dimanche 11 octobre 2009

« Éthique et culture religieuse : la nouvelle religion d'État au Québec. »

Article de Samizdat (Cамиздат) sur le cours d'éthique et de culture religieuse. Extraits ci-dessous. Les intertitres sont de nous.
Alors neutre ou pas neutre le cours ECR ?

Au Québec, nos élites postmodernes semblent à ce point sûres de leur pouvoir sur l'État et la société québécoise qu'elles ne se gênent pas de faire des aveux contradictoires et même dommageables pour leur cause, soit l'imposition du programme d'Éthique et culture religieuse sur tout le système scolaire du Québec.

À titre d'exemple, Denis Watters , autrefois responsable du cours d'ECR au Ministère de l'Éducation, a déclaré publiquement, le 24 avril 2008, sur les ondes de Radio-Canada, à l'émission Maisonneuve à l'écoute, que le programme d'ECR n'est pas neutre :
Maisonneuve — Mais ce qu'on semble nous dire, du côté de mes deux intervenants précédents, c'est que ce n'est pas neutre comme cours.

Denis Watters— C'est-à-dire, ce n'est pas un programme neutre, et je le dis haut et fort : ce n'est pas un programme neutre, en ce sens que c'est un programme qui poursuit la reconnaissance de l'autre et la poursuite du bien commun. Alors, ce sont nos deux grandes balises qui font en sorte que l'enseignant ne pourra pas traiter les choses de n'importe quelle façon. Il ne pourra pas non plus permettre que des actions, que des propos provenant des élèves, qui sont inacceptables, puissent avoir cours.
Cette dernière phrase est intéressante, car s'il y a de la part d'élèves des propos ou gestes jugés inacceptables sur quelle base jugera-t-on de ce qui est acceptable ou inacceptable ? À quel texte sacré se réfèrera-t-on pour établir ce jugement si progressiste ? On voit bien dans la citation qui précède que les auteurs d'ECR, reconnaissent ouvertement la non-neutralité religieuse de ce programme, mais lorsqu'ils sont dans un contexte où de telles affirmations peuvent avoir des conséquences juridiques ou politiques, ils changent rapidement de refrain et nient, nient, nient qu'ECR soit une religion[3]. Par exemple, lors du procès des demandes d'exemption à Drummondville, le témoin expert de l'État québécois, M. Georges Leroux niait tout haut et fort (2009) :
D'abord, nous devons constater, contrairement à ce que soutiennent les requérants, que le programme [ECR] est neutre eu égard aux convictions religieuses et aux positions morales : il ne présente aucune doctrine et ne favorise aucun positionnement moral particulier.
[...]

Aucun respect pour la volonté des parents : ils perpétuent des « préjugés »

Suite à ma présentation aux audiences de la Commission Bouchard/Taylor, le commissaire Gérard Bouchard m'a adressé le commentaire suivant (30 octobre 2007) :
« Une chose m'étonne dans votre [conviction] c'est que vous ne vous montriez pas plus sensible à l'argument de la diversité. Les jeunes enfants, aujourd'hui, avant même qu'ils entrent à la maternelle, ils sont tout de suite confrontés à la diversité religieuse et vous vous voudriez qu'ils attendent qu'ils aient l'âge de 18 ans avant qu'on leur enseigne exactement ce que c'est ces religions-là, ce que ça veut dire. Comme le disait Charles [Taylor] à l'instant, de former, d'assimiler tous les préjugés de la culture véhicule. Donc là ce n'est pas un travail d'éducation qu'il faudra faire, mais c'est un travail de déconstruction, de déformation. Une fois que les préjugés sont en place, vous savez comme moi que... vous êtes un anthropologue, hein, vous travaillez dans l'imaginaire, sans aucun doute. C'est difficile de déraciner un préjugé. Ça m'étonne que vous ne soyez pas plus sensible à ça, car c'est le terrain où naissent les tensions, les conflits, les irrationalités, les extrémismes. Ce cours-là est un moyen d'éviter ça.... »
On voit bien que pour nos élites, le droit des parents de choisir la formation religieuse des enfants qu'ils élèvent est sans intérêt. Le but des concepteurs d'ECR n'est pas de fournir de l'information sur les religions après que les enfants aient le temps de former et d'affermir leurs croyances dans le contexte du foyer familial, mais plutôt de mettre la main sur les enfants avant que cela puisse survenir et de les endoctriner et modeler leur vision du monde afin qu'il soit à l'image des grands penseurs universitaires postmodernes si progressistes et si éclairés ! À quel moment les Québécois ont-ils mandaté le gouvernement d'établir une religion d'État?

[...]

Batman, Spiderman, le Christ, même combat ?

