La porte-parole du collectif Ensemble pour le bien commun, mère de trois enfants, agrégée de lettres modernes et ancien professeur en lycée, réagit à la nomination de Najat Vallaud-Belkacem comme ministre de l’Éducation en France. Nous pensons que son diagnostic aura des échos auprès des parents québécois.
Quel signal cette nomination envoie-t-elle aux parents ?
Un signal inquiétant, car elle n’a à son actif que des actions de promotion des revendications LGBT et de préparation des mentalités pour les faire accepter. L’épisode des « ABCD de l’égalité » est révélateur : l’intention affichée, c’était l’égalité homme/femme.
C’est malin, personne ne peut être contre l’égalité homme-femme. Sauf que les contenus pédagogiques promouvaient l’indifférenciation. L’objectif réel des « ABCD de l’égalité » et du dispositif qui va prendre leur suite, c’est de poser le premier terme d’un syllogisme qui consiste à dire : « Un homme et une femme, c’est pareil ; donc un père et une mère, c’est pareil ; donc on peut avoir deux pères ou deux mères. »
Plus largement, Najat Vallaud-Belkacem est représentative de la dimension libérale-libertaire de la gauche ; avec le refus des limites naturelles et biologiques et l’accroissement du marché des désirs à satisfaire, cette nouvelle gauche pactise avec un libéralisme radical.
Son féminisme ne vous convainc pas ?
Malgré son sourire, elle a une conception du féminisme très étriquée ; c’est un féminisme des quotas. Dans la loi sur l’égalité femmes-hommes, par exemple, elle a réduit le congé parental quand il est pris par la mère seule et non par les deux parents : c’est une intrusion dans l’intimité des familles. L’État n’a pas à prescrire un fonctionnement normatif dans les soins à donner aux enfants ou la répartition des tâches ménagères.
On veut nous faire marcher au pas de l’oie ! J’aurais préféré des mesures qui permettent effectivement aux mères de travailler, comme l’ouverture de nouvelles crèches.
Sa nomination n’est-elle pas dans la logique de l’évolution d’une école qui se préoccupe plus d’égalité que de transmission ?
Oui, et c’est mettre les problèmes dans le mauvais ordre : l’égalité ne se décrète pas, elle est le fruit d’une éducation réussie. Aujourd’hui, on demande à l’école à peu près tout : faire des écocitoyens, « changer les mentalités », amener les élèves à s’interroger sur leur orientation et leur identité sexuelle… à peu près tout, sauf l’essentiel, qui est d’apprendre, de transmettre et de travailler. Or c’est bien par l’instruction et par l’effort que l’on peut atteindre l’objectif d’égalité.
Si l’égalité a pris toute la place, n’est-ce pas justement parce que la gauche a un problème avec la notion même de transmission ?
Oui, mais pas seulement. La pensée de gauche souffre de quatre contresens.
Le premier porte sur la transmission : il faut assumer que la relation du maître à l’élève est asymétrique ; la transmission du savoir est une chance pour l’élève et non une contrainte.
Le second porte sur le respect : que faut-il dire aux élèves ? Le respect que vous devez témoigner à vos camarades, ce n’est pas à raison de leur appartenance à telle ou telle catégorie, c’est à raison de votre responsabilité de créer du lien avec votre prochain, quels que soient par ailleurs ses traits distinctifs. La pensée de gauche fonctionne par segments de population : avec des programmes scolaires de lutte contre l’homophobie, les élèves apprendront peut-être que c’est mal de chahuter leurs petits camarades qui leur semblent efféminés (sans être homosexuels pour autant d’ailleurs !), mais alors les incivilités se déporteront sur ceux qui sont trop gros, ou sur ceux qui deviennent des souffre-douleur, parce qu’ils sont plus petits ou plus faibles. Mais si l’on demande aux élèves de pratiquer la vertu de gentillesse avec leur prochain parce qu’il est leur camarade, et pour cette seule raison, c’est beaucoup plus efficace. Dans le privé, la relation avec les parents et les élèves est aussi différente…
C’est le troisième contresens, en effet, sur le principe de subsidiarité. Sur les sujets qui touchent à l’intimité des enfants, donc évidemment en matière de sexualité, l’école ne devrait pas s’arroger le monopole de la parole légitime. Parce que, sur ces sujets-là, tout est fonction du degré de maturité de l’enfant, et les parents sont les mieux placés pour le connaître.
