dimanche 17 décembre 2023

Grand remplacement du français par le pendjabi au Manitoba ?

Alors qu’en 2021 seules 14 715 personnes disaient parler le français le plus souvent à la maison au Manitoba, 29 395 déclaraient plutôt parler le pendjabi à la maison, soit plus de deux fois plus. Le tagalog (philippin) est parlé pour sa part par 33 565 personnes à la maison. En 1870, le français dominait comme langue au Manitoba.

Le Ô Canada a été écrit à l’origine pour la cérémonie de la Saint-Jean-Baptiste de 1880, jour de fête nationale des Canadiens français (y compris les Franco-Manitobains à l’époque donc). Chant patriotique canadien-français, l’hymne a été repris par les Canadiens anglais avec des paroles très différentes soumises à des révisions multiples. Ces paroles pourraient encore être modifiées prochainement (voir Canada anglais : moitié des sondés pour que l’hymne national dise « sur des terres autochtones » plutôt que « pays natal »).

La capitale du Manitoba, Winnipeg, est donc « entrée dans l’histoire » en y interprétant l’hymne national du Canada en pendjabi pour la première fois dans la Ligue nationale de hockey (LNH, ligue qui est en fait binationale…)
 
Notons que la foule ne reprend d’une voix virile que « True North » (le vrai Nord) qui est un cri de ralliement identitaire (à l’origine vrai et fidèle à la Couronne Britannique par rapport aux États-Unis). Chez certains, ce terme souligne la fierté de faire partie d’un peuple qui serait plus coriace que le Sud indolent et efféminé. Enfin, une autre expression « Great White North » (Le Grand Nord blanc) serait pour d’aucuns une référence à un pays moins sang-mêlé, plus germanique, et pas uniquement une description géographique et climatique. La version originelle de l’hymne national (en français donc) ne mentionne pas le Nord.
Rappel
 
À l’entrée dans la confédération de la province du Manitoba en 1870. À ce moment les anglophones d’extractions britanniques étaient approximativement de 5 % de la population totale. Les descendants des Français et métis francophones formaient 40 % de la population et les Autochtones majoritaires 45 %. La province est alors officiellement bilingue, les lois sont publiées en français et en anglais, des écoles enseignent en français.

En 2021, 37 750 personnes parlaient le français régulièrement (mais pas nécessairement le plus souvent) à la maison (2,8 % de la population), il est inférieur au nombre de personnes nées dans des familles francophones. Ce chiffre est en baisse constante.




 
Voir aussi
 
« Le français hors Québec ? C'est terminé. » Sauvons les meubles... Passons à l'unilinguisme territorial. Un Québec unilingue francophone.

Hommes investissent conférence réservée aux femmes en s'inscrivant comme non-binaires

Un événement censé favoriser la carrière des femmes et des travailleurs technologiques non binaires s’est transformé en un nouveau symbole du déséquilibre entre les sexes dans le secteur, après que les hommes qui s’identifient comme tels se sont présentés en masse.

La Grace Hopper Celebration porte le nom d’une pionnière de l’informatique et se présente comme le plus grand rassemblement annuel de femmes et de personnes non binaires travaillant dans le secteur des technologies.

Les billets pour cet événement de quatre jours, qui s’est déroulé à Orlando, en Floride, fin septembre, allaient de 649 à 1 298 dollars et donnaient la possibilité de rencontrer en tête-à-tête des partenaires tels qu’Apple, Amazon, Salesforce et Google.

Avec quelque 30 000 participants par an, cette exposition sur les carrières constitue un espace compétitif, selon d’anciennes participantes.


Des vidéos postées sur les réseaux sociaux ont montré des scènes d’hommes se pressant autour des recruteurs, courant dans les lieux de l’événement et se frayant un chemin devant les femmes pour obtenir un créneau d’entretien.

Plusieurs participants à la conférence ont déclaré à NPR qu’il y avait un rapport 40/60 entre les hommes et les femmes, en particulier à l’exposition sur les carrières.

