lundi 11 janvier 2010

Cours ECR : impact sur la société québécoise

Lettre d’opinion, envoyée au Devoir par Jean Morse-Chevrier, présidente de l’Association des parents catholiques du Québec.
D’entrée de jeu disons que la sociologue, Madame Joëlle Quérin, dans son récent travail de recherche sur le cours d’éthique et culture religieuse (ÉCR), met directement le doigt sur un de ses problèmes de fond, en plus du multiculturalisme. Il s’agit d’un endoctrinement des enfants par l’État contre le gré des parents selon une orientation idéologique décidé par l’intelligentsia en place et selon un processus dont la population est exclue.

Le fait que cette nouvelle orientation ne corresponde pas à celle qu’aurait choisie les parents est démontrable par le fait que, jusqu’à l’imposition du cours d’éthique et culture religieuse, la très grande majorité des parents choisissaient une option avec un contenu chrétien.

L’Association des parents catholiques du Québec (APCQ) a, depuis des années, cherché à défendre le point de vue des parents face à un Ministère de l’Éducation qui semble bien déterminé à passer au-dessus d’eux pour décider des contenus que les enfants doivent recevoir, particulièrement dans le domaine religieux et moral.

Le multiculturalisme relativiste

Mme Quérin expose clairement que le but ultime du cours est d’imposer, lentement mais sûrement, une nouvelle façon de penser aux générations futures. Il s’agirait d’une approche multiculturelle relativiste, c’est-à-dire où toutes les convictions doivent être admises comme ayant une valeur égale dans un bain de tolérance à toutes les orientations.

À la fin de 10 ans de cours, les jeunes auront saisi peu de choses valables des religions et des valeurs morales. Pour ce qui est du christianisme ceci est dû au fait que son message central, l’Incarnation du Dieu Sauveur, en est absent et ses récits les plus sacrés sont comparés à des fables. Par contre aucune croyance ne sera désormais jugée digne de confiance car toutes les religions seront devenues interchangeables aux yeux des élèves.

Les enfants croyants sont déjà présentés comme étant des vestiges de l’ancien temps par certains professeurs. Et que penser des mises en scène comme celle vécue dans son cours d’ÉCR par un enfant de 4e année où les élèves s’étaient habillés en religieuses et en pape et faisaient la risée du groupe ? Ou de ce garçon de 3e année dont la mère affirme : « Nous croyons que la vérité c’est qu’il y a un seul Dieu et que son fils Jésus est venu sur la terre pour nous sauver… » Ce à quoi l’enfant répond, suite à son cours ÉCR : « Non, non, non, maman. Ça c’est ce que tu penses. Imagine qu’on est dans un autre pays. On a la même conversation mais la maman dit que la vérité c’est qu’il y a plein de dieux. Par exemple une famille hindouiste. Tout le monde est différent et croit à différents dieux ! » Voilà le multiculturalisme en action !

Un respect mensonger

L’objectif d’ouverture et de reconnaissance de l’autre enrobé sous le libellé encore plus politiquement correct de tolérance font partie des facettes de ce cours dénoncées par Mme Quérin et depuis le début par l’APCQ. Le cours confond le vivre ensemble avec la tolérance de toute croyance et l’ouverture à toute orientation. Comme le souligne Mme Quérin, il ne sera pas toléré qu’un élève prenne parti pour sa propre religion en opposition à celle d’un autre. Au lieu de s’attendre à ce qu’ils acceptent toute culture, religieuse ou athée, l’école pourrait apprendre tout simplement aux enfants à respecter, voire à aimer leurs co-équipiers comme moyen de favoriser le vivre ensemble, sans imposer qu’ils soient ouverts aux croyances des autres.

Suite au cours ÉCR, nous pouvons nous attendre à ce que les enfants de la prochaine génération ne connaissent pas le christianisme ou le connaissent mal, qu’ils aient absorbé des connaissances religieuses sur lesquelles ils ne sauront pas exercer un regard critique et qu’ils croient que toutes les convictions se valent.

Un programme totalitaire

En plus d’accuser une perte de démocratie pour notre société, comme l’affirme Mme Quérin, nous détectons des allures de totalitarisme dans la façon de faire de l’État. Par exemple, le cours ÉCR est imposé aux écoles privées dont la grande majorité a un projet éducatif confessionnel; la population est ainsi privée de toute option réelle en éducation. Ses objectifs et contenus peuvent se retrouver dans toutes les matières et imprégner l’ensemble du curriculum, ce qui ajoute à l’endoctrinement bien identifié par Mme Quérin. Et maintenant que le gouvernement a fait en sorte que la Charte québécoise ne spécifie plus que les programmes scolaires doivent respecter les convictions et croyances des parents, ces derniers se retrouvent sans pouvoir sur toute éducation donnée à l’école, ce pouvoir étant détenu plutôt par l’État.

Pour la culture québécoise il s’agit incontestablement d’une grande perte des valeurs et des points de repère chrétiens qui fondent notre agir ensemble justement. Qu’avons-nous besoin de dévaloriser davantage le rôle parental et celui de la famille? Et les jeunes dans tout cela ? N’ont-ils pas un besoin urgent d’être bien accompagnés dans leur ouverture au monde tout en étant encadrés dans leur raisonnement par les valeurs de leur propre foi ? Mme Quérin nous a bien fait comprendre que le cours ÉCR les mènera malheureusement au contraire de la tolérance des valeurs religieuses et au profit d’une idéologie multiculturelle.

C’est pourquoi, l’APCQ continue de demander que la Charte québécoise reconnaisse à nouveau l’obligation des institutions scolaires de respecter les convictions des parents et leurs choix en éducation, y compris l’éducation morale et religieuse et l’orientation des écoles, dans le respect de la personne humaine.

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Personne contact : Jean Morse-Chevrier, présidente,
Association des parents catholiques du Québec






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