocker des souvenirs inconscients, et donc les comportements religieux, puis les inquiétudes métaphysiques des parents, sans doute reproduits via les neurones-miroirs du cortex pariétal inférieur. L’IRM fonctionnelle suggère que le cerveau rationnel, le cortex préfrontal et donc aussi bien l’esprit critique que le libre arbitre ultérieurs s’en trouvent inconsciemment anesthésiés, à des degrés divers, indépendamment de l'intelligence et de l’intellect, du moins en matière de religion.

Dans cette optique, les conversions religieuses deviennent compréhensibles.
Je m’explique comme suit, par exemple, la conversion de Paul CLAUDEL, ancien croyant, en entendant le Magnificat de BACH à N-D de Paris. Tout se passe comme si, malgré sa brillante intelligence, l’environnement sensoriel (grandes orgues, odeur d’encens, décorum, …- avait provoqué un bouleversement d’hormones et de neurotransmetteurs, au niveau notamment de la sérotonine et de la dopamine, au point de faire disjoncter son cerveau rationnel au profit se son cerveau émotionnel. Ce n’est d’ailleurs pas surprenant lorsqu’on sait que les sensibilités poétique, musicale, religieuse, …, y ont des localisations voisines.

Pour que les libertés de conscience et de religion, et en particulier celle de croire ou de ne pas croire, deviennent plus effectives que symboliques, il faudrait donc, selon moi, s’orienter, à terme, vers un système éducatif pluraliste proposant à tous une information minimale, progressive, objective et non prosélyte à la fois sur les différentes options religieuses ET sur les options laïques actuellement occultées, l’humanisme laïque, la spiritualité laïque, etc.

Michel THYS à Waterloo
http://michel.thys.over-blog.org