samedi 5 février 2011

Sondage — 81 % des Québécois craignent que, si l’euthanasie est légalisée, on ne mette fin à la vie des malades sans leur consentement

Les partisans de l'euthanasie aiment bien ressortir un sondage, celui parmi les sondages qui indiquent le plus fort appui pour ce suicide assisté.

La Chambre des notaires du Québec l'a récemment réutilisé et Radio-Canada l'a mis en grand sur son site (en n'insistant pas trop sur le monopole de nouveaux actes notariés qui accompagnerait ce droit à l'euthanasie que recommandent ces notaires) :

« Les sondages révèlent, grosso modo, que 77 % des citoyens du Québec sont en faveur de l'euthanasie. Nous, on le constate dans nos bureaux. »
— Jean Lambert [président de la Chambre des notaires]

L'ennui c'est qu'il existe plein d'autres sondages sur le sujet dont on n'entend jamais parler. Cette question éthique fait l'objet de discussions dans les cours d'éthique et de culture religieuse. Nous croyons donc important de fournir des faits dans cette discussion où l'on entend un peu trop un seul son de cloche.

Voici donc, à titre d'exemple, quelques résultats du sondage Environics Canada réalisé auprès d’un échantillon représentatif de 2 025 adultes canadiens entre le 15 et le 22 septembre 2010. La marge d’erreur pour un échantillon de 2 025 est de 2,2 % 19 fois sur 20. La marge d’erreur pour de plus petits échantillons est plus grande : elle est ainsi, dans ce sondage, pour le Québec de 4,4 % 19 fois sur 20.
  • Lorsqu’on dit aux Canadiens que l’euthanasie est contraire à la loi au Canada et qu’on leur demande s’ils sont pour ou contre la légalisation de l’euthanasie, plus de la moitié est fortement (21 %) ou plutôt (36 %) favorable à sa légalisation alors que le tiers y est fortement (20 %) ou plutôt (13 %) opposé.
  • Le soutien au début du questionnaire pour la légalisation de l’euthanasie est le plus élevé au Québec (69 %) et le plus faible dans les Prairies (47 %).
  • Après avoir entendu une définition de l’euthanasie, une majorité de Canadiens est en faveur d’autoriser légalement un médecin ou un donneur de soins à euthanasier une personne avec son consentement, mais le soutien ferme est légèrement en baisse depuis l’an dernier. Six sur dix sont fortement (22 %) ou plutôt (37 %) en faveur d’autoriser un médecin ou un donneur de soins à euthanasier une personne avec son consentement et un tiers y est fortement (20 %) ou plutôt (15 %) opposé.
  • Depuis 2009, il y a eu une baisse de trois points de la proportion de personnes fortement en faveur de permettre à un médecin ou à un donneur de soins d’euthanasier une personne avec son consentement.
  • Le soutien reste le plus élevé au Québec (69 %). Il est le plus faible au Manitoba et en Saskatchewan (49 %). Depuis 2009, le soutien général est en baisse au Québec (de 6 points). 
  • Le soutien fermement exprimé est considérablement en baisse à Montréal (de 15 points).
  • Lorsqu’on a demandé aux Canadiens s’ils craignaient que des personnes âgées se sentent contraintes d’accepter l’euthanasie pour diminuer les frais des soins de santé si l’euthanasie était légalisée au Canada, une majorité d’un peu moins des deux tiers se dit très (33 %) ou plutôt (30 %) inquiète que cela se produise et un tiers se dit pas très (16 %) ou pas du tout (19 %) inquiet.
  • Depuis 2009, cette inquiétude est en hausse de sept points et la proportion de ceux qui ne s’inquiètent pas est en baisse de cinq points.

