dimanche 7 juillet 2024

Les résidents temporaires et les nouveaux immigrants font grimper le chômage au Canada


Les résidents temporaires et les immigrants récents font grimper le taux de chômage au Canada, car un nombre record de nouveaux arrivants accueillis dans le pays sous le prétexte de combler les pénuries de main-d’œuvre ont maintenant du mal à trouver un emploi.

Le taux de chômage des résidents temporaires — y compris les travailleurs étrangers, les étudiants internationaux et les demandeurs d’asile — était de 11 % en juin, selon les calculs de Bloomberg. Sur la base de données comparables, le taux de chômage pour l’ensemble des travailleurs n’était que de 6,2 % le mois dernier.

Les immigrants arrivés au cours des cinq dernières années ont également du mal à trouver un emploi, leur taux de chômage atteignant 12,6 % en juin.

« La plus grande contribution pondérée à la hausse du taux de chômage provient de la catégorie des résidents temporaires », a déclaré Derek Holt, économiste à la Banque Scotia, sur BNN Bloomberg Television en début de semaine.

Dans un récent discours, le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, a reconnu que l’assouplissement du marché du travail canadien avait particulièrement touché les jeunes travailleurs et les nouveaux arrivants. Ils sont également plus susceptibles d’être locataires — un groupe confronté à un stress financier plus important.

Le gouvernement du Premier ministre Justin Trudeau « dispose d’une certaine marge de manœuvre » pour ralentir la croissance des résidents non permanents sans provoquer de pénurie de main-d’œuvre ou de resserrement du marché, a déclaré M. Macklem. Le gouvernement prévoit de réduire ce groupe de résidents de 20 % sur trois ans. Aucune baisse de l’immigration permanente n’est prévue toutefois, au contraire elle devrait encore augmenter pour atteindre 500.000 en 2025.

La contribution des résidents temporaires et des immigrants récents au taux de chômage global a plus que doublé en moins de deux ans, selon les calculs de Bloomberg. Ensemble, ces deux groupes représentent près d’un cinquième de tous les travailleurs qui restent sur le carreau, mais seulement un dixième de la population active.

Statistique Canada ne communique pas directement le taux de chômage des résidents temporaires, mais il peut être calculé à l’aide d’autres données fournies par l’agence. En outre, l’agence ne fournit des données sur le marché du travail par statut d’immigrant que sur la base d’une moyenne de trois mois non désaisonnalisée.

C’est pourquoi le taux de chômage comparable pour l’ensemble des travailleurs en juin est de 6,2 %, plutôt que le chiffre plus couramment cité de 6,4 % — qui reflète un seul mois et est corrigé des variations saisonnières.

Selon les calculs de Bloomberg, le taux de chômage des résidents temporaires a atteint un niveau record de 5,7 % en novembre 2021.

Cela suggère que la décision du gouvernement Trudeau, prise à l’époque de la pandémie, d’assouplir les restrictions imposées aux étudiants et aux travailleurs étrangers s’est peut-être retournée contre lui. Alors que la main-d’œuvre supplémentaire était initialement nécessaire pour pourvoir les postes vacants en 2022, les nouveaux arrivants ont été de plus en plus mis à l’écart à mesure que les postes non pourvus disparaissaient.

Selon M. Holt, la diminution du nombre de résidents temporaires entraînera une baisse du chômage. « Si nous éliminons cette catégorie d’immigration, si nous la ralentissons et si nous l’inversons, le taux de chômage pourrait reculer un peu », a-t-il déclaré.

Il faut parfois des années aux nouveaux arrivants pour s’intégrer pleinement au marché du travail canadien : le taux de chômage des immigrants récents est plus de deux fois supérieur à celui des travailleurs nés au Canada. Mais après une décennie ou plus, les immigrants qui restent trouvent des emplois pratiquement au même rythme que les personnes nées au Canada, selon les données.

Le marché du travail « se divise en deux camps », a déclaré Brendon Bernard, économiste chez Indeed. Les Canadiens qui ont une carrière stable s’en sortent bien, car il n’y a pas eu d’augmentation du nombre de licenciements. En revanche, pour les « pigistes » et les « petits boulots » ou les nouveaux demandeurs d’emploi, le marché est plus difficile.

