dimanche 19 juillet 2015

Éthique — Le « mariage homosexuel » ne change-t-il vraiment rien dans la vie des autres ?

On entend souvent que la légalisation du mariage entre personnes de même sexe ne change rien dans la vie des autres. Mais est-ce vrai ?

Prenons deux exemples récents :
  • À la suite de la décision de cinq juges non élus contre quatre d’imposer le « mariage homosexuel » à tous les États de l’Union américaine, le gouverneur du Kentucky, Steve Beshear, a publié un communiqué affirmant que les employés du gouvernement, et notamment les greffiers chargés de l’état civil, doivent établir des licences pour les « mariages » homosexuels sous peine de licenciement. La menace formulée par le gouverneur démocrate précise que les fonctionnaires « sont tenus de reconnaître les mariages de même sexe comme valide et permettre à ceux-ci d’avoir lieu. » Elle a connu sa première exécution lorsque Steve Beshear a donné à un greffier du comté l’ordre de choisir entre l’objection de conscience et la démission. C’est une mise en application concrète de l’arrêt Obergefell c. Hodges par lequel la Cour suprême des États-Unis a imposé le « mariage » homosexuel à tous les États de l’Union.

    Le greffier en question, Casey Davis, fait partie des officiers d’état civil qui dans nombre d’États ont décidé de ne pas suivre l’injonction de la Cour suprême et qui refusent de fournir des licences en vue du mariage aux couples de gays ou lesbiennes. Il a été convoqué par le gouverneur qui s’est montré intraitable. Steve Beshear lui a dit : « Délivre des licences de mariage ou démissionne ! ». « Je ne peux pas démissionner… », a déclaré Casey Davis à la presse : « J’ai une hypothèque à payer. » Davis espérait voir Beshear convoquer une session législative extraordinaire en vue de discuter de la question de la liberté religieuse des chrétiens du Kentucky, et plus largement de ceux qui adhèrent à la définition traditionnelle du mariage.

    Le gouverneur a rejeté sa demande au motif que l’opération serait trop onéreuse : il a préféré opposer à Davis un ultimatum qui marque le mépris des partisans du « mariage » gay à l’égard de ceux qui s’y opposent pour des raisons religieuses – mais aussi par charité et amour des personnes homosexuelles puisqu’ils estiment que leur activité leur fait un tort à la fois spirituel et physique. Le coût d’une session extraordinaire des législateurs du Kentucky est estimé à 63.000 dollars ; il s’en est tenu 9 au cours de ces 10 dernières années. Au total, 57 des 120 greffiers que compte l’État ont réclamé par lettre la tenue d’un tel débat. Casey Davis a refusé de plier devant les menaces du gouverneur Beshear : il ne compte ni délivrer des licences pour des « mariages » homosexuels ni démissionner. « La loi de la nature prévaudra sur n’importe quelle loi que l’homme mettra sur un bout de papier. Mon travail ne peut pas passer outre à ce que ma conscience autorise », a-t-il déclaré à la presse locale. « Je ne suis pas à vendre », a-t-il insisté lors d’une manifestation en sa faveur peu avant son entretien avec le gouverneur. Davis a rappelé qu’il avait été choisi par les électeurs de son comté pour remplir la charge de greffier et qu’il avait juré « devant Dieu » de l’accomplir du mieux qu’il le pouvait. « C’est ce que j’ai l’intention de faire. » Il a proposé que les licences pour « mariages » gays ne soient plus délivrées par des greffiers, personnes physiques, mais par voie automatisée en ligne, de même qu’on tient ses comptes ou que l’on fait ses courses en ligne. « Nous achetons nos permis de pêche et de chasse en ligne : pourquoi pas les licences de mariage ? Cela soulagerait les 120 greffiers de comté de cet État », a-t-il lancé.

