mardi 9 mars 2010

Suisse — L'école publique genevoise introduira l'étude des grands textes, de Karl Marx au Coran

Dès la rentrée scolaire 2011, l'école publique du canton de Genève en Suisse introduira l'enseignement des « grands textes fondateurs » constitutifs de traditions, croyances et modes de pensée, religieux ou non.

Des extraits de la Bible, du Coran, mais aussi de l'Odyssée, de Montaigne, de Marx ou encore de la Déclaration universelle des droits de l'homme seront abordés selon une approche historique, culturelle et comparative. Ce programme sera dispensé dans l'école obligatoire (principalement au Cycle d'orientation, c'est-à-dire de 12 à 15 ans), dans diverses disciplines : éducation citoyenne, sciences humaines, français.


Alors que, dans certains cantons suisses, la tendance est de transformer l'enseignement biblique en cours d'histoire des religions, l'école publique genevoise (dépourvue d'enseignement biblique) offrira une alternative à la partie « éthique et culture religieuse » proposée, mais pas imposée, par le Plan d'étude romand (un programme commun à tous les cantons francophones). Genève suit ainsi le choix du Grand Conseil de Genève, le parlement local, qui, en 2006, avait clairement rejeté l'introduction d'un cours spécifique sur le fait religieux. Le parlement privilégiait un renforcement de cet enseignement dans les divers disciplines où la question était déjà évoquée, afin de permettre aux élèves d'appréhender le monde qui les entoure dans le sens du vivre ensemble. Des formations continues sur les religions ont été proposées aux enseignants qui, à en croire le Département de l'instruction publique (DIP), ont eu beaucoup de succès.

Le nouveau programme collera à la vision d'une « laïcité engagée », précise le secrétaire général adjoint du DIP, Patrick Hess : « Il respectera la séparation de l'État et des Églises consacrée dans la Constitution genevoise et le principe d'un enseignement laïque, tout en prenant en considération la très grande diversité culturelle des élèves dans notre canton. » On notera que si l'Église n'a plus son mot à dire dans l'école publique, il n'est pas certain que l'État n'intervienne pas dans la question de la religion par le biais de la formation au fait religieux et philosophiques.

Visée idéologique : lutter contre « l'ethnocentrisme »

« Il ne s'agira ni d'un cours d'éthique ni de leçons de morale, ajoute M Hess. Cette approche des grands textes évitera tout ethnocentrisme et toute limitation aux monothéismes. L'objectif est de permettre aux élèves de comprendre les valeurs fondatrices d'une communauté en leur apprenant à mieux identifier les références et les valeurs véhiculées par ces textes; les aider à mieux comprendre qu'une bonne partie de leurs camarades ne se réfèrent pas à la même culture, à découvrir et accepter, par exemple, que tout le monde n'a pas la même réponse aux questions sur l'origine de la vie, sur la mort, etc. »


Le programme est en cours d'élaboration au sein du DIP. Un groupe consultatif, notamment formé d'experts en sciences des religions et de membres du groupe citoyen « culture religieuse et humaniste à l'école laïque », à l'origine du lobbying pour un cours sur le fait religieux, aurait également été mis en place afin recueillir « l'avis de représentants de la société civile. »






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