lundi 29 octobre 2018

Québec — Hausse constante de l'utilisation d'antidépresseurs chez les jeunes

La consommation d’antidépresseurs est en hausse constante chez les jeunes, en particulier chez les adolescentes.

Selon les derniers chiffres obtenus auprès de la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ), 2157 jeunes filles âgées de 14 à 17 ans ont eu recours à des antidépresseurs en 2017 comparé à 826 en 2007, soit une augmentation d’environ 160 %.

Les filles sont deux fois plus nombreuses à avoir recours à ce type de prescription que les garçons du même âge, un phénomène qui existe depuis déjà plusieurs années.

Les antidépresseurs sont prescrits pour traiter la dépression, mais aussi l’anxiété, qui pourrait représenter environ la moitié des cas, estime le pédopsychiatre Frédéric Charland, président du comité de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’Association des médecins psychiatres du Québec.

Ce dernier n’est pas étonné par l’augmentation du recours à la médication chez les jeunes filles, puisqu’on observe depuis déjà plusieurs années davantage de troubles de l’humeur chez les femmes, peu importe l’âge, précise-t-il.

Augmentation généralisée

L’augmentation ne concerne toutefois pas seulement les filles. De manière générale, le nombre total de jeunes Québécois de 17 ans et moins qui consomment des antidépresseurs est passé de 1886 à 4098 en 10 ans, ce qui représente une hausse de 115 %.

Les troubles de santé mentale sont effectivement en augmentation, mais ils seraient aussi plus détectés qu’avant, précise le Dr>/sup> Charland.

Or, le recours à la médication préoccupe Joël Monzée, professeur de psychiatrie à l’Université de Sherbrooke. Il est plus facile au Québec d’avoir accès à une prescription qu’à un psychologue, déplore-t-il. « On a mis beaucoup d’argent collectivement sur le médicament et on a oublié que l’esprit humain a parfois besoin d’autre chose que de prendre une pilule ».

Cette préoccupation est partagée par le Dr Charland, qui déplore aussi le manque de suivis thérapeutiques. « Lorsque les traitements psychosociaux ne sont pas disponibles, c’est la médication qui vient prendre la place. »

La médication peut toutefois être incontournable dans le cas d’un jeune qui a des idées suicidaires, précise toutefois M. Monzée. « Il vaut mieux médicamenter que d’oser risquer un drame », lance-t-il.

Lorsqu’un jeune a recours à la médication, l’intervention au niveau psychologique reste tout aussi nécessaire pour éviter que le patient ne revive des épisodes de dépression ou d’anxiété une fois la médication cessée, précise-t-il.

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