vendredi 18 décembre 2009

Jean-François Lisée, trois questions aux promoteurs du cours ECR

Jean-François Lisée sur son carnet a trois questions à poser aux concepteurs du cours d'éthique et de culture religieuse :
Je suis avec intérêt le débat ouvert depuis une semaine, où devrions-nous dire relancé, sur la teneur du cours Éthique et culture religieuse que nos enfants vont suivre pendant l’intégralité de leur parcours primaire et secondaire.

Ayant lu les textes des uns et des autres, j’ai trois questions à poser aux promoteurs du cours :

1. Un des principaux concepteurs du cours, Georges Leroux, dans un texte fondateur, a écrit : « On doit surtout faire l’effort de concevoir une éducation où les droits qui légitiment la décision de la Cour suprême [sur le port du kirpan à l'école], tout autant que la culture religieuse qui en exprime la requête, sont compris de tous et font partie de leur conception de la vie en commun. »

Ma question : Si cette question devait être abordée pendant un des cours et que des élèves affirmaient, comme l’immense majorité de leurs parents, qu’ils sont en désaccord avec la décision de la Cour suprême de laisser les jeunes Sikhs porter un Kirpan à l’école, l’enseignant doit-il tenter de convaincre les élèves qu’ils ont tort et que la Cour a raison ?

2. M. Leroux écrit aussi que le programme « doit inculquer le respect absolu de toute position religieuse ».

Ma question: si dans un cours, un élève critique la religion catholique parce qu’elle ne permet aux femmes de devenir prêtres ou papes, ou met en cause l’absence de preuve scientifique démontrant la réalité de la réincarnation hindoue, ou soulève le fait qu’une stricte interprétation de la charia va à l’encontre des droits humains, ou encore si un élève se demande tout haut d’où vient la femme de Caïn, cela est-il réprimé par l’enseignant comme un manque de respect d’une position religieuse ?

3. Dans le Petit Guide ÉCR-101, écrit par le coordonnateur des équipes de rédaction du programme, Denis Watters, il est écrit que « l’enseignant doit intervenir immédiatement pour que cela cesse sur-le-champ » dans le cas où «un élève manifeste des gestes ou des paroles qui vont à l’encontre de la reconnaissance de l’autre».

Ma question: Jusqu’où cela va-t-il ? Un élève athée qui tient à affirmer clairement (notons que le cours se prolonge jusqu’en secondaire V) qu’il considère comme des sottises le changement de l’eau en vin doit-il cesser sur-le-champ de dire ce qu’il croît[sic] ? Un élève juif qui estime que le récit de l’arrivée du Christ (et de son exécution par des juifs) est une erreur historique grave, qui est la source de l’antisémitisme, doit-il taire son opinion, car ce serait une « atteinte en classe à la dignité de la personne ou au bien commun [qui] doit immédiatement être dénoncé parce qu’elle n’est pas tolérée dans notre société » (dixit Watters) ?

Un parent intéressé aimerait connaître les réponses.






Soutenons les familles dans leurs combats juridiques (reçu fiscal pour tout don supérieur à 50 $)

8 commentaires:

Julie-Anne a dit…

Citation interessante:

« J'ai appris il y a une dizaine d'années une expression que je ne connaissais pas: "la tolérance épistémique".

Cela fait un peu savant, mais cela veut simplement dire que lorsque l'on diffère d'avis avec quelqu'un d'autre, on peut néanmoins admettre que sa position est rationnelle, même si on ne la partage pas, et qu'elle est de ce fait digne de respect.»

Jean-Pierre Proulx

Il semble que cette tolérence et ce respect ne s'appliquent pas aux parents qui ne veulent pas du cours d'ÉCR. Comme si sans ce cours, les enfants seraient privés d'une bonne éducation!

Mes enfants apprennent a etre des bon citoyens honnetes, capables de dialoguer et de débattre et aussi de maintenir une position sans l'intervention de l'état. Merci de l'offre, mais non merci.

Le respect de la diversité repose sur le respect de la diversité éducative, sur laquelle repose la diversité elle-meme.

Sébas a dit…

Partie I

Eurêka !

