jeudi 27 février 2025

Allemagne — petite victoire du centre droit, forte progression de la droite identitaire (m à j. vote des musulmans)

De nombreux partis s’imaginent à tort que les musulmans d’Allemagne n’ont pas une grande influence sur le résultat des élections.

Un sondage réalisé par le Forschungsgruppe Wahlen (FGW) le jour des élections montre le comportement électoral des musulmans en Allemagne.

Le succès électoral de Die Linke (ex-communistes) est en grande partie dû aux musulmans. Le SPD (socialistes et le BSW [gauche anti-guerre, anti-immigrationiste] seraient encore plus faibles sans les musulmans.

Selon le sondage réalisé par le Forschungsgruppe Wahlen [FGW] le jour des élections:

  • 29 % des musulmans auraient voté pour Die Linke [anciens communistes],
  • 28 % pour le SPD [socialistes],
  • 16 % pour le BSW,
  • 12 % pour la CDU/CSU [centre droit],
  • 6 % pour l’AfD [droite identitaire] et
  • 4 % aux Verts.

Le vote musulman pour le FDP serait de 0 % [arrondi].

Les musulmans votent résolument à gauche. Die Linke [ancien communiste] et le SPD [socialiste] récolteraient ensemble 57 % des votes musulmans. Les Verts [écologistes de gauche] et le FDP [libéraux] n’entreraient pas au Bundestag. La coalition rouge-rouge [c.-à-d. communiste + socialiste] obtiendrait ainsi une majorité des deux tiers auprès des musulmans. Mais le BSW, qui a échoué de peu à entrer au Bundestag avec seulement 4,9 %, obtient lui aussi des résultats supérieurs à la moyenne auprès des musulmans.

Les musulmans représentent environ 7 % de la population totale. Plus de 3 millions de musulmans sont des citoyens allemands, dont on estime que 2,6 millions ont le droit de vote. Des études ont montré que le taux de participation des Allemands issus de l’immigration était par le passé d’environ 65 % [2021].


Vote des musulmans en 2025
 
Les musulmans représenteraient ainsi 4,2 % de l’électorat. Si l’on se base sur le chiffre moyen de 2021, le vote des musulmans représenterait  :
  • 11,2 % des voix pour Die Linke [ex-communiste],
  • 10,9 % des voix pour BSW [gauche anti-immigration, anti-guerre],
  • 5,8 % des voix pour le SPD [socialistes].

Ce sont surtout les positions des partis sur la guerre à Gaza et la montée en puissance de l’AfD qui auront été importantes pour les musulmans.

Die Linke, BSW et SPD ont un taux d’adhésion supérieur à la moyenne parmi les musulmans. La CDU/CSU, les Verts, l’AfD et le FDP sont bien en dessous de la moyenne nationale auprès des musulmans. Les Verts ont perdu massivement leur confiance.

Autre fait intéressant : l’AfD est certes extrêmement en dessous de la moyenne chez les musulmans, mais on peut voir qu’une partie des musulmans adhère à ce parti.

Il n’est pas possible de faire une comparaison claire entre 2025 et 2021 en ce qui concerne le comportement électoral des musulmans.

Vote des Turcs en 2021

En 2021, de telles données n’ont pas été collectées. Mais il y a une grande intersection avec les Allemands d’origine turque. En 2021, 39 % d’entre eux avaient voté SPD à Duisbourg. Avec 13 %, Die Linke était certes aussi plus forte que la moyenne, mais pas au niveau de 2025. Les Verts avaient encore obtenu un bon résultat et la CDU avait également obtenu un score convenable. En résumé : les Verts, le FDP et la CDU ont perdu une grande partie de leur influence auprès des Turcs et des musulmans.


 

Billet du 23 février

La CDU [centre droit], menée par Friedrich Merz, a obtenu 28,5 % des suffrages lors des élections législatives anticipées, dimanche, selon des projections sorties des urnes. Elle pointe loin devant les sociaux-démocrates du sortant Olaf Scholz [16,5 %]. Le parti de droite identitaire l’AfD se classe deuxième [20,7 %] en forte progression [en 2021, 10,3 %]. Le BSW de Sahra Wagenknecht [gauche, anti-immigration, antiguerre en Ukraine] a échoué de peu à franchir la barre des 5 pour cent : selon la Commission électorale fédérale, le BSW a obtenu 4,972 pour cent des scrutins.


 Vote selon le sexe [masculin en foncé, féminin en clair].

Comment lire : 11 % des hommes votent Verts [Grüne], 12 % des femmes.

 Vote selon l’âge

La CDU et son candidat, Friedrich Merz, avaient appelé à un « changement clair » pour l’Allemagne : les chrétiens-démocrates ont été à moitié écoutés. La famille de la droite traditionnelle allemande a remporté les élections législatives, dimanche, mettant fin comme elle le souhaitait à trois années d’une coalition gouvernementale de gauche chaotique. Cette victoire lui donne a priori la main pour diriger un futur gouvernement et mener en ce sens les futures négociations.