« D’après ce que j’avais entendu, je m’attendais à ce qu’un demi-pour cent à 1 % des participants soient des hommes », a déclaré Morgan Young, étudiant en informatique à l’université du Nevada, à Reno, qui crée également du contenu pour les travailleurs de la technologie en début de carrière sur les médias sociaux.

« J’ai entendu dire que c’était comme le festival de la technologie pour les femmes. C’est censé être amusant et collaboratif », a-t-elle déclaré lors d’une interview accordée à NPR cette semaine. « Mais l’ambiance était si différente. On pouvait sentir la férocité dans l’air ».

Certains participants avaient menti sur leur identité sexuelle lors de leur inscription à la conférence, a déclaré Cullen White, responsable de l’impact d’AnitaB.org, l’organisation à but non lucratif qui organise la conférence.

Les emplois dans le secteur de la technologie étaient autrefois une valeur sûre pour les travailleurs à la recherche d’une carrière stable et lucrative. Mais la vague de licenciements qui a touché l’ensemble du secteur au début de l’année a laissé des centaines de milliers de travailleurs sans emploi.

Les femmes ont été touchées de manière disproportionnée par ces réductions, représentant 69,2 % de l’ensemble des licenciements dans le secteur de la technologie, selon le Women Tech Network. Ce phénomène s’ajoute au déséquilibre persistant entre les hommes et les femmes dans le secteur. Selon les dernières données disponibles du ministère américain du Travail, les femmes n’occupent que 26 % des emplois dans l’ensemble des professions des STIM et encore moins — 24 % — dans les domaines de l’informatique.

La pression est encore plus forte pour les travailleurs internationaux de l’industrie, qui risquent de perdre leur visa s’ils ne trouvent pas rapidement un emploi.

« Nous avons un délai d’environ 90 jours », explique Anusha Das, étudiante internationale diplômée en systèmes d’information à l’université de Northeastern. « Il y a de la concurrence. Le marché de l’emploi est mauvais. Il n’y a pas de grâce pour nous, vraiment ».

Mme Das a indiqué qu’elle avait manqué la plupart des autres ateliers et panels de la conférence pour faire la queue pendant une heure afin d’obtenir un entretien de deux minutes avec des recruteurs.

Dans l’une de ces files, elle dit avoir entendu un groupe d’hommes utiliser avec désinvolture des insultes misogynes dans sa langue maternelle, l’hindi. Dans une autre, elle a vu un groupe d’hommes se séparer pour former une nouvelle file d’attente, coupant ainsi l’herbe sous le pied des personnes qui attendaient patiemment.

Source : NPR

Voir aussi

États-Unis — 34% des étudiants blancs ont menti sur leur race pour être admis ou bénéficier d'aides

Les cris d'orfraie lassants des universités anglophones au Québec

Un texte de Joseph Facal dans le Journal de Montréal. Rappelons qu’en Belgique néerlandophone les universités de Gand et de Louvain, à une époque francophones, ont été néerlandisées. Pour l’Université catholique de Louvain, la section francophone a dû déménager en Wallonie, ce qui fut l’occasion de fonder en 1971 une nouvelle ville, Louvain-la-Neuve.

Je ne vois pas pourquoi le gouvernement du Québec — donc vous et moi — devrait subventionner des gens qui viennent ici parce que c’est moins cher et qui, dans leur immense majorité, repartiront une fois leurs études terminées.


Les complaintes de nos institutions anglophones sont aussi assommantes et prévisibles que le retour de la mauvaise musique à Noël.

[Recul de Legault quant aux droits de scolarité]

Le gouvernement Legault voulait faire passer de 9000 à 17 000 dollars les droits de scolarité des étudiants du reste du Canada qui s’inscrivent dans nos universités anglophones.

Ce sera finalement 12 000 dollars. [On ne sait pas vraiment pourquoi il a a reculé.]