Après les 'catholiques intégristes'(sic), les laïques du MLQ, les protestants, les orthodoxes, les chevaliers de colomb, les nationalistes et alouettes... voilà que des 'progressistes' se disent contre ce cours !
('À la gang', nous devons bien représenter 80% de la population ?!)

Je reproduis ici un texte d'une revue (À Bâbord!), qui se définit elle-même comme progressiste, de gauche, féministe, etc...

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Arguments contre une propagande*

« * Extraits d’un texte paru dans la revue À Babord! ( déc.2009 / janv.2010 ) dans un dossier spécial consacré à la laïcité.
(…)

Sophisme et propagande

Le biais relativiste du programme ECR saute aux yeux de professeurs de philosophie du collégial inquiets de devoir bientôt composer avec des étudiants habitués à penser que des actions doivent être jugée bonnes à la seule condition de correspondre aux pratiques en vigueur dans le groupe identitaire de celui qui commet l’action. Tous les manuels du collégial rejettent cette conception de l’éthique qui, à bien y penser, ne vaut guère mieux qu’un sophisme de type « appel au clan » ou « appel à la tradition ».

La charge idéologique du cours ECR n’a pas non plus échappé à l’attention de tribuns nationalistes ou d’historiens qui y voient un endoctrinement multiculturaliste visant à contrer les velléités identitaires des Québécois. Cependant le multiculturalisme, largement promu par les britanniques et dont nous avons hérité au Canada, peut aussi être vu comme un dispositif idéologique visant à préserver les prérogatives de la monarchie et de l’église anglicane de tout projet de réforme républicaine laïque à visée universaliste.

Si l’école a pour mission d’instruire en se gardant d’endoctriner, le programme ECR a tout faux; il n’enseigne rien de valable en éthique et fait le jeu de la politique partisane.

Un cours qui divise

Le programme ECR ne fait bien évidemment jamais explicitement référence au relativisme culturel, au multiculturalisme, au communautarisme ou à la « laïcité ouverte [aux religions] » mais l’invocation incessante de la notion de « différence » sous prétexte de reconnaissance de « l’autre » trahit ce parti pris idéologique.

D’ailleurs le mot « autre » est un terme allusif qui ne peut que créer de nombreux malentendus. Qui sont ces « autres » que nous devons reconnaître et apprécier sans jamais les nommer? N’est-il pas toujours indélicat de pointer du doigt les « différences » des « autres »? Les « non-autres », ne seront-ils pas bientôt exaspérés par cette valorisation excessive de la « différence » des « autres »?

Il faut s’inquiéter de la montée des discours xénophobes perceptibles dans certains blogs dédiés à la contestation du cours ECR et sur les ondes de radio populistes où on accuse déjà ouvertement les immigrants d’être à l’origine de l’implantation de ce nouveau cours obligatoire pour tous.

Les immigrants n'ont jamais réclamé un tel cours. Les néo-québécois n’affichent pas plus de ferveur religieuse que la moyenne des québécois (1) et ne se définissent donc pas nécessairement ni uniquement par leurs convictions religieuses. Les écrivains Neil Bissoundath, auteur du Marché aux illusions, et Amin Maalouf, auteur des Identités meutrières, ont dénoncé de manière intelligente et sensible ce piège qui condamne l’immigrant à ne jamais cesser d’être un « autre ».

Sébas a dit…

Partie II

«À une certaine époque les enfants non-catholiques ne pouvaient s’inscrire dans les écoles francophones de Montréal. Ce fut un premier rendez-vous raté de la société québécoise avec l’immigration. Le formatage au «pluralisme normatif» que subiront nos enfants aura un impact tout aussi néfaste. Les nouvelles générations ne sauront bientôt plus concevoir ni même désirer l’intégration citoyenne des québécois, toutes origines confondues, autour d’une norme commune, d’un contrat social commun.

Instrumentalisation de « l’autre »
Force est de constater que les immigrants ont été instrumentalisés par les concepteurs du programme qui, voulant « sauvegarder l’essentiel de la confessionnalité scolaire » (2) , tout en rencontrant les exigences d’équité prescrites par la Cour Suprême, ont eu intérêt à camoufler les contenus essentiellement catholiques derrière une myriade de contenus multiconfessionnels. Ainsi le prétexte de « la reconnaissance de l'autre » n'aura-t-il été qu’une caution permettant de consolider la présence du catholicisme traditionnel dans le système scolaire québécois.

