mardi 1 mai 2012

Singulière faible participation aux votes de boycott des études universitaires


Gilbert Lavoie, dans Le Soleil, se pose la question de la singulière faible participation lors des votes de boycott :

Le 12 avril, l'association des étudiants inscrits aux études supérieures de l'Université Laval a convoqué une assemblée générale extraordinaire de ses 11 700 membres pour le 20 avril. La grève était à l'ordre du jour. Seulement 449 étudiants ont répondu à l'appel!

Ce soir-là, 243 ont voté à main levée pour le retour à la grève, 199 s'y sont opposés, et 7 se sont abstenus.

Deux cent quarante-trois personnes qui décident du sort de 11 700 étudiants, ça va s'ils sont des élus, mais ce n'est pas le cas ici. Où donc étaient les autres ? Hier, j'ai appelé à leur association. Personne n'a été en mesure de m'expliquer un tel taux d'absentéisme.

Pourtant, ces 11 700 étudiants étaient sensibilisés au conflit : ils avaient déjà voté pour un débrayage de deux semaines le 21 mars. Là aussi, ils avaient pris un vote à main levée. Mais le 4 avril, lorsqu'on leur a proposé de reconduire le mandat de grève, ils ont été consultés par vote électronique. La participation a été 10 fois plus importante : 4 764 personnes ont voté et elles ont rejeté la grève dans une proportion de 51,5 %.

Un résultat aussi serré aurait dû inciter un plus grand nombre à participer au vote du 20 avril. Mais ils ne se sont pas présentés. Et qui plus est, leur association est revenue au vote à main levée. Résultat, ils sont en grève pour une période illimitée.

Selon l'association, le faible taux de participation est peut-être imputable au fait que le 20 avril était la dernière journée de cours pour plusieurs étudiants. Ont-ils cru qu'ils ne seraient pas touchés? Si oui, ils ont erré : la grève a compromis la tenue de leurs examens.

Le mandat de grève qui a été voté stipule que quatre situations seulement pourraient mettre fin au débrayage :
  1. le gouvernement cède aux demandes des étudiants;
  2. le nombre de grévistes baisse sous les 100 000;
  3. le gouvernement et trois associations étudiantes concluent une entente;
  4. un autre gouvernement se fait élire.
Combien de cas similaires y a-t-il eu au Québec ? Selon Léo Bureau-Blouin, le président de la Fédération étudiante collégiale du Québec, la plupart des votes de grève sont passés avec des majorités variant entre 54 et 55 %. Mais combien d'étudiants se sont déplacés pour voter? On ne le sait pas.

Depuis le début, Gabriel Nadeau-Dubois répète continuellement que 170 000 étudiants sont en grève. C'est vrai, mais quelle proportion a pris part aux votes de grève? Si le cas de l'Université Laval se retrouve ailleurs, le chiffre de 170 000 ne veut rien dire. Je vois mal, par exemple, comment on peut se targuer de détenir un appui populaire quand 243 non-élus envoient 11 700 personnes en grève.

Pour le reste, je veux bien m'apitoyer sur le sort des étudiants dont la session est compromise, mais je n'ai pas de sympathie pour ceux et celles qui n'ont même pas pris la peine d'aller voter.

La suite des choses? La Fédération étudiante universitaire du Québec et la FECQ doivent faire une contre-proposition cette semaine. Le gouvernement a fait un «petit» pas sur les modalités du dégel la semaine dernière, mais la négociation ou la médiation sera impossible si les étudiants sont intraitables sur le maintien du gel. La semaine dernière, ils réclamaient que Jean Charest prenne le dossier en main. Il a répondu vendredi : «Mon gouvernement n'acceptera jamais d'agir ou de céder sous le coup de la violence et du chantage.»

À part une démission, il n'y a plus d'autres recours après le premier ministre. Si les étudiants ne comprennent pas cette règle et demeurent braqués, ils n'iront nulle part.

Et tout comme ceux et celles qui ne se sont pas prévalus de leurs droits de vote, ils devront en assumer les conséquences.





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1 commentaire:

Anonyme a dit…

Marie-Claude Breton
L'auteure est la mère d'une collégienne de 17 ans. Elle réside à Montréal.
Cyberpresse
J'aimerais rendre hommage à ma fille et à ses camarades de classe. Ce sont de véritables victimes de tout ce gâchis entourant la hausse, et son refus, des droits de scolarité.

Depuis des semaines, elle a tout encaissé, seule, avec philosophie et civilité. Elle et les autres jeunes perdront vraisemblablement leur session à l'issue d'un vote de grève surréaliste.

Ils sont pris en otage. Ce sont les saints innocents modernes. Personne n'a soutenu les jeunes verts ou à tout le moins les jeunes de la majorité silencieuse qui ne sont pas outrés par cette augmentation des droits de scolarité. Ce sont des jeunes qui ne veulent pas de problèmes, qui sont de bons élèves respectueux, qui ont déjà un petit emploi qu'ils ne veulent pas mettre en péril en participant à des réunions hebdomadaires interminables dont l'issue est toujours écrite dans le ciel.

Surtout, ce sont des jeunes qui n'ont qu'une préoccupation: réussir leurs études cette année.

Leurs associations étudiantes sont peinturées en rouge et subventionnées à même les cotisations étudiantes. Elles sont dopées par leur couverture médiatique, manipulées par des politiciens sans scrupules, infiltrées par des gens qui poursuivent d'autres enjeux.

Les directions d'écoles sont impuissantes, silencieuses et respectueuses des bruyants revendicateurs intimidateurs.

Lorsque j'ai appelé au collège pour savoir comment on pourrait aider les jeunes qui veulent étudier et pour exposer l'énorme détresse psychologique de ma fille, la direction m'a recommandé d'inciter ma fille à consulter un psychologue! C'est elle qui a un problème! J'ai répondu que ce n'était pas d'un psychologue dont elle avait besoin, mais d'adultes responsables qui veilleraient à ce qu'elle étudie en paix.

Ma fille a communiqué avec ses professeurs et aucun n'a voulu lui donner d'indications pour qu'elle puisse continuer à couvrir la matière par elle-même. Les professeurs respectaient les grévistes. Les professeurs marchaient avec les grévistes. La police ou les agents de sécurité des écoles n'ont pas aidé les jeunes qui avaient obtenu des injonctions. Ces jeunes s'étaient tournés de bonne foi vers les instances légales en croyant qu'au moins la loi viendrait les soutenir dans leur désir impopulaire de s'instruire.

Le gouvernement les a oubliés depuis des semaines. Les pauvres jeunes qui veulent réussir leurs études cette année, pas les gérants d'estrade qui ne sont pas touchés personnellement par ce gâchis, ont compris le message: profil bas.

«Négocies ostie» (sic). Voilà le message des associations étudiantes au gouvernement élu démocratiquement. Message haineux. Message porteur du mouvement: une porte-parole se tenait au centre de l'immense bannière rouge.

Quand les directions d'écoles s'embarrent dans leur collège avec les agents de sécurité, quand les professeurs sont dans la rue avec les manifestants, quand la police se protège de boucliers et de matraques, que peuvent faire des jeunes de 17 à 20 ans, seuls?

Aucune tribune, aucun appui, aucun adulte pour aider les jeunes verts qui constituent un peu moins de la moitié des jeunes en grève au Québec aujourd'hui. C'est le pouvoir aux intimidateurs