dimanche 16 septembre 2018

C’est l’heure de décentraliser l’éducation


D’Éric Lanthier avec quelques modifications éditoriales mineures.


Accorder plus de pouvoir aux écoles aiderait davantage les élèves à terminer leurs études secondaires en sept ans ou moins. Pour les Québécois francophones, il s’agit d’autodétermination, pour nos voisins, c’est de l’autonomisation.

Daphné Dion-Viens nous informait récemment que le décrochage scolaire était à la baisse. Or, lorsqu’on passe au peigne fin chaque région du Québec, on s’aperçoit qu’il y a de grandes différences d’un endroit à l’autre. Cette constatation nous révèle qu’il est temps de donner plus de place à la décentralisation. Plus le système sera décentralisé, plus les solutions se rendront aux bénéficiaires sur le terrain, nos enfants. Effectivement, selon l’UNESCO, la décentralisation « […] peut permettre une identification plus rapide des problèmes et faciliter la recherche de solutions plus appropriées ».

Des inspirations

Par exemple, au Salvador, les écoles qui sont gérées par la communauté ont réussi à augmenter la participation des parents et accusent moins d’absentéisme tant chez les enseignants que chez les élèves. Au Nicaragua, les élèves qui fréquentent les écoles plus autonomes réussissent mieux aux examens.

Plus d’autonomie, plus de leadership

Un des avantages de la décentralisation, c’est qu’elle concourt à une définition claire et précise des responsabilités de chaque palier. Le rôle de l’État est d’établir les objectifs pédagogiques et le contenu notionnel à apprendre, et de concevoir un environnement éducatif qui contribue au développement de l’élève. Quant à l’école, elle a pour mission d’assurer un leadership qui amènera un maximum d’élèves à découvrir le plaisir d’apprendre et à développer leur créativité. Cette direction devra encadrer judicieusement les jeunes en fonction de leur plein potentiel.

Une culture rassembleuse

Deblois et Corriveau avaient découvert que le décrochage scolaire était davantage lié à la culture de l’école qu’aux structures administratives. En effet, plus l’école réussira à insuffler le désir d’apprendre aux élèves et à susciter chez eux un sentiment d’appartenance, plus elle contribuera à la persévérance dans les études de notre relève. Or, pour y parvenir, les structures administratives doivent accorder plus d’autonomie à l’école.
La décentralisation

Plus l’État contrôlera l’ensemble du système, moins les écoles auront le pouvoir de créer un milieu stimulant pour les jeunes. Une direction d’école qui désire le faire a besoin d’une plus grande latitude. Les directeurs veulent se mettre au service des élèves et de leur réussite, leur désir d’intervention dans leur vie scolaire va plus loin que celui d’une petite pièce dans une gigantesque machine. Plus l’école se réfugie dans un modèle unique de type « taille unique », moins elle saisit les besoins particuliers des élèves et moins elle y répond.

Une initiative à imiter

Récemment, le Journal de Québec nous informait qu’à la commission scolaire du Fleuve-et-des-Lacs, chaque école secondaire détenait son propre « comité de pilotage de la persévérance scolaire ». Ces comités ont pour mandat d’accompagner chacun des élèves. Leurs membres proposent des parcours adaptés à ceux qui sont moins motivés à persévérer. Quelle sage initiative !
En 2018, l’école doit offrir un encadrement qui répond aux besoins particuliers du plus grand nombre. Une des meilleures solutions est de couper dans les structures administratives. Cet élagage permettrait au ministère de l’Éducation d’investir davantage auprès de sa clientèle. À défaut de quoi, certaines régions, comme l’Outaouais, peineront pour combien de temps encore à stimuler leurs adolescents à terminer leur parcours scolaire dans un délai raisonnable ? Inspirons-nous du Salvador, du Nicaragua et du Bas-du-Fleuve pour offrir à notre clientèle estudiantine un environnement stimulant et adapté à ses réalités.

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