L’université McGill dont la fondation fut financée à même les revenus des biens des Jésuites saisis par la Couronne britannique en 1800 à la mort du dernier jésuite au Canada.

Faits


McGill et Concordia chialent quand même.

Le gouvernement Legault maintient par ailleurs l’introduction d’un prix plancher de 20 000 dollars pour les étudiants internationaux, le reste variant selon les disciplines.

Les sommes ainsi générées, environ 125 millions par année, seraient redistribuées aux universités francophones.

Selon McGill, cette politique serait basée sur « des impressions ». Vraiment ?

Au Québec, il y a environ 75 % de citoyens de langue maternelle française, 8 % de langue maternelle anglaise, et 17 % d’autres langues maternelles.

Les chiffres varient selon que vous examinez la langue maternelle, la langue parlée le plus souvent à la maison, etc. Mais ça vous donne une idée.

Les universités anglophones accueillent 25 % de toute la clientèle universitaire et reçoivent une proportion encore plus importante du financement.

Pourquoi ? Il y a trois catégories d’étudiants : les résidents du Québec, qui paient les droits de base, ceux du reste du Canada, qui paient plus cher, et les étrangers (les non-Canadiens), qui paient encore plus cher.

McGill, pour ne parler que d’elle, reçoit beaucoup plus d’étudiants des deux dernières catégories, les plus payantes, que les autres universités.

En 2022, 51,2 % des étudiants de McGill n’étaient pas des résidents du Québec.

Je ne vois pas pourquoi le gouvernement du Québec — donc vous et moi — devrait subventionner des gens qui viennent ici parce que c’est moins cher et qui, dans leur immense majorité, repartiront une fois leurs études terminées.

Il n’est que normal que la politique québécoise de financement universitaire serve d’abord les intérêts de la majorité francophone.

Mais il y a plus que les droits de scolarité.

Le financement des universités inclut aussi les subventions de fonctionnement du gouvernement du Québec, les dons privés, les ventes de produits, les revenus de fondations, les fonds d’immobilisation, et les sommes provenant des fonds fédéraux et québécois finançant la recherche.

Si vous tenez compte de tout, les universités anglophones reçoivent environ 30 % de plus par étudiant que les universités francophones.

Cet écart dépasse le milliard annuel, très loin des 125 millions que l’on veut redonner aux établissements francophones.

Cette péréquation était d’ailleurs en vigueur jusqu’en 2015, avant que Philippe Couillard ne la change pour plaire aux anglophones.

Début

Ces revenus supplémentaires des universités anglophones servent aussi de levier pour attirer plus d’argent et pour mieux négocier avec les banques. L’argent attire l’argent.

Pire encore, voyant que c’est l’anglais qui attire, que font HEC et l’UQAM ? Ils offrent plus de cours d’anglais !

If you can’t beat them, join them!

Les mesures annoncées par le gouvernement Legault ne devraient être qu’un début.


Universités anglophones : voici le niveau très moyen de français que devront atteindre les étudiants étrangers

Au terme de leur baccalauréat (licence), 80 % des étudiants étrangers qui fréquentent une université anglophone devront au moins être en mesure de réserver une chambre d’hôtel au téléphone en français, selon les nouvelles exigences de francisation mises en place par le gouvernement Legault.  

Dans un effort pour convaincre Québec de reculer sur la hausse des droits de scolarité, les universités McGill et Concordia ont proposé le 6 novembre dernier de mettre en place des cours de français obligatoires pour franciser 40 % de leurs étudiants non francophones. Selon cette proposition, ces étudiants auraient atteint le niveau 6 de l’Échelle québécoise des niveaux de compétence en français.

Malgré un « accueil favorable » de cette suggestion, le gouvernement a finalement conclu qu’elle ne répondait pas à ses attentes, après les analyses du ministère, écrit la ministre.

« Pour inverser le déclin du français au Québec, nous pensons qu’il faut impérativement viser des cibles plus ambitieuses », souligne-t-elle.

