lundi 23 avril 2018

Éducation à la sexualité — les professeurs et syndicat hésitants auraient raison

Selon Réjean Parent dans le Journal de Québec,

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Les syndicats et leurs représentants ont souvent le mauvais rôle, car ils sont appelés régulièrement à réagir aux décisions des autorités, que ce soit celles des employeurs ou des gouvernements. C’est encore plus vrai quand ils ne sont pas associés aux décisions des dites autorités dans un processus de consultation et qu’ils sont confrontés à l’autoritarisme de ces dernières. C’est ainsi qu’on leur accole la réputation d’empêcheur de tourner en rond et de continuellement chercher à faire obstacle aux projets de l’employeur ou du gouvernement, comme dans le cas ci-dessus mentionné. Pourtant la FSE est d’accord pour que soit instauré un tel programme d’éducation à la sexualité, mais elle considère que les conditions pour le mettre en œuvre immédiatement ne sont pas réunies.

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Il me semble que les débats qui ont entouré la question chez nos voisins ontariens devraient inciter à une certaine prudence et faire en sorte que le ministre s’assure de conditions optimales pour l’implantation. Cela, c’est sans compter que l’école est un fourre-tout depuis belle lurette et qu’il y a des limites à ce qu’on peut demander au personnel sans les délester d’autres responsabilités. Après tout, il suffit d’une seule goutte d’eau pour faire déborder le verre.

Le premier responsable de cette résistance des enseignants s’avère le ministre qui fait la sourde oreille aux demandes de rencontres et à la convocation du comité de travail. Occupé à soigner les apparences et à avoir l’air d’agir, le ministre annonce la mise en place de ce programme, sans trop se soucier de la qualité d’exécution, à seule fin de pouvoir faire un crochet supplémentaire dans sa liste d’accomplissements qui nourrira sa campagne électorale. Comme d’habitude, le ministère mettra un peu plus de pression sur les enseignants et pourra même leur imputer les torts d’un échec éventuel. C’est le genre de ritournelle qui ressemble à celle servie sur les échecs de la réforme de 97.

Il va de soi pour beaucoup de monde que l’éducation à la sexualité est une nécessité, cependant il n’est pas certain pour plusieurs personnes qu’elle doit se donner à l’école. En plus de devoir éventuellement gérer des cas d’abus sexuels qui pourraient être révélés par un de leurs élèves, les enseignants seront également confrontés aux résistances et aux interrogations de nombreux parents sur la teneur du programme et leur façon de le dispenser. On comprend rapidement que les enseignants doivent avoir la formation conséquente, le matériel nécessaire et les ressources d’accompagnement pour apaiser les appréhensions de certains parents et pour soutenir des élèves en souffrance.


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Certains parents voulaient connaître les valeurs sur lesquelles se fondait mon enseignement de la morale et j’étais seul à en répondre. J’imagine qu’avec la question délicate de la sexualité, le questionnement sera encore plus insistant et nécessitera des enseignants bien formés pour éviter que l’aventure se transforme en fiasco.


[Note du carnet : si tant est qu’une même réponse d’un « enseignant bien formé » puisse satisfaire tous les parents, la meilleure solution est de donner le plus de liberté aux écoles pour qu’elles enseignent cette éducation à la sexualité d’une façon qui satisfasse leur clientèle. Pour être clair, laisser les écoles catholiques ou protestantes décider de la manière d’inscrire ce programme dans leur tradition confessionnelle.]

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