mardi 28 février 2017

« Grève » du printemps érable : une association étudiante condamnée à indemniser un étudiant

Cinq ans après le printemps érable de 2012, une association étudiante de Montréal a été condamnée à verser plusieurs milliers de dollars à un cégépien pour l’avoir empêché de suivre ses cours pendant cette période tumultueuse.

Antoine Michaudville, ex-élève à la technique en assainissement des eaux, a obtenu un dédommagement de 6500 $ pour compenser le « retard dans son cheminement professionnel » causé par le débrayage de plusieurs mois au cégep de Saint-Laurent.

C’est l’association étudiante qui a été jugée responsable et qui a dû éponger la facture.

L’association « a appelé ses membres à rejoindre le mouvement et à manifester. Elle ne pouvait exercer son droit à la liberté d’expression au détriment du droit de Michaudville de recevoir les cours auxquels il était inscrit », a écrit la juge Magali Lewis, de la Cour du Québec, dans une décision des petites créances rendue l’automne dernier, mais qui vient de faire surface. « En agissant comme elle l’a fait, elle a engagé sa responsabilité et doit assumer les dommages ainsi occasionnés. »

M. Michaudville a fait la preuve que la grève a retardé de cinq mois l’obtention de son statut de technicien au sein de l’usine de traitement des eaux qui l’a embauché : de mai à octobre 2012, il était « payé au taux horaire de 16,60 $ comme étudiant, plutôt que 25,54 $ s’il avait travaillé comme opérateur ». C’est cette perte que l’association étudiante a dû rembourser, en plus de 1000 $ pour « troubles et inconvénients ».

Une injonction


M. Michaudville avait obtenu une injonction en avril 2012 afin de forcer le cégep à lui donner ses cours. Après une courte trêve, des membres de l’Association étudiante du cégep de Saint-Laurent (AECSL) ont toutefois continué à empêcher leur tenue, en bloquant les portes de l’établissement et en perturbant les séances.

Mais même sans injonction, les militants de l’AECSL commettaient une faute qui ouvrait la porte à des poursuites lorsqu’ils bloquaient les portes du cégep, a déterminé la juge Lewis.

« L’Association n’avait pas le pouvoir de déclencher une grève, non plus que celui d’obliger ses membres à respecter un “vote de grève”, ni de manifester en utilisant des mesures d’intimidation et en empêchant les étudiants désireux de suivre leurs cours de le faire dans un climat propice. »

La loi « ne contient aucune disposition permettant à une association étudiante de forcer un étudiant à boycotter ses cours contre son gré », a ajouté la juge.

Délai écoulé

Il n’a pas été possible de savoir si l’AECSL avait effectivement remis les 6500 $ à M. Michaudville. La personne qui a répondu au téléphone dans les locaux de l’association étudiante a indiqué qu’une réunion devrait être tenue avant afin que l’organisation puisse décider si elle souhaite discuter avec La Presse. Un procès-verbal d’une assemblée générale de l’automne dernier indique toutefois que la dépense a été approuvée.

Antoine Michaudville n’a pas voulu commenter le jugement.

En entrevue avec La Presse, l’avocat qui le représentait pour sa demande d’injonction en 2012 a toutefois mis en garde les étudiants qui voudraient lancer des poursuites contre leur association cinq ans plus tard.

« Ce serait très difficile actuellement, vu que le délai de prescription applicable est de trois ans et que les événements se sont déroulés en 2012 », a expliqué Me Damien Pellerin, qui ne s’exprimait pas au nom de M. Michaudville. « Il faudrait que les poursuites soient déjà lancées. »



D’AUTRES VICTOIRES JUDICIAIRES DES « CARRÉS VERTS »

Scolarité remboursée

En 2013, l’étudiant en histoire Marc-Antoine Dumas, de l’Université Laval, a réussi à convaincre un juge des petites créances d’obliger son association étudiante à lui rembourser ses droits de scolarité pour sa session perdue au printemps 2012. « Il reproche essentiellement à l’Association d’avoir organisé et coordonné des lignes étanches de piquetage, de telle sorte que les salles de cours étaient inaccessibles, donc d’avoir posé des gestes illégaux, brimant ainsi son droit à assister aux cours », a relaté le juge Daniel Bourgeois. Or, la loi « ne contient aucune disposition permettant à une association étudiante de forcer un étudiant à boycotter ses cours contre son gré ». Résultat : un dédommagement de 1300 $.

Injonctions à profusion

Après quelques semaines de débrayage, en 2012, les injonctions forçant les établissements à reprendre leurs cours se sont mises à pleuvoir au Québec. Parmi les premières : celle visant le Collège d’Alma, à la fin du mois de mars. Les associations étudiantes et au moins un syndicat de professeurs avaient rapidement dénoncé la « judiciarisation » du conflit. « Nous entendons reprendre les cours. On va se conformer à l’ordonnance, évidemment », avait expliqué à l’époque Bernard Côté, directeur général. Les activités normales n’avaient toutefois pas pu reprendre au lendemain de la décision, le piquetage se poursuivant malgré l’injonction interlocutoire de la Cour.

Nadeau-Dubois coupable, avant d’être innocenté

« Je crois qu’il est tout à fait légitime pour les étudiants de prendre les moyens de respecter le choix démocratique qui a été fait d’aller en [sic, de faire] grève. » C’est cette phrase qui a valu à Gabriel Nadeau-Dubois de se rendre jusqu’en Cour suprême afin que la justice détermine s’il avait commis un outrage au tribunal en la prononçant, en mai 2012, sur les ondes de RDI. Le 1er novembre 2012, ses opposants ont gagné une manche importante : le leader étudiant a « prôné l’anarchie » et « encouragé à la désobéissance civile » avec ses propos, avait tranché le juge Denis Jacques en le condamnant. La Cour d’appel l’a finalement blanchi, une décision confirmée par le plus haut tribunal du pays l’automne dernier.

