dimanche 21 avril 2024

Écosse : la Santé publique interrompt la prescription de bloqueurs de puberté pour les mineurs

À la suite du rapport du Dr Hilary Cass insistant sur les « faibles preuves » et le manque de recherches sur les bloqueurs de puberté, la clinique Sandyford de Glasgow, le seul service spécialisé dans les questions de genre en Écosse, a décidé d’interrompre la prescription de bloqueurs de puberté aux mineurs. Quant aux nouveaux patients de 16 ou 17 ans, ils ne recevront plus de traitements hormonaux de changement de genre avant l’âge de 18 ans. Les jeunes qui reçoivent déjà un tel traitement ne seront pas concernés par cette mesure.

Le 18 avril, le NHS Greater Glasgow and Clyde (NHSGGC) a révélé qu’il avait déjà suspendu le traitement de nouveaux patients depuis la mi-mars suite à la décision du NHS England de suspendre la prescription de bloqueurs de puberté.
 
Les bloqueurs de puberté provoquent des problèmes de fertilité « irréversibles »

Selon une étude prépubliée fin mars sur le serveur bioRxiv [1], les bloqueurs de puberté peuvent provoquer des problèmes de fertilité « irréversibles » chez les garçons. Pour arriver à cette conclusion, onze scientifiques de la Mayo Clinic, basée à Rochester, ont analysé les cellules testiculaires de garçons, âgés de 17 ans ou moins, qui avaient pris des bloqueurs de puberté pendant une période allant de 3 à 52 mois, et les ont comparées aux cellules d’un groupe témoin qui n’avait pas pris de bloqueurs (cf. Enfants « trans » : des études, des faits). Parmi les 87 patients inclus dans l’étude, 16 garçons se déclaraient du sexe opposé et 9 d’entre eux prenaient des bloqueurs de puberté (cf. Bloqueurs de puberté : un effet souvent négatif sur la santé mentale des adolescents).

Des preuves « sans précédent »

« Nous fournissons des preuves histologiques sans précédent qui révèlent des réactions néfastes des glandes sexuelles testiculaires pédiatriques à ces traitements », affirment les auteurs de l’étude. Ils ont en effet observé « une atrophie légère à sévère des glandes sexuelles chez les enfants traités par des bloqueurs de puberté ». Un garçon de 12 ans, sous traitement depuis 14 mois, avait « près de 60 % de ses glandes sexuelles “complètement atrophiées” ». Deux patients présentaient des caractéristiques anormales au niveau des testicules observables lors d’un examen physique.

Les scientifiques ont en outre constaté l’apparition de microlithiases, c’est-à-dire de petits amas de calcium dans les testicules. Or une autre étude de la Mayo Clinic a associé ce phénomène à un risque accru du cancer des testicules.

Une nouvelle alarme

Les chercheurs tirent la sonnette d’alarme alors que le site web de la clinique soutient encore que les bloqueurs ne font que « mettre en pause » la puberté sans provoquer de changements physiques permanents. « À notre connaissance, aucune étude rigoureuse n’a été réalisée sur le blocage prolongé de la puberté dans les populations pédiatriques et ses conséquences à long terme sur la capacité de reproduction », soulignent-ils.

Face au manque de données sur les bloqueurs de puberté, plusieurs pays ont mis en place des restrictions ou des interdictions comme la Finlande, les Pays-Bas, la Norvège, la Suède et le Royaume-Uni (cf. Angleterre : le NHS met fin aux bloqueurs de puberté ; Genre aux É.-U. : de nouvelles lois pour protéger les mineurs ; « Transidentification des mineurs » : des sénateurs LR [centre-droit en France] lancent un cri d’alarme).

 
Sources : The Guardian, Libby Brooks (18/IV/2024); BBC, Mary McCool (18/IV/2024), Daily mail, James Reinl (5/IV/2024) ; CNA, Kate Quinones (11/IV/2024) ; Fox news, Melissa Rudy (11/IV/2024), via Généthique

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Réputés singes pacifiques, les bonobos sont plus bagarreurs qu’on ne l’imaginait

Les mâles les plus querelleurs s’accouplent plus souvent avec les femelles, pour une raison qui reste encore à établir.


Il faut se méfier des bonobos. Sous leurs airs pacifiques, ces singes parfois qualifiés de « hippies » cachent en réalité des comportements violents, pas très différents des autres grands primates. À une nuance près. Quand la violence des chimpanzés est souvent intense et aveugle, pouvant aller jusqu’à l’infanticide, celle des bonobos est plus mesurée et ciblée. Les mâles bonobos ne se battent presque exclusivement qu’entre eux et ne s’entre-tuent pas. Une étude menée par la chercheuse française Maud Mouginot, actuellement en poste à l’université de Boston, et publiée dans la revue Current Biology, révèle en outre que ce comportement bagarreur offre plus de succès auprès des femelles..