De plus, les concepteurs du programme ECR voulant surtout éviter in extremis la fermeture définitive de quelques facultés de théologie (3) ne se seront pas trop inquiétés du sort réservé aux immigrants mis en porte-à-faux et par conséquent injustement exposés à la vindicte identitaire des « non-autres » les plus « crispés ».

Abolir le lobby religieux
Les responsables de ces « fins stratagèmes dignes de l’héritage des jésuites » (4) étaient déjà actifs dans l’ancien Comité catholique du Ministère de l’éducation. Depuis 2000, ils ont continué de servir au sein du Secrétariat aux affaires religieuses ( SAR) et du Comité sur les affaires religieuses (CAR). Ces deux entités veillent depuis au processus de déconfessionnalisation du système scolaire et sont considérées, selon le coordonnateur actuel du SAR, M. Roger Boisvert, comme les maîtres d’œuvre du nouveau programme d’Éthique et Culture religieuse (ECR).

Demander à un loup de compter les moutons n’aurait pas été plus bête car le SAR et le CAR, séquelles de l’ancien régime cléricaliste, constituent en réalité un lobby pro-religieux financé par les deniers publics et oeuvrant au sein du Ministère de l’Éducation. Les multiples aberrations du programme ECR ne sont donc que les symptômes d’un disfonctionnement structurel.

Il n’y aura pas de véritable laïcité scolaire tant que des gens capables d’imaginer de telles inepties idéologiques et disposant des pleins pouvoirs pour les faire appliquer jouiront d’un statu privilégié dans l’appareil ministériel. Voilà pourquoi le Mouvement laïque québécois préconise non seulement l’abolition du volet de culture religieuse du programme ECR mais aussi l’abolition totale et définitive du Secrétariat aux affaires religieuses et du Comité sur les affaires religieuses.»

Sébas a dit…

Partie III

Notes
(1) Paul Eid, La ferveur religieuse et les demandes d’accommodements religieux : une comparaison intergroupe, , CDPDJ, décembre 2007.

*******************************

P.s.

Ça vaut la peine de lire cette étude :

Extraits:

p.10
« Par exemple, d’après une enquête pan-canadienne effectuée par Reginald Bibby en 2000, il semblerait qu’environ 90% des Québécois de tradition catholique romaine, et 80% des Canadiens de tradition protestante, continuent à l’âge adulte à s’identifier, au moins nominalement, à la communauté religieuse à laquelle appartiennent leurs parents.»
Voir BIBBY (2004: 41).

p. 12
«Il importe d’abord de relativiser une telle prémisse en précisant qu’au Québec, la majorité des immigrants (67.2%) sont chrétiens. Seuls 25% des immigrants, et 36.5% des immigrants récents (1996-2001), adhèrent à une confession autre que chrétienne.»

p.14
«Ainsi, au recensement de 2001, les taux d’incroyance au Québec étaient de 8.1% chez les 15-24 ans, de 6.1% chez les 25-44 ans, de 4.3% chez les 45-64 ans, et de 2.4% chez les 65 ans et plus.» STATISTIQUE CANADA, op. cit., note 19.

Page 72-73
Pas forcément puisque, observe Noreau sur la base de ses données, les individus dits religieux
« sont par ailleurs moins disposés (39 %) que l’ensemble des répondants (47%) à affirmer s’être déjà trouvés confrontés à un conflit qui aurait pu les conduire à un recours devant les tribunaux. (…) [Ils] auraient ainsi moins tendance que d’autres répondants à interpréter leurs différends personnels en termes clairement conflictuels ou litigieux (39 %) » Ces résultats s’expliqueraient, selon l’auteur, par le fait que les « religieux » investissent le droit d’une grande autorité morale et symbolique, ce qui les rendrait peu portés à contester l’ordre établi, et ce, en dépit d’un décalage marqué entre leurs propres valeurs et celles consacrées par le droit. Autrement dit, bien que les « religieux » réunissent à plusieurs égards les conditions nécessaires à la contestation des normes publiques, notamment parce qu’ils s’inscrivent en faux avec plusieurs orientations libérales de l’ordre juridique dominant, ils sont toutefois moins portés à passer à l’acte que la majorité de leurs concitoyens, qui eux, selon la terminologie de Noreau, appartiennent à la catégorie des «relativistes» et des «pragmatiques ».