« L’appétit des employeurs pour l’embauche s’est vraiment refroidi, et la vague de croissance démographique a entraîné une augmentation du nombre de demandeurs d’emploi au Canada », a déclaré M. Bernard.

Source : Bloomberg

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Selon Statistique Canada, l’économie canadienne a perdu 1400 emplois en juin alors que le taux de chômage a atteint son plus haut niveau en plus de deux ans.

Le taux de chômage s’est établi à 6,4 % pour le mois, contre 6,2 % en mai, alors que la taille de la population active augmentait.

Le résultat de juin était le taux de chômage le plus élevé depuis janvier 2022, alors qu’il était de 6,5 %.

Statistique Canada a noté que le taux de chômage connaît une tendance à la hausse depuis avril 2023, ayant augmenté de 1,3 point de pourcentage au cours de cette période.

L’organisme a également indiqué qu’à mesure que le taux de chômage a augmenté, la proportion de chômeurs de longue durée a également fait un bond, 17,6 % des chômeurs en juin ayant été sans emploi depuis 27 semaines ou plus, soit une hausse de quatre points de pourcentage par rapport à l’année précédente.

La baisse globale du nombre d’emplois en juin est survenue alors que l’économie a enregistré une perte de 3400 postes à temps plein, compensée en partie par un gain de 1900 emplois à temps partiel.

L’économiste en chef de BMO, Doug Porter, a souligné que le rapport sur l’emploi fait ressortir que le marché du travail canadien ne peut plus être considéré comme tendu et qu’il penche dans l’autre sens.

« Nous avons appris la semaine dernière que le taux de postes vacants est tombé en dessous des niveaux d’avant la pandémie, et le taux de chômage est désormais en hausse constante », a écrit M. Porter dans un rapport.

Au Québec

Au Québec, le taux de chômage en juin a augmenté de 0,6 point de pourcentage pour atteindre 5,7 %.

Il y avait 4514 600 personnes en emploi, en recul de 0,4 % par rapport au mois précédent. Cela se traduit par une perte de 3200 emplois à temps plein et de 14 500 emplois à temps partiel.

Les plus importants reculs au Québec ont été enregistrés dans les services publics (-5,2 %), les transports et l’entreposage (-1,8 %) et le commerce de gros et de détail (-1,5 %).

Ontario

Bien que l’emploi ait peu varié en Ontario en juin, le taux de chômage y a progressé de 0,3 point de pourcentage pour atteindre 7,0 %, en raison de la hausse du nombre d’Ontariens à la recherche de travail.

Ailleurs dans le monde 

Chômage (Spectator Index, 7 juillet)

🇿🇦 Afrique du Sud : 32,9%
🇪🇸 Espagne : 12,29%
🇹🇷 Turquie : 8,5%
🇦🇷 Argentine : 7,7%
🇮🇳 Inde : 7,64%
🇫🇷 France : 7,5%
🇧🇷 Brésil : 7,1%
🇮🇹 Italie : 6,8%
🇨🇦 Canada : 6,4%
🇩🇪 Allemagne : 6%
🇨🇳 Chine : 5%
🇮🇩 Indonésie : 4,82%
🇫🇷 Royaume-Uni : 4,4%
🇺🇸 États-Unis : 4,1%
🇦🇺 Australie : 4%
🇳🇱 Pays-Bas : 3,6%
🇸🇦 Arabie Séoudite : 3,5%
🇰🇷 Corée du Sud : 2,8%
🇯🇵 Japon : 2,6%
🇲🇽 Mexique : 2,6%
🇷🇺 Russie : 2,6%
🇨🇭 Suisse : 2,3%
🇸🇬 Singapour : 2,1%

Le 8 juillet 1621 — naissance de Jean de la Fontaine

Jean de La Fontaine naquit le 8 juillet 1621 à Château-Thierry et mourut le 13 avril 1695 à Paris.

Poète français de grande renommée, principalement pour ses Fables et dans une moindre mesure pour ses contes, on lui doit également des poèmes divers, des pièces de théâtre et des livrets d’opéra qui confirment son ambition de moraliste.