Mais le résultat obtenu, inférieur à 30 % des suffrages, et bien qu’en hausse de 5 points par rapport à 2021, laisse un goût amer au centre, qui ressort plutôt esseulé dans un paysage politique désormais fragmenté où poussent les partis plus radicaux, et en particulier l’AfD. Et avec des partenaires eux-mêmes fragilisés : bien qu’incontournables pour former un gouvernement de coalition, les sociaux-démocrates [SPD] subissent une défaite historique. Un résultat « amer », a reconnu le chancelier Scholz, lourdement sanctionné pour sa gestion. Désavoué, il rejoindra le Bundestag comme simple député.

Le scrutin a été marqué par une énorme participation [84 %]. La campagne électorale s’est déroulée dans un climat d’anxiété et de doute marqué par trois attaques terroristes commises par des réfugiés en situation illégale et l’irruption sur la scène diplomatique du nouveau gouvernement américain. Ce dernier a brutalement mis en cause la sécurité dont bénéficie le pays depuis quatre-vingts ans. Pire, Washington, par l’entremise du vice-président JD Vance et du milliardaire Elon Musk, avait appelé à voter pour l’AfD, l’ennemi juré des partis patrimoniaux allemands.

Même si l’impact exact sur le scrutin de ces récents événements demeure incertain, il reste que la droite identitaire [AfD] a doublé son score par rapport à 2021, remportant plus de 20 % des suffrages. Comme le soulignait l’explosion de joie dans l’état-major du parti à 18 heures, c’est bien elle la principale bénéficiaire de cette élection. À défaut de pouvoir gouverner, car boycottée par les partis traditionnels, elle devient, avec ses 150 députés, la première force d’opposition au Bundestag. Ce sera une opposition « constructive », a promis sa chef de file, Alice Weidel, qui a déjà les yeux rivés sur le scrutin de 2029.

Les jeunes électeurs se sont massivement tournés vers l’extrême gauche [Die Linke] et la droite nationaliste [AfD]. Les partis centristes établis de droite [Union] et travaillistes [SPD] ne semblent) plus que l’ombre d’eux-mêmes. 

Si l’on se contente de regarder où l’AfD arrive en tête, ce n’est que dans l’ancienne RDA, ce qui donne l’impression que la montée du parti est un phénomène limité à l’ancienne RDA.

Cela peut rassurer les partisans de la classe dirigeante établie, mais il s’agit simplement d’un artifice lié à l’utilisation d’une mesure discontinue. En réalité, bien qu’il y ait des hauts et des bas, il existe une tendance positive claire en faveur de l’AfD partout en Allemagne, qui commence simplement à un niveau plus élevé à l’Est.

Cette tendance finira par faire basculer certaines régions dans le bleu à l’Ouest, tout comme cela s’est produit en France avec le FN/RN, où les gens avaient également l’habitude de dire que sa montée était limitée à certaines régions parce qu’ils utilisaient la même métrique discontinue, jusqu’à ce que ce ne soit pas le cas. Ils commettaient la même erreur que les commentateurs commettent aujourd’hui à propos de l’Allemagne.

Cela ne se produira probablement non seulement en Allemagne, mais aussi ou déjà dans le reste de l’Europe, et ce pour la même raison principale dans tous les cas, à savoir que les gens sont furieux de l’immigration et que les responsables de la classe dirigeante actuelle continuent de les ignorer.

Il n’y aura sans doute pas d’exception. Il y a quelques décennies on disait que l’Espagne était censée montrer que cette tendance était loin d’être une fatalité parce qu’il n’y avait pas de parti anti-immigration, mais aujourd’hui Vox est solidement implanté dans le paysage politique.

Le commentariat estampillé parle maintenant de l’Irlande, mais cela ne durera probablement pas non plus. Tout pays qui semble être une exception à l’heure actuelle s’avérera ne plus l’être une fois que l’immigration atteint un certain niveau. C’est une loi d’airain de la politique, qui ne se limite même pas à l’Europe, mais comme les « progressistes » tiennent au dogme de l’immigration, ils refusent de s’en rendre compte.

Cette incapacité des élites européennes à se remettre en question et à considérer que les gens ont peut-être des raisons légitimes d’être mécontents au sujet de l’immigration, explique sans doute pourquoi ces mêmes « élites » tentent de se rassurer en se livrant à des sophismes tels que l’utilisation de métriques discontinues pour étudier la montée des partis censés être d’extrême droite et s’accrochent à de sottes théories telles que celle qui explique cette montée par la désinformation russe.
 
 

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