mardi 4 mai 2010

L'immigration paiera-t-elle les retraites, enrichit-elle les pays d'accueil ?

Entrevue intéressante de Michèle Tribalat sur l'« immigration en France » dans le Devoir de lundi 3 mai.

Rien de bien neuf pour les lecteurs de ce carnet si ce n'est que le Devoir lui ouvre ses colonnes. Certains lecteurs du quotidien des intellectuels de Montréal ne peuvent donc s'empêcher de crier à la « xénophobie », au « racisme maquillé », à « l'extrême droite ». Même si Michèle Tribalat a écrit un livre contre le Front national, mais bon il ne faut pas trop en demander aux lecteurs bobos du Devoir, ils sont après tout cultivés et le fruit du Monopole de l'Éducation du Québec.

Que dit Michèle Tribalat ?

L'immigration étrangère est généralement présentée comme ayant un effet positif sur l'économie. Elle serait nécessaire pour favoriser la croissance, occuper les emplois dont les autochtones ne veulent plus, pallier le vieillissement, alléger la charge des inactifs et payer les retraites. Ces arguments sont devenus des postulats au nom desquels les organisations internationales et communautaires, les ONG, la plupart des médias font pression en faveur d'une libéralisation accrue de la politique migratoire. (Et au Québec d'une hausse constante de l'immigration, ce qui ne pourrait paradoxalement qu'empirer les choses en termes démographiques puisqu'il faudra importer encore plus d'immigrés quelques décennies plus tard pour maintenir le même taux d'actifs par rapport au nombre de retraités.)

L'économie et les bons sentiments marcheraient main dans la main. Du même coup, l'impact global, économique et humain de l'immigration n'est plus étudié puisque ses bienfaits seraient prouvés et indiscutables.

L'impact sur le peuplement des territoires, en particulier, n'est guère étudié, car il risque de révéler l'ampleur de bouleversements dont il faudrait bien finir par parler et qui pourraient conforter les réticences à la politique du fait accompli.

En outre, les études réalisées sur l'impact économique, en termes de production de richesses, de répartition, d'emploi et de finances publiques ne confortent pas le postulat français d'une contribution indispensable de l'immigration.

Instituts au Canada anglais disent de même

C'est en substance ce que des instituts du Canada anglais ont déjà écrit, mais nous ne pensons pas que le Devoir ait rapporté leurs études sur le sujet.

C'est ainsi que, selon le C.D. Howe Institute, l'immigration ne serait pas une solution miracle pour éviter une crise dans la vieillissement de la population active au pays. Selon le directeur exécutif de l'institut de recherche, les politiques économique et sociale ont considérablement augmenté le nombre d'immigrants au pays, mais cette immigration massive a eu peu d'effets sur l'ensemble de la structure démographique au pays. L'institut suggère d'autres mesures pour contrer le problème du vieillissement de la population active, dont :
  1. Reporter l'âge de la retraite prévue de 65 ans à 70 ans ;
  2. Relever le taux de fécondité des Canadiens ;
  3. Stimuler la productivité.
Quant à l'Institut Fraser, pour lui, l’immigration massive nuit au bien-être des Canadiens en général et les politiques d’immigration doivent être revues. L'institut souligne que les données officielles montrent que les immigrants récents gagnent un revenu substantiellement moins élevé que les personnes nées au Canada. Le système en place leur fournit des subventions à travers les taxes payées par ceux qui gagnent un revenu plus élevé. Le même rapport estime que les immigrants qui sont arrivés dans les douze années précédant 2002 ont imposé aux Canadiens un fardeau fiscal de 18,5 milliards $ en 2002 seulement.

Sur le plan démographique, l'étude rappelle qu’il faut actuellement cinq contribuables pour assumer le coût des prestations de retraite d’un récipiendaire au Canada et calcule que pour maintenir cette proportion, le nombre d’immigrants devrait augmenter à un point tel par rapport au niveau actuel que l’économie et la société canadienne ne pourraient pas les intégrer avec succès.

Immigrants peu qualifiés en Europe, qualifiés au Canada ?

Pour Mme Tribalat, les problèmes d'intégration sont accentués par le fait que les pays européens (contrairement au Canada) accueillent des immigrants souvent peu qualifiés. Michèle Tribalat poursuit dans le Devoir :
« Au Canada, vous n'acceptez que des immigrants qui ont de bons revenus ou des qualifications. Pour vous, l'effet sur les salaires est probablement positif puisqu'il permet de tirer vers le bas les plus hauts salaires et d'éviter les écarts trop grands. Cette immigration n'a probablement pas non plus d'effets négatifs sur les finances publiques. Les populations peu qualifiées qui immigrent en Europe ont un effet à la baisse sur les bas salaires. Ce qui accroît les inégalités. »
Cette prétendue différence avec le Canada explique sans doute le fait que le Devoir ait publié cette entrevue un peu iconoclaste.