    Une autre greffière du Kentucky, Kim Davis, a refusé de délivrer une licence à deux gays qui voulaient se « marier » : la vidéo de leurs échanges a été postée en ligne et a déjà été vu plus 1,5 million de fois. Elle fait l’objet de poursuites de la part de l’American Civil Liberties Union (ACLU) qui réclame d’importants dommages et la saisie de la propriété de la greffière. Si un partisan du « mariage » homosexuel comme le gouverneur du Kentucky est prêt à sanctionner des objecteurs de conscience au nom d’une loi positive, l’affaire révèle que toutes les lois n’ont pas le même poids à ses yeux. Avant la décision de la Cour suprême, le Kentucky était sous le régime de l’amendement de « Protection du mariage » inscrit dans la loi de l’État. Jack Conway, procureur de l’État, s’était opposé en 2014 à la mise en œuvre cette loi au nom de son opposition à la « discrimination », en refusant d’interjeter appel contre une décision d’un juge de l’État qui avait ordonné que le « mariage » gay soit reconnu. Casey Davis a dénoncé ce « deux poids deux mesures » en ajoutant que si la défense de sa liberté religieuse devait l’amener en prison, il était « prêt ».
  • Le couple propriétaire d’une boutique de cadeaux et d’un bistrot ont décidé de fermer leur commerce après avoir été contraints de payer des dommages et intérêts, pour avoir refusé d’accueillir un mariage d’un couple gay dans leur commerce. Richard et Betty Odgaard, les mennonites propriétaires de Görtz Haus Gallery à Grimes, dans l’État américain de l’Iowa, cesseront définitivement leur activité fin août. L’affaire remonte à 2013, lorsque le couple a refusé d’héberger la célébration de mariage d’un couple gay. Les clients potentiels ont porté plainte. Les commerçants ont été contraints d’accepter un accord de dédommagement de 5000 dollars. Dans la foulée, ils ont cessé d’offrir la location de leurs locaux pour des mariages.

Ajoutons les propos de militants de la cause homosexuelle en vue dans le monde anglo-saxon (et russe) qui disent clairement qu’ils sont pour le mariage homosexuel, dans un premier temps, et pour l’abrogation de l’institution conjugale ensuite. Ce n’est, dans leur esprit, qu’en apparence contradictoire comme la vidéo ci-dessous reprenant leurs interventions l’explique :




Entretemps, les partisans LGBTTIQQ2S affirment déjà que les églises devraient perdre leur statut d’exonération fiscale. Revendication reprise avec enthousiasme par Mark Oppenheimer dans le New York Times. En d’autres mots, si vous voulez « défendre » votre « homophobie » vous devrez casquer un maximum au Trésor américain. Un journal de Pennsylvanie a également annoncé qu’il ne permettrait pas aux partisans du « mariage non égal » de défendre leurs points de vue dans ses colonnes ou dans son courrier des lecteurs. Donc, les « haineux » peuvent défendre leur haine devant d’autres « haineux » pendant une heure le dimanche matin dans un lieu clos appelé une église, mais quand ils iront travailler ou qu’ils liront un journal, il vaudrait mieux pour eux qu’ils aient laissé leur opinion rétrograde à la maison et qu'ils se conforment. L’intention est évidente : le christianisme, et plus généralement toute conviction morale conservatrice, doit être relégué à la périphérie — dans un coin obscur et honteux — incompatible avec la fonction publique, les médias ou simplement toute carrière valorisante.

On ne peut sous-estimer le poids des médias dans les changements récents survenus aux États-Unis. Ils sont résolument « progressistes » et défendent leurs points de vue ouvertement. En 1995, deux sociologues Stanley Rothman et Amy Black avaient mené une enquête, intitulée, « L’Élite des médias », auprès des éditeurs et journalistes les plus influents aux États-Unis. Leur travail a été reproduit dans des études ultérieures. Parmi les conclusions de celles-ci :
  • 91 % de l’élite médiatique avaient voté pour Bill Clinton en 1992 — une élection dans laquelle il n’avait remporté que 43 % du vote populaire.
  • 77 % d’entre eux se disaient démocrates, contre 5 % qui se considéraient comme républicains.
  • 97 % croyaient en un droit à l’avortement, une profonde conviction pour 86 %. Par comparaison, selon un sondage Gallup 2014, le peuple américain est très partagé sur la question : 47 % pro-avortement contre 46 % pro-vie.
  • Il y a déjà 20 ans, 73 % de l’élite médiatique pensaient que l’homosexualité était un mode de vie acceptable.



1 commentaire:

Le Saguenéen a dit…

Ceci me renforce dans l'idée que les conservateurs doivent tout faire pour que leurs enfants aillent dans des écoles conservatrices.

Ceux qui rêvent en couleurs et pensent que l'école publique politiquement correct ne « normalisera » pas leurs enfants sont des grands naïfs et à la limite des gens dangereux et irresponsables.