Réserver une chambre d’hôtel

Le gouvernement veut que plus d’étudiants connaissent un peu de français, mais qu’ils atteignent un niveau moindre. Plus précisément, les universités devront franciser 80 % des nouveaux inscrits non québécois dans un programme d’étude anglophone à partir de l’année 2025-2026 pour toucher du financement public. Mais plutôt qu’un niveau 6, Québec ne demandera qu’un « niveau 5 [sur 12] à l’oral ». Aucune exigence à l’écrit ne sera imposée.

Selon le cabinet de la ministre Déry, il s’agit d’un niveau « réaliste et atteignable ». Pour atteindre cet échelon, les étudiants devront être capables de communiquer dans un contexte « prévisible », « peu exigeant », « parfois formel » et « facilité par l’aide ponctuelle d’une personne interlocutrice », indique l’échelle québécoise.

Concrètement, il s’agit d’être en mesure de comprendre l’essentiel, et non le détail, de « l’information transmise par une voisine à l’occasion de l’organisation d’une fête de quartier », et de « réserver une chambre d’hôtel au téléphone ».

Dans son courriel, la ministre Déry confirme également que le gouvernement fera passer de 9000 $ à 12 000 $ par année le tarif minimal des étudiants étrangers et de ceux qui viennent des autres provinces canadiennes. L’université Bishop’s, à Sherbrooke, sera pour sa part exemptée de cette hausse, ce qui signifie que son financement ne sera pas conditionnel à l’atteinte des cibles en francisation.

Une cible « inatteignable », selon McGill

« Cette cible est inatteignable tant sur le plan académique que technique et ne fera que dissuader les étudiants de venir au Québec », s’est insurgé le recteur de l’Université McGill, Deep Saini, dans un communiqué de presse.

M. Saini plaide qu’un étudiant qui n’a aucune connaissance du français aura besoin de « l’équivalent d’une session complète de cours » pour acquérir le niveau de français que demande Québec. « Se voyant dans l’obligation de prolonger leur formation d’une session pour obtenir leur diplôme, les étudiantes et étudiants choisiront en majorité de faire leur formation ailleurs », peut-on lire dans le communiqué.  
Le niveau de français 5 de l’Échelle québécoise

Compréhension orale

– Comprendre l’essentiel d’informations liées à des sujets courants (information sportive au téléjournal)

– Comprendre l’essentiel de descriptions portant sur une situation courante (description d’un poste à pourvoir dans l’entreprise où travaille un ami)

– Comprendre l’essentiel du récit d’une expérience personnelle (récit du séjour à l’étranger d’une collègue)

Production orale

– Raconter une expérience personnelle (raconter le déroulement d’un examen de conduite)

– Expliquer sa décision d’accepter ou de refuser une offre liée à une situation courante (expliquer pourquoi avoir changé de forfait internet)

– Formuler des procédures de quelques étapes pour répondre à des besoins courants (formuler à un ami la procédure d’inscription au Guichet d’accès à un médecin de famille)

D’un point grammatical, le niveau 5 à l’oral comprend :

  • Une variété de verbes à l’indicatif présent
  • Des verbes à l’imparfait
  • Une variété de verbes au passé composé
  • Une variété de verbes au gérondif
  • Quelques verbes au subjonctif présent introduits par il faut que
  • ou pour que
  • L’expression d’une action récente ou en cours (passé composé et présent donc).

Il faut atteindre le niveau 6 (que n’impose pas le gouvernement) pour 

  • Une variété de verbes au futur simple
  • Des subordonnées compléments de phrase
  • La forme passive
  • Des connecteurs courants qui introduisent une illustration, un point de vue
  • Le pronom le dont le référent est une phrase et le pronom en pour reprendre l’information
  • L’emploi conjoint du passé composé et de l’imparfait.

Et le niveau 7 pour :

  • Une variété de verbes au conditionnel présent
  • Des verbes au futur antérieur
  • Des verbes au plus-que-parfait.