lundi 21 janvier 2013

États-Unis — 40 ans après sa légalisation, l'avortement soulève de plus en plus de contestations

Voilà quarante ans qu'un droit à l'avortement a été garanti par des juges de la Cour suprême des États-Unis.

Tandis que les « pro-vie », opposants à l'avortement, marqueront cet anniversaire en défilant devant la Cour Suprême le 25 janvier, les pro-avortement, organiseront réunions, dîners et conférences à l'échelle locale.

C'est par la décision Roe [nom fictif] contre Wade du 22 janvier 1973, que « la Cour suprême des États-Unis décidait que le droit à l'avortement était, selon elle, un droit fondamental garanti par la Constitution. À l'origine de cette décision, Jane Roe, « une mère célibataire enceinte pour la troisième fois, [qui] avait attaqué la constitutionnalité de la législation texane qui faisait de l'avortement un crime ». La décision, prise à sept voix contre deux et qui « a fait jurisprudence dans une majorité d'États américains où des lois similaires étaient en vigueur », précisait ainsi que « le droit au respect de la vie privée, présent dans le 14e amendement de la Constitution [...] est suffisamment vaste pour s'appliquer à la décision d'une femme de mettre fin ou non à sa grossesse ». Alors que la haute juridiction donnait raison à la plaignante, celle-ci est depuis, devenue une militante opposée à l'avortement.

Aujourd'hui, le « droit à l'avortement&nbsp:» est de plus en plus contesté. En mai 2012,Gallup affirmait qu'il n'y avait jamais eu aussi peu de pro-avortement, puisque ce soutien était tombé de 56 % en 1995 à 41 % aujourd'hui. Alors que ceux s'affirmant pro-vie sont passés de 33 % il y a 18 ans à 50 % de la population aujourd'hui.

Cela se perçoit notamment par le nombre de lois relatives à l'avortement passées au niveau des États fédérés et soutenues le groupe de pression pro-vie. On en compte 92 en 2011, et 43 en 2012. Elles concernent la limitation des avortements tardifs, l'interdiction de remboursement de l'opération par l'assurance-santé, l'obligation de pratiquer une échographie, ou encore, l'allongement du délai de réflexion.

Jeanne Monahan, présidente de la Marche pour la vie américaine explique qu'ils ne peuvent « amender la décision Roe c. Wade dans un avenir immédiat », ils travaillent donc « à l'échelle des États pour faire promulguer des lois assurant un consentement éclairé ». Seuls quatre médecins pratiquent encore aujourd'hui des avortements tardifs pendant les trois derniers mois de la grossesse. Chassés de plusieurs États, et exerçant aujourd'hui dans le Maryland, le Colorado, ou le Nouveau-Mexique, ils font l'objet d'un documentaire « After Tiller », salué au festival des films indépendants Sundance.


Mme Roe, de son vrai nom Norma McCorvey, est maintenant une militante anti-avortement

Ils dénoncent des « barrières institutionnelles » et une « profession très stigmatisée » : « si vous pratiquez les avortements, il est très difficile de travailler dans un hôpital, car ces derniers n'aiment pas les docteurs qui procèdent aux avortements, qui sont presque tous réalisés en cliniques privées » observe le docteur Susan Robinson. Pour l'instant une seule femme s'est présentée pour être formée par eux, et prendre leur relève, sinon « personne n'est candidat ».

Toujours sur le continent américain, le Brésil interdit fermement l'avortement sauf en cas de viol ou de danger pour la vie de la mère. Une célèbre chanteuse portugaise, Maria Adelaide Mengas Matafome Ferreira, « a été inculpée au Brésil pour avoir aidé sa fille de quinze ans, à avorter » alors qu'elle se trouvait au Brésil. Le petit ami de cette adolescente et sa mère sont, eux aussi, inculpés par la police brésilienne. La jeune fille avait été hospitalisée en raison d'une forte hémorragie, après avoir pris des médicaments importés au Brésil via une organisation néerlandaise, pour mettre fin à se grossesse.





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