lundi 24 août 2020

Leslyn Lewis plus de voix mais moins de points que MacKay et O'Toole au 2e tour, 12 % refusent de choisir entre Mackay et O'Toole

Voici les résultats (en anglais, nous sommes au Canada...) de l’élection à la chefferie du Parti conservateur du Canada (PCC).

 
Quelques impressions :
  • La conservatrice sociale Leslyn Lewis aurait bénéficié d’un seul entretien (moins de 2 minutes) à l’antenne de la CBC/Radio-Canada pendant cette campagne.
  • Cette femme noire termine très fort, plus particulièrement dans l’Ouest (voilà qui met à mal quelques préjugés des gens qui pensent pour nous dans les médias avec nos impôts). 
  • Les deux candidats conservateurs sociaux ont récolté 40 % des voix du premier tour (43 017 + 27 278 = 70 295 voix sur un total 174 404 voix exprimées).
  • Leslyn Lewis a eu plus de voix (60 316, soit 35&nbsp ; %) que Peter MacKay (54 165) et Erin O’Toole (56 907), le transfert des voix de Sloan, autre conservateur social, vers Lewis étant très fort (plus de 63 %). Malheureusement pour elle, le système de points (par circonscription) a plus profité aux deux candidats de l’aile progressiste du PCC.
  • Seuls 4,8 % des partisans de Derek Sloan ont voté pour Peter MacKay au second tour, 20,7 % de ceux-ci ont voté pour Erin O’Toole et 11 % se sont abstenus.
  • Quelque 21 201 électeurs (soit 12 %) n’ont pu se résoudre à choisir entre les deux candidats progressistes à la chefferie. Il semble donc que le mot d’ordre donné par les instances de mouvement comme la Québec Campagne Vie ou Richard Décarie ait été en grande partie suivi. Rappelons que Richard Décarie a éliminé d’autorité, sans explication, de la liste des candidats par la machine du parti bien qu’il ait amassé l’argent et les signatures nécessaires...

 

Quant à la couverture de la SRC de la course à la chefferie...

Rappelons d’abord que le réseau gouvernemental est obligé (par sa constitution) de couvrir ce scrutin, mais qu’elle n’a quasiment pas couvert la campagne conservatrice (la CBC et la SRC ensemble auraient fait un entretien de moins de 2 minutes avec Leslyn Lewis, rien avec Derek Sloan). Au début de la campagne, ces réseaux gouvernementaux ont surtout parlé de leurs deux favoris : le progressiste MacKay et le centriste O’Toole, ensuite ils ont nettement plus parlé des démocrates aux États-Unis. (Voir Diffuseur public : prêche, amalgame et fascination pour la politique américaine aux frais du contribuable.)

La SRC a donc réuni un panel représentatif à sa façon. Tous pensent grosso modo la même chose, même l’ancien sénateur du parti conservateur Michael Fortier sélectionné à cet effet. Tous sont opposés aux candidats de droite Leslyn Lewis et Derek Sloan, les appelant « rétrogrades » et « marginaux », alors qu’ils réunissent plus de 40 % des voix ! Les panellistes et le journaliste ne cachent nullement leur préférence pour les deux candidats de l’aile progressiste du parti.

Patrice Roy trouve des vertus « modernes » (c’est son mot fétiche, il le répétera plusieurs fois) pour décrire Leslyn Lewis : elle est noire, femme et née à l’étranger. Il adopte le prisme communautariste des démocrates américains et du Parti libéral du Canada, sans s’en rendre compte sans doute. Malheureusement, Leslyn Lewis aurait pour le journaliste de mauvais penchants « traditionnels », profamille, antiavortement qui ternissent son image « moderne » de femme de couleur.

Devant, les bons résultats de ces candidats conservateurs au premier tour et devant la possibilité que Leslyn Lewis élimine un des candidats progressiste et centriste avec un bon report des voix des électeurs de Sloan, Patrice Roy reste bouche bée. Michael Fortier disparaît de l’écran. Les autres panellistes encaissent le coup, l’air grave.

Patrice Roy ne comprend pas comment ces deux « rétrogrades » ont pu amasser 2,5 millions de dollars en contribution, alors que ces candidats n’ont aucune exposition médiatique (la SRC/CBC a tout fait dans ce sens !), toute cette organisation conservatrice aurait lieu de manière souterraine, sous le radar de Radio-Canada. On sent un frisson (complotiste ?) passer à l’antenne devant la menace occulte de ces rétrogrades qui osent encore troubler cette course (40 % du vote des membres), mais que l’ancien sénateur Michael Fortier voudrait tant voir chassés du Parti progressiste du Canada, pardon le Parti conservateur du Canada.

Intéressant aussi la manière dont Patrice Roy parle de Derek Sloan qui aurait fait des déclarations « à l’emporte-pièce » sans préciser lesquelles. Ce n’est pas impossible — les politiciens en sont coutumiers — mais en l’absence d’exemples, gageons que souvent il ne s’agissait que de prises de position qui heurtaient les préjugés très conformistes, très politiquement corrects du journaliste-vedette.

Plus grave, un des panellistes, le plus jeune, a accusé Derek Sloan d’avoir dit que la doctoresse Theresa Tam était à la solde la Chine parce qu’elle avait des traits asiatiques. C’est mensonger. Derek Sloan a précisé clairement que la Dre Tam « veut ce qu’elle pense être le mieux pour le Canada. Cependant, elle se fie aux données erronées de l’OMS et de la [République populaire de Chine] pour prendre ses décisions. Cela a littéralement coûté des vies. » Si le panel avait été plus diversifié sur le fond, s’il y avait eu un vrai conservateur en son sein, ce genre de propos injurieux aurait pu être corrigé ou au moins nuancé. Mais voilà, la pensée de groupe, un panurgisme douillet régnait à l’antenne du diffuseur public, comme si souvent. Tout le monde dodelinait gravement de la tête.

Radio-Canada : plus de 1,2 milliard de dollars de subventions par an pour ne pas être informés correctement.

 Panel libéralo-progressiste de la SRC ne réussit pas à cacher son impartialité

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