«De précédents travaux avaient révélé plus d’inégalités reproductives entre les mâles chez les bonobos que chez les chimpanzés, explique Maud Mouginot. Cela pouvait indiquer l’existence d’une compétition intense entre mâles. On a donc voulu étudier et comparer les stratégies d’agression chez ces deux espèces.» Les scientifiques ont observé pendant deux ans douze bonobos mâles de trois communautés dans la réserve de Kokolopori, située au cœur de la République démocratique du Congo, et quatorze chimpanzés mâles de deux communautés du parc national de Gombe Stream, en Tanzanie..

Sociétés matriarcales.

Les deux espèces sont très proches génétiquement mais vivent dans des environnements différents. Les chimpanzés occupent ainsi de vastes étendues d’Afrique centrale, y compris des zones montagneuses où ils doivent rivaliser avec les gorilles ou les babouins pour se nourrir. Les bonobos, quant à eux, ne vivent que dans une partie relativement isolée du bassin du Congo, dépourvue de montagnes et d’espèces concurrentes. Là où les chimpanzés se répartissent sur une plus grande aire géographique et ont commencé à se battre pour des ressources limitées, les bonobos cantonnés au sud du fleuve Congo semblent bénéficier d’un environnement plus tranquille.

Ces deux espèces ont donc un comportement très différent. Les chimpanzés évoluent dans un environnement patriarcal. Les mâles forment des coalitions qui patrouillent sur un territoire. «Les rencontres intergroupes de chimpanzés sont impossibles, commente ainsi Maud Mouginot. Car, en fonction du nombre d’individus dans chacun des groupes, le risque qu’ils s’entre-tuent est très important ! ».

À l’inverse, les bonobos sont beaucoup moins nombreux (environ 15.000 individus restants selon l’union internationale pour la conservation de la nature, UICN) et vivent dans des sociétés matriarcales. Les interactions amicales entre les communautés sont courantes et fréquemment marquées par des démonstrations d’activité sexuelle enthousiastes. Ils sont notamment connus pour leurs comportements homosexuels très répandus, notamment chez les femelles, et pour leur propension à partager leur nourriture. « Il y a eu une tendance à sous-estimer, a priori, la violence chez les bonobos à cause de ces comportements que l’on considère très amicaux », commente Maud Mouginot. Il faut aussi rappeler qu’aucun meurtre de bonobo par un congénère n’a jamais été documenté dans la littérature scientifique, ce qui allait aussi dans ce sens..

Pourtant, les analyses de l’équipe de Maud Mouginot montrent que les mâles bonobos avaient presque trois fois plus d’interactions agressives que les chimpanzés, et trois fois plus d’altercations physiques. Si aucune des rencontres ne s’est avérée mortelle, les bonobos n’ont pas hésité à pousser, frapper ou mordre leurs adversaires. La violence est donc un trait commun aux deux espèces, que l’on retrouve au passage également chez leur plus proche cousin commun, l’être humain. Il est donc probable qu’on la retrouve également chez un ancêtre commun et qu’elle ait ensuite dérivé de différentes manières.

Un moyen d’éliminer les rivaux.

« Chez les chimpanzés, les mâles sont très agressifs envers les femelles et les contraignent à avoir des rapports sexuels, explique Maud Mouginot. C’est un comportement que l’on ne retrouve pas du tout chez les bonobos.» Les femelles bonobos sont souvent en position dominante dans leur groupe, et forment des alliances pour stopper les mâles qui pourraient tenter de s’accoupler avec elles. Les mâles n’ont donc que peu d’intérêt à se confronter à elles. « À l’inverse, la violence entre mâles chez les chimpanzés est beaucoup plus dangereuse, continue la scientifique. Car en s’en prenant à un individu, on peut se retrouver face à tout un groupe. Ce qui peut expliquer que, quoique plus agressifs, les mâles chimpanzés se battent moins souvent entre eux. Ils ont beaucoup plus à perdre. »

L’agressivité des bonobos entre mâles pourrait aussi jouer un rôle dans la reproduction. Les scientifiques ont noté que les femelles bonobos s’accouplaient plus souvent avec les mâles les plus agressifs. « On ne sait pas quel mécanisme il y a derrière cela, explique la scientifique. Ce n’est peut-être pas un choix des femelles. Mais en éloignant leurs rivaux potentiels, les mâles agressifs passent plus de temps auprès des femelles.» Plus qu’un outil de séduction, les auteurs pensent ainsi que l’agressivité serait un moyen d’éliminer les rivaux.

De précédents travaux avaient aussi montré que des mères bonobos de haut rang pouvaient aider leurs fils dans les combats entre mâles, les présentant même à des femelles fertiles et allant jusque monter la garde pendant l’accouplement. «Ces résultats nous interrogent sur la notion de conflit chez les grands singes», juge Maud Mouginot. Les rapports entre les individus sont bien plus complexes qu’on a pu le penser par le passé. Si les bonobos conserveront encore longtemps leur réputation de singes « hippies » adeptes de la cabriole, il ne faut pas oublier que, pour eux, faire l’amour, c’est aussi faire la guerre.

Source : Le Figaro