vendredi 6 février 2015

« Le PLQ veut accorder plus d'autonomie aux écoles », petit rappel historique

Lu sur le carnet de Jean-Pierre Proulx :
« 2 — Le PLQ veut accorder plus d’autonomie aux écoles dans le choix des moyens en vue de l’atteinte des objectifs ministériels. Magnifique. Mais rions un peu. C’est en effet un gouvernement libéral qui, sous le ministère de Mme Courchesne, a opéré une centralisation ministérielle jamais observée en matière pédagogique. Dans une classique approche “top down”, elle a concocté un splendide spaghetti bureaucratique, d’une part en obligeant les commissions scolaires, par ses fameuses “conventions de partenariat”, à se coller aux buts et objectifs décidés par le ministre ; d’autre part, elle a contraint les écoles à signer des “contrats de gestion” avec la commission scolaire de manière à se modeler à leur tour aux conventions de partenariat. Bref, le PLQ devra démêler ce spaghetti avant de parler d’autonomie des écoles. Pour l’heure, il n’est pas crédible. »
Le ministère de Mme Courchesne, c’est aussi l’époque de l’imposition du cours d’éthique et de culture religieuse par le haut. On se rappellera les paroles de cette ministre qui n’avait jamais rencontré les parents opposés à cette imposition : « On ne négocie pas un virage aussi important sans écraser d’orteils » [1] et « que les parents songent plutôt au bien de leur enfant » pour balayer toutes les objections des parents en affirmant que les « enfants sont intelligents, ils comprennent souvent plus que nous [les adultes] » [2]. La ministre convoquait alors la presse pour bien faire connaître la décision venue d’en haut à tous ses exécutants : il n’était pas question « d’ouvrir une brèche » [3] en acceptant des exemptions, car on aurait alors abouti sur plusieurs régimes d’enseignement moral et religieux, ce que la ministre ne voulait pas. 

Cette centralisation accrue n’est donc sans doute pas le fruit du hasard, mais bien celui de la volonté d’imposer des réformes à des parents et des enseignants rétifs. Les gouvernements successifs PLQ et PQ partagent cette responsabilité.

Notons enfin qu’à notre avis, il y a un autre problème : c’est la fixation des objectifs ministériels trop minutieux qui limitent trop la liberté d’enseignement (pour ne pas parler de la liberté de recrutement).

Il est vrai que dans nos écoles publiques, par exemple, les départements (réunis par matières) se réunissent pour choisir les éléments sur lesquels les enseignants de mathématiques, de français, etc. vont travailler pour améliorer les résultats scolaires. C’est ce qu’on appelle « la convention de gestion ». L’idée est sans doute louable, mais l’exercice est très superficiel, car tous les aspects importants ont déjà été décidés ailleurs : le programme, le temps minimum alloué à chaque matière. Le ministère a également décidé d’abolir certaines matières comme le cours d’orientation et choix de carrière. L’école n’y peut rien. Aboli. De nombreux jeunes sont plus perdus que jamais face aux choix de carrière. Faut-il s’étonner que la motivation s’envole chez certains garçons qui ne voient pas à quoi peut bien servir l’école ? 

Bref, si nous partageons l’étonnement de Jean-Pierre Proulx quand il dénonce les promesses électorales du PLQ que ses gestes au pouvoir contredisent, nous pensons que le mal est bien plus profond et que le besoin de liberté est bien plus grand.






[1] Conférence de presse du 18 avril 2008. Voir : » Le cours de culture religieuse obligatoire »

[2] Gazette de Montréal, 12 décembre 2007.

[3] Voir compte rendu du procès de Drummondville où les journalistes présents à cette conférence de presse étaient convoqués à témoigner.


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