Dernier contresens, enfin, la volonté d’avoir des résultats uniformisés par classe d’âge alors que tous les élèves n’ont pas la même maturité ni les mêmes appétences. La tendance lourde de ces dernières années est celle d’une translation des élèves du public vers le privé, pour ceux qui le peuvent du moins. C’est un camouflet pour l’enseignement public. Or la caractéristique des établissements privés, c’est justement qu’on y valorise la transmission, la gentillesse envers les camarades, on y considère les parents comme les premiers éducateurs de leurs enfants, et les élèves bénéficient d’une attention individualisée. Et tout cela à moindre coût : les effectifs d’enseignants dans les établissements catholiques sont restés stables depuis cinq ans, alors qu’ils comptent 25 000 élèves de plus dans la même période et que les subventions publiques n’entrent que pour moitié dans leur budget.
Le succès du privé ne traduit-il pas surtout la crise de confiance envers une école qui, comme le disait Vincent Peillon, veut arracher les enfants à l’influence de leurs parents ?
De fait, trop de parents ont perdu confiance. Il faut méditer l’épisode des journées de retrait de l’école. Quoi que l’on ait pu dire de son initiatrice ou de certaines outrances, ça a été une réaction instinctive des parents. Des gens qui n’auraient peut-être pas été capables de déjouer les pièges sémantiques de Mme Vallaud-Belkacem, mais qui ont senti au fond d’eux qu’il y avait dans ces « ABCD de l’égalité » non pas des grands principes généraux et sympathiques, mais des éléments fondamentalement malsains. Quel désaveu pour l’école publique que ce vaste mouvement de désobéissance civile !
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Un signal inquiétant, car elle n’a à son actif que des actions de promotion des revendications LGBT et de préparation des mentalités pour les faire accepter. L’épisode des « ABCD de l’égalité » est révélateur : l’intention affichée, c’était l’égalité homme/femme.
C’est malin, personne ne peut être contre l’égalité homme-femme. Sauf que les contenus pédagogiques promouvaient l’indifférenciation. L’objectif réel des « ABCD de l’égalité » et du dispositif qui va prendre leur suite, c’est de poser le premier terme d’un syllogisme qui consiste à dire : « Un homme et une femme, c’est pareil ; donc un père et une mère, c’est pareil ; donc on peut avoir deux pères ou deux mères. »
Plus largement, Najat Vallaud-Belkacem est représentative de la dimension libérale-libertaire de la gauche ; avec le refus des limites naturelles et biologiques et l’accroissement du marché des désirs à satisfaire, cette nouvelle gauche pactise avec un libéralisme radical.
Son féminisme ne vous convainc pas ?
Malgré son sourire, elle a une conception du féminisme très étriquée ; c’est un féminisme des quotas. Dans la loi sur l’égalité femmes-hommes, par exemple, elle a réduit le congé parental quand il est pris par la mère seule et non par les deux parents : c’est une intrusion dans l’intimité des familles. L’État n’a pas à prescrire un fonctionnement normatif dans les soins à donner aux enfants ou la répartition des tâches ménagères.
On veut nous faire marcher au pas de l’oie ! J’aurais préféré des mesures qui permettent effectivement aux mères de travailler, comme l’ouverture de nouvelles crèches.
Sa nomination n’est-elle pas dans la logique de l’évolution d’une école qui se préoccupe plus d’égalité que de transmission ?