En secondaire 1, une section du manuel de l'élève (ECR — Vivre ensemble 1 par Jacques Tessier, aux éditions ERPI) discute des héros dans le cinéma et les bandes dessinées, avec leurs pouvoirs surnaturels. Quel est le but d'une telle discussion dans un cours de culture des religions? Aucun lien avec la religion à prime abord... Il faut prendre conscience que cela sert le but de rééduquer ou préparer les jeunes esprits, par la suggestion et sans la confrontation directe avec le parent ou les communautés religieuses. On sème des petites graines de doute qui sauront germer bien des années plus tard. Cette attitude de non-confrontation est cohérente avec l'approche de type phénoménologique. Mais le but sera éventuellement atteint : mener l'élève ou la personne que l'on veut déprogrammer ou rééduquer, à la déduction qu'ils feront éventuellement eux-mêmes; ici, face aux héros mythiques des films et BD, déduire que plusieurs autres récits peuvent donc être mythiques, c'est-à-dire faux. Certains seront peut-être attirés par une religion (ex. le bouddhisme), mais ils pourront s'en désintéresser plus tard dans le processus de déconstruction (ex. lors de l'étude de la psychologie pour démontrer l'influence des groupes ou des attentes sur les comportements et perceptions subjectives). Un enfant issu d'une famille musulmane pourra douter de la véracité des faits entourant l'enfance, l'appel et les révélations de Mahomet, et de même un enfant juif pourra douter de la véracité de la Torah ou de la loi de Moise. L'enfant de milieu chrétien pourra faire le lien entre les héros et la naissance miraculeuse et les miracles de Jésus, sa grande sagesse de préadolescent ou sa divinité et résurrection. La suggestion subtile mais présente : Jésus n'est-il rien d'autre qu'un héros mythique, idéalisé ? La réponse espérée par le programme ECR est oui. S'il y a délibérations en classe et que l'on parvient à cette conclusion, évidemment ce n'est pas le cours qui le dit, ni le professeur, mais le groupe est parvenu à cette conclusion de la majorité. L'illusion de la neutralité d'ECR et du MELS reste intacte.

[...]

Qui sont les intégristes intolérants aujourd'hui ?

Le sociologue québécois Gary Caldwell (en 1995-1996, il a été membre de la Commission États généraux sur l'éducation) a fait une observation un peu choquante, mais qui doit être entendu dans le contexte qui nous intéresse (2000:23) :
« De nos jours, on se méfie beaucoup des groupes intégristes. On ne veut même pas les entendre. Mais les vrais intégristes, dans notre société, ce sont souvent ceux qui gèrent l'appareil public. »
Dans la perspective postmoderne, malgré la rhétorique de la tolérance, on constate qu'il n'y a qu'une seule manière de voir les choses qui soit crédible et toute dissidence sur la place publique sera non seulement rejetée, mais étouffée. Tout au plus, la dissidence peut exister dans le monde virtuel de la vie privée, à condition de ne jamais s'exprimer... On n'a qu'à penser à des questions telles que le réchauffement de la planète, aux droits des gais ou le droit à l'avortement. Sur ces questions et sur bien d'autres, on a le choix entre l'illumination des conceptions progressistes et puis, de l'autre côté les ténèbres des préjugés prémodernes. Les centres de pouvoir religieux postmodernes ce sont les médias, l'industrie du divertissement et des milieux universitaires sont tous sous l'emprise d'une hypocrisie manifeste. Nous faisons face donc à une idéologie qui prêche la liberté de pensée et d'expression en toute occasion, mais qui pratique l'intolérance absolue vers toute dissidence.






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« Présenter les religions à l'enfant comme des manifestations de l’esprit créateur humain, tout aussi légitimes que la sienne »

Article intéressant sur la fausse neutralité du cours d'éthique et de culture religieuse.

Extraits :
Le cours d'Éthique et culture religieuse (ECR) à l'école s'appuie officiellement sur les recommandations du rapport et des études coordonnées par le Groupe de travail sur la place de la religion à l'école (dépôt officiel en 1999). Selon l'Étude 1 du rapport Proulx, l'approche phénoménologique était celle privilégiée par un programme étudié et recommandé comme idéal : « Son approche s’inspirait surtout de la phénoménologie » (Ouellet et al., 1999, p. 81).

Ces documents officiels fournissaient le cadre et l'orientation de l'Enseignement culturel des religions pour les devis pédagogiques futurs. Le nom officiel du cours a été changé pour celui d'Éthique et culture religieuse, question de faire davantage ressortir qu'il aborde aussi les points de vue non religieux (et ajoutons parfois très anti-religieux) du monde.

Fait intéressant, dans son rapport officiel, le Groupe de travail sur la place de la religion à l'école a pris une position étonnante, laquelle donnait le ton à la mise en place de l'ECR, pour la décennie qui allait suivre :

« L’un des moyens de développer l’ouverture et la tolérance à l’école est d’initier l’élève aux différentes cultures et aux différentes religions et de les présenter comme des manifestations de l’esprit créateur humain, tout aussi légitimes que la sienne » (note 1).

Tel que prévu dès le tournant de l'année 2000, l'assise de l'ECR est donc, dans le même esprit, celle des sciences humaines et plus particulièrement de la phénomélogie de la religion (voir note 2). L'approche phénoménologique (déjà identifiée dans les orientations de 1998-2000, surtout par la contribution de l'Étude 1), a été confirmée le 10 juin 2009, par le témoignage devant la cour, du philosophe Georges Leroux, spécialiste et pro-ECR dans le procès qui oppose le collège Loyola contre le Ministère de l'Éducation, du loisir et du sport (MELS).

Le témoin a précisé en cour, le 10 juin, que l'approche du cours d'ECR envers les religions n'était pas « phénoméniste », mais plutôt « phénoménologique » (Troisième journée du procès de Loyola contre la ministre Michelle Courchesne : Mercredi 10 juin 2009).

L'approche phénoménologique n'est pas neutre à l'égard des religions qu'elle étudie

Il est important de savoir que la phénoménologie, une philosophie à peine centenaire, appliquée à l'étude des religions, les réduit à la somme de « phénomènes religieux » disparates; une forme de dissection. Toutes les expériences religieuses sont soit humaines, soit psychologiques, soit inexpliquées ou inexplicables; des manifestations qui s'équivalent plus ou moins. Tout est ramené au niveau de la culture. Les plus engagées parmi les religions abordées, sont bientôt interprétées comme inférieures et déséquilibrées (ex. christianisme, judaïsme, islam).

De plus, les religions comparées par bribes (phénomènes), cessent de former un tout.






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