lundi 10 janvier 2011

Déscolarisés, mais instruits

La Presse de Montréal publie depuis une semaine, plusieurs articles sur la déscolarisation et l'instruction à domicile. Extraits et pointeurs ci-dessous.

Ils apprennent à leur rythme. Selon leurs préférences. L'astrologie ici, le roi Arthur là. Ou pourquoi pas la philosophie. Kantienne. Mais la question se pose : comment réussissent les enfants qui ne vont pas à l'école ? Dans ce deuxième volet de notre série sur la déscolarisation, La Presse s'attaque à l'épineuse question des résultats scolaires.

Par définition, les enfants déscolarisés ne passent pas d'examens, fonctionnent sans notes ni bulletins. Difficile, dans ce contexte, d'évaluer leurs apprentissages.

Quelques enquêtes ont néanmoins analysé la performance scolaire des élèves faisant l'école à domicile, un groupe hétérogène à l'intérieur duquel se retrouvent quelques marginaux: les élèves déscolarisés. Les données sont sans équivoque.

Ainsi, d'après un rapport publié en 2007 par l'Institut Fraser sur l'enseignement à domicile (Home Schooling: From the Extreme to the Mainstream), l'un des rares rapports canadiens sur la question, il semble effectivement que les enfants instruits à la maison réussissent systématiquement mieux que ceux qui fréquentent l'école (publique ou privée), et ce, dans tous les domaines. D'après une enquête réalisée auprès de plus de 20 000 familles aux États-Unis, les jeunes instruits à la maison se retrouvent entre le 82eet le 92e  percentile en lecture, et dans le 85e percentile en maths. Globalement, leurs notes oscillent entre le 75e et le 85e percentile, bien au-dessus des jeunes des écoles publiques (dans le 50e percentile), même des écoles privées (entre le 65e et le 75e percentile).

Une enquête canadienne arrive sensiblement aux mêmes résultats: ainsi, les jeunes instruits à la maison se retrouvent dans le 80e percentile en lecture et le 79e en maths, alors que les jeunes instruits dans le système public ou privé se classent dans le 50e percentile.

Un bémol, toutefois. Ces chiffres sont peut-être à prendre avec un grain de sel, étant donné que ces enfants passent les tests qui leur plaisent, surtout au moment de leur choix. Une nuance importante, quand on pense au contexte dans lequel se déroulent la plupart des examens scolaires formels. « Cela étant dit, étude après étude, on note quand même que les jeunes suivant l'école à la maison réussissent mieux que leurs pairs à l'école », fait valoir le rapport de l'Institut Fraser.

À noter, alors qu'il est généralement admis que le niveau d'éducation des parents influence le succès scolaire des enfants, cela ne semble pas être le cas ici : que la mère ait ou non un diplôme (même du secondaire), les enfants instruits à la maison ont des scores entre le 80 et le 90e percentile. Toujours loin devant les élèves du système public ou privé.

Et qu'en est-il des études supérieures? Les institutions universitaires commencent à s'intéresser à ces jeunes instruits différemment, conclut le rapport. Qu'il s'agisse de Harvard, Yale, Stanford ou du MIT, toutes ces universités américaines prestigieuses ont accueilli des jeunes instruits à la maison dans la dernière décennie. Stanford, par exemple, qui a reçu 36 demandes d'inscription de jeunes sans scolarité formelle en 2000, en comptait plus de 100 en 2007. De plus en plus d'institutions ont d'ailleurs des mesures établies pour leur admission (acceptant, faute de bulletins, les portfolios et lettres de recommandation). Au Canada, il s'agit des universités de Toronto, York et Dalhousie, entre autres.

Aucune francophone du Québec apparemment.

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