mardi 17 décembre 2019

L’anglicisation de la jeunesse québécoise assombrit l’avenir du français

Extrait d’un article de Pierre Fortin dans l’Actualité. Nous trouvons que ses solutions sont peu précises et manquent de mordant. Il ne s’agit pas uniquement de « franciser » (en réalité simplement apprendre le français, car connaître une langue ne signifie pas s’y identifier), il faut rendre le français plus utile en éliminant les possibilités de s’adresser en anglais au gouvernement québécois ou de suivre des études (cégeps par exemple) dans cette langue. Pour ne rien dire d’une immigration limitée, plus francophone et d'une aide réelle à la natalité.

Partout au Canada, depuis 25 ans, le poids de la langue française est en baisse, et pas à peu près. Pour déterminer la préférence linguistique d’une personne, il faut savoir si elle s’exprime habituellement en français, en anglais ou dans une autre langue lorsqu’elle est vraiment libre de son choix. À cette fin, le recensement du Canada demande à chaque répondant quelle langue il parle « le plus souvent à la maison ». On lui fait ensuite indiquer s’il parle « régulièrement d’autres langues à la maison ». Cela permet de voir si une personne qui s’exprime le plus souvent dans une langue tierce penche vers l’une ou l’autre des deux langues officielles.

Ce sont les réponses à ces deux questions qui nous disent que la préférence pour le français a nettement diminué depuis un quart de siècle. Le tableau résume le glissement observé en concentrant l’attention sur la génération des 25 à 34 ans, habituellement messagère de l’avenir. Au Québec comme au Nouveau-Brunswick, le pourcentage de ces jeunes adultes qui parlent le plus souvent ou régulièrement français à la maison a baissé d’environ quatre points en 25 ans. Au Québec, il est passé de 85,5 % en 1991 à 81,8 % en 2016 ; au Nouveau-Brunswick, de 31,7 % à 27,3 %. Dans l’ensemble des huit autres provinces, le poids démographique des jeunes francophones de 25 à 34 ans, déjà minuscule à 1,9 % en 1991, est descendu à 1,3 % en 2016.

Dans ces trois régions, la régression du français a eu comme contrepartie une progression de l’anglais. Au Québec, par exemple, le poids démographique des jeunes de 25 à 34 ans qui parlent le plus souvent ou régulièrement anglais a gagné trois points, se hissant de 11,6 % en 1991 à 14,7 % en 2016.
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Depuis 1945, la mondialisation des échanges a consacré la domination de l’anglais comme langue internationale. Le Canada français n’y a pas échappé. Au Québec, la préférence pour le français est en recul en dépit des deux remparts de protection qu’on a instaurés au cours des 50 dernières années. D’une part, les ententes conclues avec le fédéral depuis 1971 ont permis d’accorder une importance accrue à la connaissance du français dans la sélection des immigrants. D’autre part, la loi 101 de 1977 a imposé la scolarisation obligatoire en français aux jeunes immigrants. Les données du tableau montrent que ces mesures n’ont pas suffi. Elles n’ont pas empêché les Québécois nés au milieu des années 1980 d’être moins portés à s’exprimer librement en français que leurs prédécesseurs nés au début des années 1960.

Le déclin du français risque même de s’accélérer. La langue est un bien public dont la valeur dépend du nombre de personnes qui l’utilisent. Si le français voit son poids démographique continuer à diminuer, il perdra encore plus de valeur et un nombre encore plus élevé de Québécois s’en détourneront. Autrement dit, plus le français déclinera, plus cette chute sera rapide.

Que faire ? Il faut éviter les attitudes extrêmes : le déni du « tout va très bien, madame la marquise » ou le découragement du « nous sommes condamnés à disparaître ». Mieux vaut prendre le problème à bras le corps. L’investissement maintenant prévu par le gouvernement du Québec en matière d’immigration doit ajouter de façon appréciable à l’effort de francisation. Le gouvernement reconnaît par là que le glissement de la langue française est réel, mais il manifeste son espoir de pouvoir stabiliser les choses. Sa détermination nous amène au moins à mettre en place des solutions du côté de l’offre.

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