mercredi 31 juillet 2013

États-Unis — une école contrainte par le fédéral de considérer une fille comme un garçon



Le ministère de la Justice fédérale a tant fait pression sur les autorités d’un district scolaire de Californie qu’une jeune élève faisant son entrée dans une école secondaire locale pourra utiliser les toilettes et les vestiaires des garçons, parce qu’elle se dit être un garçon. Son sexe biologique, précise-t-on, est féminin.

Les responsables de l’école ont reçu une lettre de l’administration Obama précisant que s’ils refusaient de respecter l’identité choisie de la jeune fille, ils se rendraient coupable de discrimination en raison du sexe à l’égard d’« élèves qui ne se conforment pas aux stéréotypes sexuels ».

Un nouvel accord signé au niveau du district scolaire ouvre désormais à chaque élève qui se dit « transgenre » la possibilité de profiter des toilettes et vestiaires du sexe opposé, et, mieux, de partager les dortoirs du sexe opposé au sien pendant les voyages scolaires. Ce qui pourrait bien faire naître des vocations « transgenres » chez quelques garçons un peu plus entreprenants que les autres…

C’est l’aboutissement de plusieurs années de contestations et de plaintes de la part de la famille d’une jeune fille qui dit se sentir garçon et qui vit comme tel avec l’appui de ses parents depuis qu’elle est en 5e année. C’est en 2011 que ses parents ont officiellement déposé plainte auprès du bureau des droits civils du ministère fédéral de l’Éducation en accusant le district californien d’Arcadia de violer les lois anti-discrimination en l’empêchant de dormir avec les garçons lors d’un voyage d’école et en la contraignant de passer la nuit à part avec un chaperon parental – sa mère en l’occurrence – dans une chambre dans le local des dortoirs des filles.

Celles-ci, paraît-il, se moquaient d’elle, et la jeune fille se serait endormie tous les soirs en pleurant…

C’est alors que ses parents décidèrent de la faire vivre comme un garçon et d’obtenir une injonction lui permettant de changer de prénom. Ses nouveaux camarades de classe ne sauront rien, ne l’ayant jamais connue fille.

C’est en 7e année que tout se gâte. Une nouvelle excursion est prévue, l’enfant pense pouvoir passer la nuit dans le dortoir des garçons. Mais la direction de l’école exige qu’elle ait une chambre particulière et qu’un de ses parents l’accompagne.

Le désespoir de la jeune fille aurait conduit ses parents à intenter un procès au district scolaire trois semaines avant la date prévue de la sortie ; on leur opposa un refus fondé sur une loi de la Californie permettant le maintien d’infrastructures séparées pour les deux sexes biologiques, accompagnée d’un avis juridique donné par le ministère californien de l’Éducation affirmant que cela n’excédait pas les limites raisonnables que l’on pouvait opposer face à des « auto-perceptions de genre de certains élèves ».

Tout cela n'est plus permis semble-t-il désormais puisque le ministère fédéral s'est rangé du côté des parents de la jeune fille, qui obtient le droit de partager les locaux des garçons, mais également, lorsqu’elle le souhaite, une chambre individuelle, le droit encore de participer à des activités réservées aux garçons, scolaires ou extrascolaires, tandis que tous les documents administratifs donnant son sexe de naissance et son prénom en tant que fille devront être placés sous scellés en vue de protéger son identité en tant que garçon.

Et ceci, non seulement pour elle, mais pour tout élève se trouvant dans ce cas dans le district d’Arcadia. Tous les élèves transgenres devront en outre bénéficier d’une « équipe de soutien » au sein de leur école pour faciliter leur collaboration avec les administrateurs scolaires afin de garantir que leurs désirs en matière d’identité de genre soient honorés.

Quant à la « discrimination de genre », elle devra figurer parmi les discriminations règlementairement proscrites et un programme de sensibilisation visant aussi bien les enseignants, les élèves et tous les employés que la discrimination basée sur « l’identité de genre, l’expression de genre, la transition de genre, le statut transgenre ou la non-conformité de genre » est strictement interdite.

