dimanche 29 août 2010

Un Québec de plus en plus divers, est-ce vraiment une bonne chose ?

Madame Courchesne nous répète à l'envi que le nouveau cours d'Éthique et de culture religieuse (et on soupçonne le nouveau cours d'histoire tout aussi empreint d'un affligeant correctivisme politique) est nécessaire dans un Québec de plus en plus divers.

Mais cette diversité grandissante à vue d'œil dont l'État québécois se fait le promoteur — rappelons l'augmentation prévue du nombre annuel d'immigrants de plus en plus divers — est-elle une bonne chose ?

Pas selon Pierre-André Taguieff dans son dernier ouvrage qui sera publié chez Odile Jacob en août 2008. Nous publions ci-dessous quelques paragraphes de ce livre.
« La Grande-Bretagne, les Pays-Bas et le Canada sont parmi les pays occidentaux les plus touchés par une islamisation fondamentaliste intense. Le multiculturalisme modéré existant en Grande-Bretagne a été défini en 1966, non sans un certain angélisme, par Roy Jenkins, alors secrétaire du Home Office, comme « la diversité culturelle, couplée à l'égalité des chances, dans une atmosphère de tolérance mutuelle ». Après les attentats islamistes de Londres (juillet 2005), les Britanniques ont à leur tour pris conscience des dangers présentés par le multiculturalisme à l'époque du terrorisme djihadiste planétaire. L'angélisme différentialiste ne devrait plus être à l'ordre du jour en Grande-Bretagne. Dans une étude d'une exceptionnelle lucidité, « Atmosphère suffocante dans le Londonistan », publiée en juin 2006, le politologue Ernst Hillebrand montre non seulement que le multiculturalisme britannique a totalement échoué, mais encore qu'il a favorisé l'emprise islamiste sur les musulmans vivant en Grande-Bretagne. Le constat est saisissant :

« 40 % des musulmans vivant en Grande-Bretagne souhaitent l'application de la Chari'a dans certaines parties du pays. 32 % pensent que les musulmans devraient s'engager pour mettre fin à la civilisation occidentale, “décadente et amorale”. 20 % disent comprendre les motivations des responsables des attentats du métro de Londres le 7 juillet 2005. Dans le même temps, seuls 17 % des non-musulmans pensent que musulmans et non-musulmans peuvent vivrent ensemble pacifiquement de façon durable. Et un quart de l'électorat peut s'imaginer votant un jour pour un parti d'extrême droite ; bienvenue en Grande-Bretagne, dans une société qualifiée par le British Council de “riche d'une grande diversité, ouverte, multiculturelle”. Alors que les autorités persistent à diffuser des messages glorieux, les attentats de Londres ont crûment révélé une réalité qui n'avait pu échapper, auparavant déjà, à tout observateur attentif : le vaste échec du multiculturalisme britannique, du moins en ce qui concerne l'intégration des musulmans. »



Le thème de la courtepointe est récurrent dans les manuels CEC du primaire. Selon les auteurs, « des morceaux de courtepointe [parsemés dans le texte des manuels] nous rappellent que la diversité permet de faire un tout harmonieux »

Les défenseurs d'un multiculturalisme institutionnel, lorsqu'ils professent un relativisme culturel radical, sont le plus souvent des ennemis déclarés de l'Occident, dénoncé comme incarnation d'un judéo-christianisme qui, par son intolérance et son « impérialisme », serait une machine à détruire les « cultures ». Comme l'a justement remarqué Élie Barnavi, « le multiculturalisme est un leurre », qui continue cependant de séduire nombre d'intellectuels et d'homme politiques en Europe.

[...]

Dès lors, toute critique du projet multicommunautariste est soupçonnée d'exprimer une vision raciste, alors même que le multiculturalisme, quelles que soient les bonnes intentions de ses partisans, ressemble fort à ce monstre que serait un « multiracisme ». Les illusions pseudo-antiracistes suscitées par cette absolutisation de la différence culturelle et ce culte de la diversité culturelle en dissimulent mal les effets pervers : la fragmentation conflictuelle de l'espace public, l'ethno-racialisation des rapports sociaux, l'individualisation négative, la généralisation normative des ségrégations, l'accroissement de la défiance entre les groupes séparés et, pour finir, la destruction de la vie civique, mettant en danger le régime démocratique.