Tiré du document:
La ferveur religieuse et les demandes d’accommodement religieux: une comparaison intergroupe

http://www.cdpdj.qc.ca/fr/publications/docs/ferveur_religieuse_etude.pdf

Sébas a dit…

Partie I (manquante)

« Arguments contre une propagande*

*Extraits d’un texte paru dans la revue À Babord! ( déc.2009 / janv.2010 ) dans un dossier spécial consacré à la laïcité.
(…)

Sophisme et propagande

Le biais relativiste du programme ECR saute aux yeux de professeurs de philosophie du collégial inquiets de devoir bientôt composer avec des étudiants habitués à penser que des actions doivent être jugée bonnes à la seule condition de correspondre aux pratiques en vigueur dans le groupe identitaire de celui qui commet l’action. Tous les manuels du collégial rejettent cette conception de l’éthique qui, à bien y penser, ne vaut guère mieux qu’un sophisme de type « appel au clan » ou « appel à la tradition ».

La charge idéologique du cours ECR n’a pas non plus échappé à l’attention de tribuns nationalistes ou d’historiens qui y voient un endoctrinement multiculturaliste visant à contrer les velléités identitaires des Québécois. Cependant le multiculturalisme, largement promu par les britanniques et dont nous avons hérité au Canada, peut aussi être vu comme un dispositif idéologique visant à préserver les prérogatives de la monarchie et de l’église anglicane de tout projet de réforme républicaine laïque à visée universaliste.

Si l’école a pour mission d’instruire en se gardant d’endoctriner, le programme ECR a tout faux; il n’enseigne rien de valable en éthique et fait le jeu de la politique partisane.

Un cours qui divise

Le programme ECR ne fait bien évidemment jamais explicitement référence au relativisme culturel, au multiculturalisme, au communautarisme ou à la « laïcité ouverte [aux religions] » mais l’invocation incessante de la notion de « différence » sous prétexte de reconnaissance de « l’autre » trahit ce parti pris idéologique.

D’ailleurs le mot « autre » est un terme allusif qui ne peut que créer de nombreux malentendus. Qui sont ces « autres » que nous devons reconnaître et apprécier sans jamais les nommer? N’est-il pas toujours indélicat de pointer du doigt les « différences » des « autres »? Les « non-autres », ne seront-ils pas bientôt exaspérés par cette valorisation excessive de la « différence » des « autres »?

Il faut s’inquiéter de la montée des discours xénophobes perceptibles dans certains blogs dédiés à la contestation du cours ECR et sur les ondes de radio populistes où on accuse déjà ouvertement les immigrants d’être à l’origine de l’implantation de ce nouveau cours obligatoire pour tous.

Les immigrants n'ont jamais réclamé un tel cours. Les néo-québécois n’affichent pas plus de ferveur religieuse que la moyenne des québécois (1) et ne se définissent donc pas nécessairement ni uniquement par leurs convictions religieuses. Les écrivains Neil Bissoundath, auteur du Marché aux illusions, et Amin Maalouf, auteur des Identités meutrières, ont dénoncé de manière intelligente et sensible ce piège qui condamne l’immigrant à ne jamais cesser d’être un « autre ».

*

Voir ci-dessus pour la partie II et III

Roger Girard a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Sébas a dit…

Je pense me partir un blogue qui pourrait s'intituler:

"Mes commentaires censurés sur les blogues Québécois..."

Et vous êtes le pire, RICHARD(?) !


Oui je sais, c'est VOTRE blogue...

Et même si je suis un fervent chrétien et que vous l'êtes aussi... je ne voudrais JAMAIS vivre sous un régime chrétien... comme le Qc a connu... justement parce que je trouve que la censure(de propos non haineux, mais véridiques?) est LA PIRE CHOSE AU MONDE.

A bon entendeur, s'lut

Et Joyeux Noël et que L'ESPRIT SAINT VOUS ÉCLAIRE
;-)

Sébas a dit…

Ah ben !

Allez-vous afficher tous mes autres messages censurer ?