S'il est vrai que le Canada maîtrise mieux ses flux migratoires que la France, il est faux de croire que tous les immigrés au Canada « ont de bons revenus ou des qualifications ».

Car seuls environ 40 à 54 %, selon les années, des immigrants au Canada appartiennent à la catégorie « économique », les autres étant des réfugiés ou faisant partie d'un regroupement familial, ces immigrants-là n'ont pas nécessairement des « bons revenus ou des qualifications ». C'est d'ailleurs souvent le contraire pour les réfugiés.

Hausse du taux de faible revenu chez les immigrants au Canada

En outre, les immigrants arrivés dans les années 1990 gagnent moins que ceux qui sont arrivés dans les années 1980. La hausse du taux de faible revenu dans les trois plus grandes villes du Canada, ainsi qu'en Ontario et en Colombie-Britannique, principalement celle survenue durant les années 1990 est concentrée en grande partie chez la population d'immigrants. Essentiellement, au cours des deux dernières décennies, le taux de faible revenu a baissé chez les Canadiens de naissance et augmenté chez les immigrants. (Statistiques Canada)

Les raisons invoquées (p. 29) pour expliquer ce déclin sont multiples :
  1. les immigrants récents ne proviennent plus principalement d'Europe et des États-Unis.

  2. Les antécédents professionnels de ces immigrés sont habituellement considérés d’une valeur inférieure par les employeurs canadiens.

  3. Les nouveaux immigrants pourraient provenir de pays d’origine où la qualité de l’enseignement est inférieure à celle offerte par les pays d’origine traditionnels et, par conséquent, le rendement des études pourrait baisser.

  4. Les « réseaux » auxquels ont accès les nouveaux immigrants pourraient s’être détériorés, particulièrement pour ceux de la catégorie économique, parce qu’ils possèdent moins de liens sur place au moment de leur arrivée.

  5. Le nombre grandissant de diplômés canadiens (le nombre de femmes titulaires d’un diplôme universitaire sur le marché du travail a quadruplé de 1980 à 2000, le nombre des hommes a doublé) sature le marché. En effet, les gains d’emploi médians des diplômés universitaires, particulièrement les jeunes diplômés, ont diminué au cours des deux dernières décennies. Les immigrants ayant atteint un niveau élevé de scolarité qui arrivent sur ce marché du travail saturé éprouvent des difficultés d'emploi liées à leur manque de contacts locaux et leur faible expérience locale.



Michèle Tribalat interrogée sur France 24





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3 commentaires:

Luc N a dit…

si l'immigration enrichissait, l'Ontario serait devenu de plus en plus riche puisqu'il reçoit la masse des immigrants, or il s'est appauvri depuis 30 ans.

http://www.vigile.net/Si-l-immigration-enrichissait-un

Dia a dit…

je vais froisser les susceptibilités canadienne là je le sens bien mais quand même, si des pays avec le poids historique, la puissance culturelle et démographique qu'avaient les principales nations européennes, Angleterre, Italie, France, etc, si ces pays dis-je n'ont JAMAIS pu assimiler, en trois génerations, leurs immigrés afro-musulmans, je me vois pas comment le Manitoba pourrait y arriver...

Il y a l'argument anti-colonialiste aussi qu'on entend encore ici ou là. Le Québec n'ayant pas d'histoire coloniale, il réussira là où toutes les nations européennes ont échoué. Les émeutes de Haitiens de Montréal-Nord exceptées ! bonne chance !

En vérité, s'il s'abandonne au délire philo-migratoire le Canada, en dépit d'un début tardif, sera probablement submergé AVANT ou en même temps que certaines nations européennes.

Ce que la science des démographes ne mesure pas c'est la haine que l'homme blanc suscite partout dans le monde. La haine mimétiaue de l'homme blanc. Les immigrés, certains d'entre-eux, peuvent n'être que des envahisseurs.

Herjulfr a dit…

L'argument anti-colonialiste ne tient pas. Les québécois ayant ce discours devraient regarder du côté de la Suède et de la Norvège, deux pays sans histoire coloniale africaine, qui peinent autant que la France à intégrer leurs immigrés.