Cette pathologie sociale peut être analysée sur la base du modèle d'intelligibilité construit par Robert Putnam dans les années 1990 et mis à l'épreuve au cours des années 2000, selon lequel le « capital social », soit « les réseaux qui relient entre eux les membres d'une société et les normes de réciprocité et de confiance qui en découlent » , tend à décliner lorsque s'accroît la diversité ethnique et culturelle. Putnam a étudié ce qu'il appelle la « diversité ethnique  » aux États-Unis en référence aux quatre groupes retenus par le recensement nord-américain : les Hispaniques, les Blancs non-hispaniques, les Noirs non-hispaniques et les Asiatiques. Ces catégories dites « ethniques » ou « raciales » sont en fait tout autant culturelles. Dans un article retentissant publié en juin 2007, le sociologue et politiste en arrive à formuler un certain nombre de conclusions inattendues de la part d'un « progressiste », et qu'on peut réduire à quatre thèses :
  1. Plus la diversité ethnique grandit, plus la confiance entre les individus s'affaiblit ;
  2. dans les communautés les plus diversifiées, les individus ont moins confiance en leurs voisins ;
  3. dans ces mêmes communautés, non seulement la confiance inter-ethnique est plus faible qu'ailleurs, mais la confiance intra-ethnique l'est aussi ;
  4. la diversité ethnique conduit à l'anomie et à l'isolement social.
Il va de soi que de telles conclusions, établies à partir d'une enquête conduite d'une manière exemplairement scientifique sur un échantillon d'environ 30 000 individus, ne peuvent qu'affoler les adeptes du « politiquement correct » en matière d'immigration (célébrée comme une « richesse ») et les partisans du multiculturalisme (présentée comme la voie unique vers le nouvel avenir radieux).

[...]

Il reste à étudier d'une façon comparative d'autres sociétés démocratiques travaillées par les effets négatifs d'un excès de diversité interne, qu'il s'agisse des Pays-Bas, de la Belgique, des pays scandinaves, de l'Allemagne ou de la Grande-Bretagne, sans oublier certains pays d'Europe méditerranéenne. L'horizon ainsi dessiné est plutôt sombre : si les thèses de Putnam sont fondées, universalisables et ainsi dotées d'une valeur prévisionnelle, alors le surgissement de sociétés multi-raciales et multiculturelles que favorise l'ouverture démocratique aura pour conséquences majeures le déclin de l'engagement civique et le délitement du lien social, remplacé par la défiance ou l'indifférence. Trop de diversité, en provoquant l'érosion de la confiance, tuerait la tolérance et ruinerait la solidarité sociale comme l'esprit civique. Dès lors, l'offre islamiste, centrée sur l'identité et la solidarité de groupe, deviendrait particulièrement attractive aux yeux des « communautés » diverses de culture musulmane. C'est dans ce contexte convulsif qui s'annonce, à l'heure du Djihad mondial, que les réseaux islamistes risquent de prendre leur essor en tout territoire situé hors de la « demeure de l'islam » (dar al-islam). »