Oui, et c’est mettre les problèmes dans le mauvais ordre : l’égalité ne se décrète pas, elle est le fruit d’une éducation réussie. Aujourd’hui, on demande à l’école à peu près tout : faire des écocitoyens, « changer les mentalités », amener les élèves à s’interroger sur leur orientation et leur identité sexuelle… à peu près tout, sauf l’essentiel, qui est d’apprendre, de transmettre et de travailler. Or c’est bien par l’instruction et par l’effort que l’on peut atteindre l’objectif d’égalité.
Si l’égalité a pris toute la place, n’est-ce pas justement parce que la gauche a un problème avec la notion même de transmission ?
Oui, mais pas seulement. La pensée de gauche souffre de quatre contresens.
Le premier porte sur la transmission : il faut assumer que la relation du maître à l’élève est asymétrique ; la transmission du savoir est une chance pour l’élève et non une contrainte.
Le second porte sur le respect : que faut-il dire aux élèves ? Le respect que vous devez témoigner à vos camarades, ce n’est pas à raison de leur appartenance à telle ou telle catégorie, c’est à raison de votre responsabilité de créer du lien avec votre prochain, quels que soient par ailleurs ses traits distinctifs. La pensée de gauche fonctionne par segments de population : avec des programmes scolaires de lutte contre l’homophobie, les élèves apprendront peut-être que c’est mal de chahuter leurs petits camarades qui leur semblent efféminés (sans être homosexuels pour autant d’ailleurs !), mais alors les incivilités se déporteront sur ceux qui sont trop gros, ou sur ceux qui deviennent des souffre-douleur, parce qu’ils sont plus petits ou plus faibles. Mais si l’on demande aux élèves de pratiquer la vertu de gentillesse avec leur prochain parce qu’il est leur camarade, et pour cette seule raison, c’est beaucoup plus efficace. Dans le privé, la relation avec les parents et les élèves est aussi différente…
C’est le troisième contresens, en effet, sur le principe de subsidiarité. Sur les sujets qui touchent à l’intimité des enfants, donc évidemment en matière de sexualité, l’école ne devrait pas s’arroger le monopole de la parole légitime. Parce que, sur ces sujets-là, tout est fonction du degré de maturité de l’enfant, et les parents sont les mieux placés pour le connaître.
Dernier contresens, enfin, la volonté d’avoir des résultats uniformisés par classe d’âge alors que tous les élèves n’ont pas la même maturité ni les mêmes appétences. La tendance lourde de ces dernières années est celle d’une translation des élèves du public vers le privé, pour ceux qui le peuvent du moins. C’est un camouflet pour l’enseignement public. Or la caractéristique des établissements privés, c’est justement qu’on y valorise la transmission, la gentillesse envers les camarades, on y considère les parents comme les premiers éducateurs de leurs enfants, et les élèves bénéficient d’une attention individualisée. Et tout cela à moindre coût : les effectifs d’enseignants dans les établissements catholiques sont restés stables depuis cinq ans, alors qu’ils comptent 25 000 élèves de plus dans la même période et que les subventions publiques n’entrent que pour moitié dans leur budget.
Le succès du privé ne traduit-il pas surtout la crise de confiance envers une école qui, comme le disait Vincent Peillon, veut arracher les enfants à l’influence de leurs parents ?
De fait, trop de parents ont perdu confiance. Il faut méditer l’épisode des journées de retrait de l’école. Quoi que l’on ait pu dire de son initiatrice ou de certaines outrances, ça a été une réaction instinctive des parents. Des gens qui n’auraient peut-être pas été capables de déjouer les pièges sémantiques de Mme Vallaud-Belkacem, mais qui ont senti au fond d’eux qu’il y avait dans ces « ABCD de l’égalité » non pas des grands principes généraux et sympathiques, mais des éléments fondamentalement malsains. Quel désaveu pour l’école publique que ce vaste mouvement de désobéissance civile !
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1 commentaire:
Merci. C'est le même constat en Europe. Partout, l'oligarchie détruit l'enseignement. Ils ont la possibilité de la faire à la maison, pourquoi hésiter ? http://l-ecole-a-la-maison.com/
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