samedi 14 juin 2025

Carney accorderait aux États-Unis un droit de préemption sur les minéraux canadiens

Une mine de lithium près de La Corne, dans le nord du Québec

Le Canada a été le banc d'essai de la politique commerciale et étrangère tumultueuse de Donald Trump ; le président américain avait déjà dans le collimateur son voisin du nord avant même son investiture. Alors que les dirigeants mondiaux se réunissent en Alberta le 15 juin pour le sommet du G7, le Canada est sur le point de consolider sa place à l'avant-garde de la géopolitique trumpienne. Il pourrait bientôt devenir le premier pays à sortir du dédale déroutant des droits de douane et des menaces avec un nouvel accord global sur la sécurité et le commerce.

Le caprice est la marque de fabrique de M. Trump, donc personne ne déclare que l'affaire est conclue. Mais les grandes lignes ont déjà été négociées. M. Trump lèvera les droits de douane sur les exportations canadiennes en échange d'un accès garanti aux minéraux essentiels du pays. Pendant sa campagne électorale, Mark Carney, le premier ministre canadien, a déclaré aux Canadiens que M. Trump voulait « nous briser, afin que l'Amérique puisse nous posséder ». Si l'accord est conclu, il aura peut-être du mal à expliquer pourquoi il a conclu un accord aussi colossal avec M. Trump.

Cet accord était en gestation depuis la visite de M. Carney à la Maison Blanche le 6 mai, une semaine après que son Parti libéral ait remporté un quatrième mandat historique. Lors de la conférence de presse de M. Trump dans le Bureau ovale, M. Carney a déclaré qu'« après avoir rencontré les propriétaires du Canada au cours de la campagne, je peux vous dire que le pays n'est pas à vendre ». Mais lors de discussions privées dans la salle Roosevelt, de l'autre côté du couloir, les contours de la « forteresse Can-Am » étaient déjà en train d'être définis.

Avant de se rendre à Washington, M. Carney a demandé aux fonctionnaires de dresser la liste des produits canadiens dont M. Trump a le plus besoin. Les terres rares et les minéraux critiques figuraient en tête de liste. Un accord continental permettrait aux États-Unis de ne plus dépendre de la Chine pour l'extraction et le raffinage de ces ressources. Ils sont essentiels à la production d'aimants utilisés dans les moteurs, les résonateurs et les systèmes de navigation de tout type d'équipement, des missiles aux avions de chasse. À lui seul, le F-35 Lightning II, l'avion de combat polyvalent commandé par la plupart des pays de l'OTAN, nécessite plus de 400 kg d'éléments de terres rares. Les équipements de haute technologie de toutes sortes, des batteries aux semi-conducteurs, nécessitent des terres rares et des minéraux critiques dont l'approvisionnement est souvent dominé par des pays avec lesquels M. Trump n'aime pas commercer.

Les droits de douane visaient à contraindre les fabricants à s'implanter aux États-Unis, mais ils freinent également les investissements dans l'exploitation minière de ces éléments critiques au Canada. Les négociateurs canadiens invoquent donc l'impératif de sécurité nationale pour obtenir leur levée. Flavio Volpe, directeur de l'association canadienne des fabricants de pièces automobiles, note que la Maison Blanche souhaite rapatrier la production. « Mais elle ne peut pas rapatrier les ressources. »

Des personnes proches des négociations ont affirmé à The Economist que les États-Unis se verraient garantir un droit de préemption sur les ressources canadiennes. C'est un prix considérable à une époque où les pays du monde entier se bousculent pour sécuriser leurs approvisionnements.

Cela pourrait expliquer pourquoi M. Trump souhaite conclure un accord avec le Canada. Mais pourquoi M. Carney travaillerait-il avec un homme qui a déclaré à plusieurs reprises vouloir annexer son pays ? Probablement parce que les droits de douane imposés par M. Trump ne freinent pas seulement les investissements, mais commencent également à nuire aux travailleurs canadiens. Le taux de chômage a atteint 7 % en mai. Pandémie mise à part, il s'agit du taux le plus élevé depuis 2016.

Les économistes affirment que le commerce entre le Canada et les États-Unis est en pleine crise. Le déficit commercial global du Canada a plus que triplé entre mars et avril, passant de 2,3 milliards de dollars canadiens (1,7 milliard de dollars américains) à 7,1 milliards de dollars canadiens. C'est le résultat des droits de douane imposés à une économie qui exportait 76 % de ses produits vers les États-Unis en 2024.

M. Carney s'est engagé à diversifier les options commerciales du Canada afin qu'il ne soit plus jamais aussi dépendant d'un seul partenaire commercial. Mais il faudra des années avant que le Canada puisse échapper à l'attraction du plus grand marché de consommation au monde, si facilement accessible par chemin de fer ou par camion, si tant est qu'il y parvienne un jour. 

L'accès aux minéraux n'est pas la seule chose que M. Carney propose. Pendant la campagne électorale, il a déclaré que le Canada consacrerait l'équivalent de 2 % de son PIB à la défense d'ici 2030. Le 9 juin, il a annoncé une accélération spectaculaire, affirmant que le Canada atteindrait en fait 2 % d'ici mars 2026 en dépensant 9,3 milliards de dollars canadiens supplémentaires (dont la majeure partie sera consacrée au recrutement et à l'augmentation de la solde des soldats).

L'exploitation des minéraux critiques est coûteuse. Les réserves canadiennes d'uranium, de tungstène, de vanadium et de graphite se trouvent dans des régions isolées. Il faudra construire des routes dans des zones sauvages. Des usines de traitement devront être construites là où il y a peu d'infrastructures existantes. Un pacte garantissant des décennies d'activité aux entreprises américaines inciterait probablement les entreprises qui restent actuellement en retrait, avec des réserves de liquidités importantes, à investir dans l'un de ces projets. 

Source : The Economist

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