Ces paragraphes sont extraits du livre de Pierre-André Taguieff, La Judéophobie des Modernes. Des Lumières au Jihad mondial, Paris, Odile Jacob, 2008.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Il est important de ne pas confondre deux problèmes à mon avis fort distincts; l'immigration en soi et les politiques d'accueil/intégration des immigrants. Le multiculturalisme, on le sait, est une politique d'accueil qui divise et confine les immigrants dans leur groupe indentitaire.
Le programme ECR est obsédé par la diversité ( v. p. 61), ne veut voir que la diversité au point ou aucun thème rassembleur universel valable pour l'ensemble de l'humanité n'est proposé dans le libellé du programme. Les sociétés d'accueil ainsi que les immigrants partagent en tant qu'êtres humains les principes fondamentaux sur lesquels les sociétés démocratiques ont été construites. Un programme d'instruction en éthique aurait pu et aurait dû insister non pas sur les différences mais au contraire sur nos ressemblances à tous en tant qu'humain. De cette manière l'immigration ne serait plus perçue comme un probléme en soi mais comme un fait de société qui n'est pas nécessairement mauvais ou menaçant puisque qu'on serait à même de constater qu'une large majorité des immigrants reconnaissent et veulent préserver ces principes démocratiques.
N'est-ce pas ce que plusieurs sont venus dire à la commission B-T? Une bonne partie de ces immigrants ne sont-ils pas venus au Québec précisément pour accéder à plus de démocratie et de liberté que dans leurs pays d'origine. Pourquoi voudraient-ils reproduire ce qu'ils ont quitté?
Maintenant ma grande crainte est de voir de plus en plus la confusion s'installer entre le phénomène d'immigration en soi et la promotion du multiculturalisme. Il ne faut pas confondre les deux car plusieurs immigrants ( surtout les jeunes de deuxième, troisième génération...) ne souhaitent pas vivre dans une société multiculturaliste, ils veulent au contraire jouer leur rôle de citoyen à part entière sans être renvoyés de force à un groupe indentitaire. Neil Bissoundath et Amin Maalouf sont sans doute les auteurs qui ont le mieux dénoncé le piège multiculturaliste ou communautariste qui est tendu aux immigrants.
Le cours ECR, et nous avons tous raison de nous en inquiéter,non-immigrants et immigrants, endoctrine nos enfants à l'idéologie multiculturaliste qui a cette double tare; les immigrants se sentent constamment rejetés du fait que l'on ne cesse de pointer leurs "différences" et les non-immigrants, de plus en plus irrités par cette valorisation obsessive de la différence, développeront rapidement une intolérance envers les immigrants. ( Intolérance de plus en plus perceptible déjà dans ce blog...)
Les immigrants n'ont jamais réclamé qu'un tel cours soit mis en place. Les immigrants ont plutôt été instrumentalisés par les concepteurs du programme qui, voulant la prépondérance d'un contenu "culturel" chrétien, devaient, pour ne pas contrevenir au principe d'équité, camoufler ce contenu chrétien derrière une miriade de contenus multiconfessionnels. Ainsi le prétexte de l'ouverture à l'autre n'a-t-il servi que le statu quo ( maintien de l'enseignement chrétien qui,vous l'avez déjà démontré par ailleurs, fait avant-tout l'affaire des facultés de théologie), mettant l'immigrant en porte-à-faux injustement exposé à la vindicte indentitaire des québécois. Je suis très inquiète de la montée du discours xénophobe de plus en plus observable dans ce blog.
La nature-même du programme ECR laissait présager ce type de dérapage. Il faut donc continuer de dénoncer le cours avec virulence précisément parce qu'il induit par ses présupposés idéologiques pro-multiculturalisme,des réflexes de méfiance et d'intolérance entre les divers groupes culturels au lieu de rapprocher les individus malgré ces quelques différences. Il faut dénoncer le cours ECR certes, mais de grâce, évitons ce dérapage lamentable qui consisterait à désormais dénoncer plutô l'immigration!!!
MMP

Dia a dit…

"Les sociétés d'accueil ainsi que les immigrants partagent en tant qu'êtres humains les principes fondamentaux sur lesquels les sociétés démocratiques ont été construites."

misérables commentaire où se peut lire toute la nulle nullité d'un téléspectateur moderne.

- totale ignorance du fait "charnel" des solidarités (famille, clan)

- déni de réel et optimisme congénital ("les immigrants partagent...")

- psittacisme et crétinerie politique limitant l'identité occidentale à la seule liberale-démocratie (historiquement par exemple la religion chrétienne a beaucoup plus façonné nos société que la trés jeune démocratie).

- absolutisation béate de la démocratie bourgeoise c'est-à-dire - quel hasard - du régime actuel

- etc

Ce genre de curetaille laïque ça parle tout le temps de "valeurs", d'être humain, de principes, etc mais ne comptez pas sur eux pour affronter la simple exigence de vérité (démographique ou criminologique : partout où elle a été mise en oeuvre l'immigration d'origine africaine a englouti ou est en voie de faire disparaître les sociétés.

Puisqu'on lit ici également la promotion universelle du démocratisme capitalisme ("...partagent en tant qu'êtres humains les principes fondamentaux"), je suppose que c'est au nom de pareils guimauves écervelées que l'on écrase - mais c'est pour leur bien hein ! - les peuples qui NE veulent toujours PAS disparaître.

on tient une championne là, pas moins.

"Je suis très inquiète de la montée du discours xénophobe de plus en plus observable dans ce blog. (...) évitons ce dérapage lamentable qui consisterait à désormais dénoncer plutôt l'immigration!!!"

"dérapage, discours xénophobe..." SIC !

écoutez-vous : vous regardez trop la télévision et vous ânonnez les mot d'ordre du poliquement correct avec la même grandiloquence et la même sottise. Essayez d'utiliser votre propre cerveaux, vos propres mots. Essayez !