Crainte qu’un nombre significatif de personnes malades, handicapées ou âgées 
soient euthanasiées sans leur consentement
2009
  2010
%
%
Très inquiet
41
46
Plutôt inquiet
29
32
Pas très inquiet
14
12
Pas inquiet du tout   
11
8
  • Une majorité dans toutes les régions dit craindre que des personnes âgées se sentent contraintes d’accepter l’euthanasie pour diminuer les frais des soins de santé si l’euthanasie était légalisée au Canada. Cette crainte continue d’être la plus élevée au Québec (75 %) et la plus faible en Colombie-Britannique (52 %). Depuis 2009, l’inquiétude a augmenté en Alberta (de 17 points), en Ontario (de 8 points) et au Québec (de 10 points), particulièrement à Montréal (75 %, en hausse de 17 points).
  • Lorsqu’on a demandé aux Canadiens dans quelle mesure ils s’inquiétaient que la légalisation de l’euthanasie conduise à l’euthanasie d’un nombre important de personnes malades, handicapées ou âgées sans leur consentement, Une forte majorité de huit sur dix se dit très (46 %) ou plutôt (32 %) inquiète de cette possibilité et deux sur dix se disent pas très (12 %) ou pas du tout (8 %) inquiets.
  • Depuis 2009, cette inquiétude est en hausse de huit points et la proportion de ceux qui ne s’inquiètent pas est en baisse de cinq points.
  • Une majorité dans toutes les régions dit s’inquiéter que la légalisation de l’euthanasie conduise à l’euthanasie d’un nombre important de personnes malades, handicapées ou âgées sans leur consentement. Cette inquiétude continue d’être la plus faible en Colombie-Britannique (71 %).
  • Depuis 2009, l’inquiétude a augmenté en Colombie-Britannique (de 14 points), les Prairies (de 6 points) et au Québec (de 8 points), particulièrement à Montréal (de 15 points). La proportion de ceux qui s’inquiètent fortement a augmenté en Ontario (50 %, en hausse de 10 points).
  • Les Canadiens interrogés ont été informés que les soins palliatifs peuvent offrir des solutions de rechange à l’euthanasie pour les patients en phase terminale en gérant la douleur, en prodiguant des soins de réconfort et en soulageant la souffrance jusqu’à la mort naturelle. Lorsqu’on leur a demandé ensuite laquelle des deux options devrait être la priorité du gouvernement, les Canadiens, par une marge de plus de trois à un, choisissent d’investir davantage dans les soins palliatifs (71 %) avant de légaliser l’euthanasie (19 %).
Légaliser l’euthanasie ou investir dans les soins palliatifs ?
2009   2010
%%
Investir davantage dans les soins palliatifs    6971
Légaliser l’euthanasie1819
Les deux également55
Ni l’un ni l’autre21
Ne sait pas/aucune réponse63
  • Ces chiffres sont essentiellement inchangés depuis 2009.
  • Une majorité dans toutes les régions du pays choisit d’investir davantage dans les soins palliatifs, mais cette opinion est plus répandue que la moyenne dans les Prairies (78 %) et moins répandue que la moyenne au Québec (60 %). Depuis 2009, le soutien pour cette option a augmenté en Colombie-Britannique (75 %, en hausse de 11 points) et au Québec (en hausse de 5 points).
  • Les Québécois, par une marge de deux à un, croient que le gouvernement devrait donner priorité aux investissements dans les soins palliatifs (60 %) plutôt que de légaliser l’euthanasie (29 %).
  Con   Lib   NPD   BQParti vert  Indécis
%%%%%%
Investir davantage dans les soins palliatifs  757473517073
Légaliser l’euthanasie161819402216
Les deux également345856
Ni l’un ni l’autre111-*2
Ne sait pas/aucune réponse532134
  • Les opinions sont partagées sur la question de la légalisation de l’euthanasie des nouveau-nés en phase terminale ou gravement handicapés à la demande des parents et avec leur consentement. Moins de la moitié des sondés est fortement (15 %) ou plutôt (30 %) en faveur et la moitié y est fortement (29 %) ou plutôt (20 %) opposée.
  • Les opinions sur l’euthanasie des nouveau-nés en phase terminale ou gravement handicapés à la demande des parents et avec leur consentement varient selon les régions. De nettes majorités s’y opposent au Canada Atlantique (58 %), au Manitoba et en Saskatchewan (57 %), en Alberta (53 %) et en Ontario (51 %). Les opinions sont partagées en Colombie-Britannique (50 % contre, 45 % pour). Une nette majorité y est favorable (55 %) au Québec.
  • Après les avoir renseignés sur l’euthanasie dans les questions précédentes, on a de nouveau demandé aux sondés s’ils étaient pour ou contre la légalisation de l’euthanasie au Canada. Un peu moins de six sur dix étaient fortement (19 %) ou plutôt (38 %) en faveur de sa légalisation et quatre sur dix étaient fortement (23 %) ou plutôt (15 %) contre.
  • À la fin du questionnaire, le soutien pour la légalisation de l’euthanasie est le plus élevé au Québec (69 %) et le plus faible dans les Prairies (48 %).
  • Quoique le soutien global ne diffère pas après information du soutien global au début du questionnaire, l’inquiétude globale augmente parce que ceux qui n’avaient pas d’opinion au premier cité passent dans le camp de l’opposition après avoir été renseignés sur l’euthanasie. L’opposition gagne cinq points et passe de 33 % (premier cité) à 38 % (après information). La proportion de ceux qui n’ont pas d’opinion chute de 8 % (premier cité en début de questionnaire) à 3 % (après information). L’augmentation de l’opposition globale provient surtout de hausses au Canada Atlantique (de 8 points) et en Ontario (de 6 points).