Source : La Presse

Devoir d'allemand, vous reprendrez bien un peu de culpabilisation pour aider les migrants ?

Un parent dont un des enfants suit les cours par correspondance du CNED français nous a envoyé ce devoir d’allemand de 4e (13 à 14 ans). Nous le laissons décrire sa réaction face à ce devoir et, plus généralement, face au programme du CNED en allemand.

Ce devoir sert principalement, dirait-on, à mobiliser la jeunesse en faveur de l'accueil des immigrants de Syrie. Il n'hésite pas pour ce faire à tracer un parallèle entre la crise migratoire et le sort des juifs sous le Troisième Reich et plus particulièrement d'Anne Frank.

 

Scène de récréation dans une école allemande moderne...


Anne Frank est cette adolescente allemande juive qui écrivit un journal intime, rapporté dans le livre Le Journal d’Anne Frank, alors qu’elle se cachait avec sa famille et quatre amis à Amsterdam pendant l’occupation allemande durant la Seconde Guerre mondiale. Elle mourut en 1945 à Bergen-Belsen.





Le cours d’allemand qui précède ce devoir a consacré deux leçons (des pages 154 à 163) à l’histoire d’Anne Frank, puis une leçon contenant d’autres mentions à Anne Frank, à la solidarité en classe et un voyage scolaire à Amsterdam pour y visiter le musée d’Anne Frank.

Page 175 : questions autour du voyage à Amsterdam pour y visiter le musée Anne Frank

Notons que le matériel du CNED insiste très peu sur la culture allemande. Les premières leçons parlent surtout de musique rock'n roll, de former un orchestre de musique rock et maintenant de parler de la Deuxième Guerre mondiale et de l’horreur nazie. Exit Goethe, les frères Grimm, la Lorelei de Heine (un juif au passage) comme les anciens manuels d’allemand le faisaient.

Complètement évacuée du cours du CNED, la culture classique allemande

La première question du devoir ci-dessous signale aux écoliers qu’il existe des choses injustes et inhumaines (bien sûr), mais qu’il ne faut pas uniquement se concentrer sur le passé et penser à Anne Frank (« Aber wir sollen nicht alle von Anne Frank sprechen »). « Il existe aussi aujourd’hui des choses injustes et inhumaines. Pensez aux enfants qui, par exemple, viennent chez nous de Syrie ! » (« Es gibt auch heute Dinge, die ungerecht und unmenschlich sind. Denkt an die Kinder, die zum Beispiel aus Syrien zu uns kommen!»)

Le CNED n’hésite pas à faire le parallèle donc entre le sort d’Anne Frank et celui des enfants syriens qui viennent en Allemagne, comme si les enfants syriens étaient menacés de mort dans les camps de réfugiés ou les appartements du Liban, de Turquie ou de Jordanie où ils sont passés avant de venir en Allemagne... Comme si la responsabilité de l'Allemagne était aussi engagée envers Anne Frank qu'aujourd'hui envers les Syriens... Pas d'amalgame, n'est-ce pas ?

Tout le devoir qui suit parle du merveilleux professeur Baumann qui s’implique bénévolement au sein de l’organisation (MiKiBu) qui donne des cours d’allemand aux jeunes immigrants syriens. Il faut émouvoir les écoliers alors on leur dit que beaucoup de jeunes Syriens seraient orphelins (« Viele Kinder bei MiKibU haben ihre Eltern verloren, und zwar die Kinder aus Syrien »). Nous ne connaissons pas la source de cette affirmation du CNED, il est vrai qu’il y a de nombreux Syriens et Afghans qui se disent mineurs (14 000 en Bavière ici, pas de mention à des orphelins...) et qui ne sont pas accompagnés, mais ce n’est pas la même chose. Notons qu'il s'agit surtout de jeunes hommes et qu’il existe d’excellentes raisons pour que de jeunes hommes se rajeunissent, voir cet article sur ces réfugiés comme Saad Alsaud le plus rapide ado de « quatorze ans  » en Suède qui dépassait la concurrence d’une bonne tête. Voir aussi cet article autrichien sur de jeunes Afghans qui auraient menti sur leur âge pour bénéficier d’allocations généreuses destinées aux mineurs. Enfin, en Allemagne, chaque réfugié mineur coûte chaque mois entre 3000 et 5000 euros. Évidemment, le coût économique et social pour l’Allemagne lié à l’immigration de plus d’un million d’immigrants (réfugiés) en 2015 n’est pas abordé ni dans le devoir ni dans le manuel... D’abord, les émotions.

Le devoir se termine avec une lettre à écrire en allemand sur les Restaurants du cœur. Une œuvre respectable, mais surtout bien laïque ce qui est important pour l’école de la République. Le devoir sera donc directif : on ne laisse pas l’enfant choisir son œuvre de bienfaisance, on lui demande de bien connaître celle de Coluche et de vanter les efforts de l’école qui organise une « foire à tout » pour leur envoyer de l’argent.



Complètement absente du cours allemand de 4e, la culture allemande. Reste la culpabilisation, les amourettes, la « solidarité » et le rock'n roll.



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Voir aussi

Allemagne — difficultés d'intégration des immigrés