samedi 20 septembre 2008

M. Jean-Pierre Proulx sur les poursuites en justice

Enfin un article dans la presse papier sur les actions en justice contre l'imposition du programme d'éthique et de culture religieuse. Nous en avions parlé ici il y a quelques jours. Un billet concernant l'école privée Loyola et l'autre sur deux écoles publiques de Drummonville.

Croisade ou défense contre un monopole envahissant ?

Notons d'emblée l'entrée en matière du Soleil : « La croisade contre le programme d’éthique et culture religieuse se transporte devant les tribunaux. » Croisade ? Une offensive religieuse et moyen-âgeuse ? Il s'agit plutôt de la défense de parents contre le monopole d'État ou, si l'on tient à une image religieuse, du combat de David contre Goliath. Mais on comprend, cette image serait positive ; elle ne peut donc s'utiliser.

M. Jean-Pierre Proulx s'attendait aux recours en justice

Jean-Pierre Proulx, omniprésent dans ce dossier et toujours accueilli dans les colonnes des journaux, ne se dit pas surpris par les recours en justice. Mais n'explique pas pourquoi disant, au contraire, que c'est « pour régler la question sur le plan juridique qu’on a adopté un cours non confessionnel. » Humm.

Les droits des catholiques et protestants étaient des privilèges...

Selon M. Proulx, « On savait que l’enseignement confessionnel portait atteinte au droit à l’égalité, parce qu’on offrait l’enseignement religieux uniquement aux catholiques et aux protestants. »

D'une part, les droits au Canada ne sont pas nécessairement octroyés à tous. C'est le cas quand des raisons pratiques ne le permettent pas. C'est ainsi que les pouvoirs publics du Canada n'octroient le droit de correspondre avec eux, en général, qu'en anglais et en français. Et dans certaines régions, les droits linguistiques des francophones sont également limités par un critère de « demande suffisante ». D'ailleurs, ce critère s'applique dans le programme d'ECR : toutes les religions ne doivent pas être enseignées, mais uniquement les plus importantes pour le gouvernement (avec un accent étrange sur les spiritualités autochtones).

D'autre part, qu'est-ce qui empêchait d'octroyer l'enseignement confessionnel à d'autres groupes religieux, là où le nombre le justifierait, comme cela se fait dans les écoles publiques d'autres pays occidentaux comme la Belgique, l'Allemagne, etc. ?

« Explication »

Selon le Soleil, Jean-Pierre Proulx explique « C'est pour régler la question sur le plan juridique qu’on a adopté un cours non confessionnel ».

On ne voit pas très bien l'explication.

Le beau sophisme ! Il n'y avait aucun problème juridique avant qu'on ne supprime les articles qui permettaient cet enseignement confessionnel. D'ailleurs, l'Ontario finance toujours les écoles publiques catholiques.

On a vu également qu'on aurait pu adopter une autre voie : permettre des cours de religion pour d'autres confessions. On aurait également pu décider de ne pas aborder les religions à l'école sauf quand leur mention se justifiait dans des cours d'histoire ou de littérature par exemple. C'était d'ailleurs la recommandation de Régis Debray en France pour palier le manque de culture religieuse des élèves français incapables d'appréhender la culture occidentale et l'histoire mondiale : pas de cours de culture religieuse à part qui serait relégué au rang de cours mineur comme la musique, mais une intégration franche et objective dans les matières de base.

Enfin, il est tout à fait possible de supprimer un privilège (disons) dans un premier temps pour ensuite imposer un cours qui enfreint un autre droit, celui des droits des parents de pouvoir décider de la formation spirituelle ou philosophique de leurs enfants.

Or, en quoi l'État respecte-t-il ce droit quand il impose son cours en la matière à tous, même dans les écoles confessionnelles privées ? On a bien supprimé le droit de décider puisqu'il y a imposition.

Formation ECR — « Le dialogue, ça peut se faire seul »

Extrait vidéo savoureux où Mme Lily Cloutier, coauteur des six manuels d'éthique et culture religieuse chez Modulo, explique ce que le dialogue peut être... On apprend ainsi que le dialogue peut se pratiquer tout seul. Le Québec est décidément très en avance.



Définition du Petit Larousse illustré : DIALOGUE, n. m. 1. Conversation, échange entre deux ou plusieurs personnes ; 2. Discussion visant à trouver un terrain d'entente; fait de dialoguer. 3. Ensemble des répliques échangées.