Rapport complet ici








Soutenons les familles dans leurs combats juridiques (reçu fiscal pour tout don supérieur à 50 $)

Le chèque-éducation promet de faire fonctionner le système éducatif

Numéro spécial des Cahiers de l'Éducation [de France] sur le chèque-éducation.

Résumé.

Le chèque-éducation promet de faire fonctionner le système éducatif éducatif de façon plus efficace et plus respectueuse de la liberté des parents et des établissements. Il favorise les bonnes méthodes pédagogiques.

Les familles n'ont aucune envie de confier leurs enfants à de mauvaises écoles. La liberté de gestion des écoles, dans le cadre du chèque-éducation, ne serait limitée que par le contrôle qualité, qui détecterait les pratiques efficaces et informerait le public. La rentabilité financière des établissements dépendrait directement de la satisfaction des familles. Lors d'une création d'établissement un examen préalable d'éligibilité au chèque-éducation permettrait de limiter les risques pour les élèves.

Contrairement à notre système scolaire, sclérosé par l'invulnérabilité de son administration, le chèque-éducation bénéficie d'abord aux moins avorisés.

Sa mise en place demandera qu'une formation politique de premier plan le soutienne dans son programme présidentiel et ose affronter les tenants du monopole public et les syndicats.

Sans une action de sensibilisation persévérante, le chèque-éducation ne restera qu'une belle idée.

Il faudra sans doute commencer par des réalisations partielles.

Lire le cahier (30 pages)



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Histoire récente de l'Afrique — « Carnages » de Pierre Péan

Carnages. Des millions de morts dont le décompte pourrait avoisiner celui des victimes de toutes les guerres depuis 1945. Qui en parle ? Qui s’intéresse à ces « carnages incompréhensibles » ? Rwanda, Kivu, Sud-Soudan, Somalie, Darfour… Invoquer la folie des hommes ne fournit aucune clé d’interprétation ; et l’on ne peut pas se contenter de regarder l’Afrique sous le seul angle des Droits de l’homme ou de la Françafrique.

Étonnamment, ces conflits majeurs n’ont jamais été appréhendés dans leur globalité. Qui ont été les soutiens, voire les promoteurs de toutes ces guerres ? Quels intérêts ont-elles servis ? À contre-courant de tout ce qui s’écrit sur l’Afrique, Pierre Péan expose les logiques stratégiques qui visent à remodeler l’Afrique, et dont les « dégâts collatéraux » ont été d’une ampleur inédite et tragique.

Il nous révèle ainsi les dessous du Grand Jeu africain des puissances occidentales et les affrontements feutrés entre elles. Après la chute du mur de Berlin, les États-Unis, aidés notamment de la Grande-Bretagne et d’Israël, ont décidé d’étendre leurs aires d’influence sur le continent africain, en réduisant notamment le pré carré français. L’instauration du nouvel ordre mondial y a été d’autant plus profonde que l’Afrique est devenue un des principaux terrains du « choc des civilisations » qui a installé, avant le 11-Septembre, l’Est africain dans l’espace conflictuel du Proche-Orient. Les regards braqués sur le Grand Moyen-Orient n’ont pas vu que le Soudan était devenu pour Israël et pour les États-Unis un pays potentiellement aussi dangereux que l’Iran : il fallait donc « contenir » et diviser le plus grand pays d’Afrique.

Les États-Unis, le Royaume-Uni, Israël, la France, le Canada, la Belgique et plus récemment la Chine ont été les belligérants fantômes de ce conflit. Il est temps que l’on tire au clair les responsabilités des uns et des autres.

(Brève discussion sur l'abolition des notes à l'école primaire à la fin)


Grandes puissances: quelles influences sur les Grands Lacs ?



Pierre Péan est écrivain et enquêteur. On lui doit notamment Une jeunesse française : François Mitterrand (Fayard, 1994), La Face cachée du Monde (avec Philippe Cohen, Mille et une nuits, 2003) ; Noires fureurs, blancs menteurs (Mille et une nuits, 2005), Le Monde selon K (Fayard, 2009).

Carnages.
Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique
par Pierre Péan
572 pages
Fayard, Paris, 2010
ISBN : 978-2213638065