Série de scénarios similaires

Coy Mathis (à gauche)
Cette histoire fait suite à une série de scénarios similaires à travers les États-Unis.

Ainsi, en juin, la division du Colorado des Droits civiques, un service du minis­tère de la Justice fédéral,  a décidé qu'interdire à un garçon­net de six ans qui se dit trans­genre l'accès aux toilettes des filles dans une école pri­maire publique consti­tuait une discri­mi­na­tion illégale. Le Fonds éducatif et de défense juridique des transsexuels a déposé la plainte au nom de la famille de l'élève de première année qui a abouti à cette décision. L'élève, Coy Mathis, est biologiquement mâle, mais s'habille en fille tout le temps.

Plus tôt ce mois-ci, à Pinellas  en Floride, un étudiant qui se dit transgenre s'est plaint à la presse locale qu'une école technique ne lui permettrait pas d'utiliser les toilettes des femmes. L'étudiant, Alex Wilson, est de sexe masculin et suit depuis quatre ans un traitement hormonal destiné à le transformer en une femme. Il n'a pas subi l'opération chirurgicale de changement de sexe.

L'école est intervenue après qu'un élève a protesté contre le fait que Wilson utilisait les toilettes des filles. L'école avait proposé à Wilson un cabinet particulier, mais celui-ci avait jugé l'offre inacceptable parce qu'il était situé, selon lui,  dans un bâtiment administratif peu pratique.



Entretemps, l'État du Massachusetts semble être devenu un foyer transgenre.

Un fascicule de onze pages de directives a récemment été distribué par le ministère de l'Éducation de l'État de Nouvelle-Angleterre qui  oblige les écoles d'accepter que les élèves qui se disent transgenres puissent utiliser les salles de bain qui leur plaisent. Ces règlements s'appliquent à toutes les écoles publiques de l'État, primaires, secondaires ainsi qu'aux cégeps (lycées en France).

Bel exemple de synchronisme : un étudiant à l'école secondaire Middleborough au Massachusetts  est devenu la première reine transgenre du bal de toute l'histoire de Middleborough, ville de 23.000 habitants, la capitale mondiale autoproclamée de la canneberge.


Reportage partial qui prend fait et cause pour la reine transgenre du bal (elle... elle... courageuse)

Curieusement, un élève qui se dit transgenre et qui avait envoyé une demande d'admission au Smith College, une prestigieuse université privée réservée aux femmes, habituellement très progressiste, s'est vu refuser l'entrée à cette institution qu'elle n'accepte que des femmes.

Smith College a renvoyé la demande de Calliope Wong — ainsi que les frais de dossier — plus tôt ce mois-ci.

Calliope Wong
« Comme vous vous en souviendrez sans doute de notre correspondance antérieure, Smith est un collège pour femmes, ce qui signifie que les candidates de premier cycle doivent être de sexe féminin au moment de leur demande», d'écrire la doyenne des admissions Debra Shaver dans une lettre adressée à Calliope Wong.

Calliope Wong se dit femme depuis plusieurs années. Cependant, Wong semble avoir coché la case indiquant le sexe masculin sur le formulaire FAFSA (demande gratuite pour une aide fédérale aux étudiants).

Le refus de Smith College signifie que les lois du Connecticut, l'État d'origine de Wong, s'appliquent. Or cet État considère Wong en tant qu'homme et ne le reconnaîtrait comme une femme qu'après une chirurgie de réassignation sexuelle.

L'automne passé Wong écrivait sur son carnet : « Oui, je suis né dans un corps avec des parties typiquement mâles, ». « Mais je m'identifie et je vis comme une femme. L'opinion scientifique et médicale prépondérante  appuie le fait que la personne que je suis au niveau de l'identité est différente de l'identité de genre typiquement associée à mon corps physique ».


Lettre de refus de Smith College 


Voir aussi

Un homme dans le vestiaire des filles ? Ne soyez pas transphobe !

L'affaire Bruce/Brenda/David Reimer c. la théorie du genre


 



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