Proche de Nicolas Fouquet, Jean de La Fontaine resta à l’écart de la cour royale, mais fréquenta les salons comme celui de Madame de La Sablière et malgré des oppositions, il fut reçu à l’Académie française en 1684. Mêlé aux débats de l’époque, il se rangea dans le parti des Anciens dans la fameuse Querelle des Anciens et des Modernes.

C’est en effet en s’inspirant des fabulistes de l’Antiquité gréco-latine et en particulier d’Ésope, qu’il écrivit les Fables qui font sa renommée. Le premier recueil qui correspond aux livres I à VI des éditions actuelles est publié en 1668, le deuxième (livres VII à XI) en 1678, et le dernier (livre XII actuel) est daté de 1694. Le brillant maniement des vers et la visée morale des textes, parfois plus complexes qu’il n’y paraît à la première lecture, ont déterminé le succès de cette œuvre à part et les Fables de La Fontaine sont toujours considérées comme un des plus grands chefs-d’œuvre de la littérature française. Le fabuliste a éclipsé le conteur d’autant que le souci moralisant a mis dans l’ombre les contes licencieux publiés entre 1665 et 1674.


Deux fables

Le laboureur et ses enfants




Travaillez, prenez de la peine :
C’est le fonds qui manque le moins.
Un riche laboureur sentant sa mort prochaine
Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins.
« Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l’héritage
Que nous ont laissé nos parents.
Un trésor est caché dedans.

Je ne sais pas l’endroit ; mais un peu de courage
Vous le fera trouver, vous en viendrez à bout.
Remuez votre champ dès qu’on aura fait l’août.
Creusez, fouillez, bêchez, ne laissez nulle place
Où la main ne passe et repasse. »
Le Père mort, les fils vous retournent le champ
Deçà, delà, partout ; si bien qu’au bout de l’an
Il en rapporta davantage.

D’argent, point de caché. Mais le Père fut sage
De leur montrer avant sa mort
Que le travail est un trésor.

Et en hommage aux cours de justice :

Les animaux malades de la peste
Un mal qui répand la terreur,
Mal que le Ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
La Peste (puisqu’il faut l’appeler par son nom)
Capable d’enrichir en un jour l’Achéron,
Faisait aux animaux la guerre.

Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :
On n’en voyait point d’occupés
À chercher le soutien d’une mourante vie ;
Nul mets n’excitait leur envie ;
Ni Loups ni Renards n’épiaient
La douce et l’innocente proie.

Les Tourterelles se fuyaient :
Plus d’amour, partant plus de joie.
Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis,
Je crois que le Ciel a permis
Pour nos péchés cette infortune ;
Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux,
Peut-être il obtiendra la guérison commune.
L’histoire nous apprend qu’en de tels accidents
On fait de pareils dévouements :
Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence
L’état de notre conscience.

Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons
J’ai dévoré force moutons.
Que m’avaient-ils fait ? Nulle offense :
Même il m’est arrivé quelquefois de manger
Le Berger.

Je me dévouerai donc, s’il le faut ; mais je pense
Qu’il est bon que chacun s’accuse ainsi que moi :
Car on doit souhaiter selon toute justice
Que le plus coupable périsse.
– Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ;
Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;
Eh bien, manger moutons, canaille, sotte espèce,
Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes Seigneur
En les croquant beaucoup d’honneur.

Et quant au Berger l’on peut dire
Qu’il était digne de tous maux,
Étant de ces gens-là qui sur les animaux
Se font un chimérique empire.
Ainsi dit le Renard, et flatteurs d’applaudir.
On n’osa trop approfondir
Du Tigre, ni de l’Ours, ni des autres puissances,
Les moins pardonnables offenses.

Tous les gens querelleurs, jusqu’aux simples mâtins,
Au dire de chacun, étaient de petits saints.
L’Âne vint à son tour et dit : J’ai souvenance
Qu’en un pré de Moines passant,
La faim, l’occasion, l’herbe tendre, et je pense
Quelque diable aussi me poussant,
Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.

Je n’en avais nul droit, puisqu’il faut parler net.
À ces mots on cria haro sur le baudet.

Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue
Qu’il fallait dévouer ce maudit animal,
Ce pelé, ce galeux, d’où venait tout leur mal.
Sa peccadille fut jugée un cas pendable.

Manger l’herbe d’autrui ! quel crime abominable !
Rien que la mort n’était capable
D’expier son forfait : on le lui fit bien voir.
Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.