vendredi 12 août 2022

L'économiste Pierre Fortin : non, le Québec n'a pas besoin de 80 000 immigrants par an

« le Conseil du patronat [CPQ] a tort d’affirmer que l’immigration peut faire diminuer la pénurie de main-d’œuvre pour l’ensemble de l’économie. Cette idée n’est en fait rien d’autre qu’un gros sophisme de composition. »

— Pierre Fortin, économiste.

Le Conseil du patronat en réclame de 80 000 à 100 000 par année. Le gouvernement vise une cible de 50 000. Dans une analyse détaillée que l’Actualité a synthétisée, l’économiste Pierre Fortin tranche le débat en faveur du seuil le moins élevé. Ce n’est pas la première fois que Pierre Fortin dénonce le simplisme du « plus d’immigrants résoudront la pénurie de main-d’œuvre ». Voir la vidéo ci-dessous.

Extraits :

[Estimation de la pénurie qui souffre de deux défauts méthodologiques majeurs]

Malheureusement, cette estimation d’un besoin annuel de 80 000 immigrants permanents présentée par le CPQ souffre de deux défauts majeurs. Ces deux défauts font gonfler démesurément le besoin annuel d’immigrants permanents estimé par l’organisme patronal.

La première des deux failles de l’estimation du CPQ est qu’elle est basée sur les prévisions d’une étude d’Emploi-Québec datant de 2018, donc d’avant la pandémie et forcément périmée, plutôt que sur la mise à jour postpandémique 2021 qu’Emploi-Québec a publiée au début de 2022. Cette dernière repose sur des perspectives économiques renouvelées et prolongées à la période décennale 2021-2030.

En appliquant à cette mise à jour 2021 d’Emploi-Québec la méthode d’estimation que le CPQ a utilisée avec l’édition périmée de 2018, on trouve que le nombre estimatif d’immigrants permanents dont le Québec aurait besoin en moyenne de 2023 à 2030 est de 63 000 plutôt que de 80 000. En employant l’édition périmée de 2018 plutôt que l’édition mise à jour de 2021, le CPQ s’est donc trouvé à gonfler démesurément (de 26 %) le résultat estimé pour les années 2023 à 2026.

Le second défaut de cette évaluation est d’être tenue implicitement pour certaine et de n’accorder aucune attention à la marge d’erreur dans le chiffre de 80 000 avancé, contrairement à la pratique professionnelle de tous les travaux qui reposent sur des hypothèses statistiques faillibles. En supposant, pour fixer concrètement les idées, qu’Emploi-Québec ait surestimé en 2021 la hausse de l’emploi à pourvoir d’un plausible et tout petit 0,1 % par année pour la période 2021-2030, on trouve après correction que le nombre estimatif d’immigrants permanents dont le Québec aurait besoin en moyenne de 2023 à 2030 serait de 53 000 plutôt que de 63 000. Cela ramènerait la réclamation du CPQ à un niveau voisin du taux annuel de 50 000 immigrants permanents par année prévu par le Premier ministre Legault et ses ministres Boulet et Fitzgibbon.

 

Il n’existe pas de lien entre la croissance du PIB par habitant et l’immigration. Aux dernières nouvelles, les immigrés formaient 49 % de la population à Toronto et 7 % à Québec, mais la croissance par habitant de 2001 à 2018 a été deux fois et demie plus rapide à Québec qu’à Toronto. À l’inverse, à Vancouver, le poids important de la population d’immigrés (45 %) n’a pas empêché la région de connaître une performance économique très supérieure à la moyenne.

Un copier-coller de la politique fédérale [et de l’Initiative du Siècle]

Le CPQ ne fait pas que réclamer du Québec qu’il accroisse son taux d’admission à 80 000 immigrants permanents par année de 2023 à 2026, il l’invite également à « tendre idéalement » vers un taux annuel de 100 000 par la suite. Cette cible de 100 000 immigrants permanents par année n’est pas choisie au hasard. Elle équivaut à 22 % des 451 000 immigrants permanents que le gouvernement fédéral vient d’annoncer qu’il admettrait à partir de 2024. Or, 22 % est exactement la part de la population canadienne que représentent actuellement les 8,6 millions de Québécois. La proposition du CPQ pour le Québec est donc un copier-coller de la nouvelle politique fédérale, qu’il appuie sans discussion.

Les lobbys politiques canadiens qui, comme le CPQ, appuient l’accélération de l’immigration canadienne que planifie le gouvernement fédéral sont d’avis qu’elle apporterait trois avantages économiques majeurs au pays : elle résoudrait le problème des pénuries de main-d’œuvre, elle combattrait efficacement le vieillissement de la population, et elle favoriserait la croissance du niveau de vie moyen et du bonheur des gens. Malheureusement, il n’existe aucune preuve scientifique sérieuse de la présence de l’un ou l’autre de ces trois effets bénéfiques présumés.

De faux avantages économiques

Le premier avantage économique présumé est que plus on accueillera d’immigrants, plus la pénurie de main-d’œuvre va s’atténuer. Il est incontestable que le recours à l’immigration fait partie des moyens essentiels de soulager les pénuries de main-d’œuvre particulières des entreprises individuelles. Il doit être encouragé et facilité en réduisant la complexité administrative et les longs temps d’attente.

Mais malheureusement, le CPQ a tort d’affirmer que l’immigration peut faire diminuer la pénurie de main-d’œuvre pour l’ensemble de l’économie. Cette idée n’est en fait rien d’autre qu’un gros sophisme de composition. Ceux qui la défendent « oublient » de tenir compte du fait que les revenus supplémentaires encaissés et dépensés par les nouveaux arrivants finissent par faire augmenter la demande de main-d’œuvre autant que l’offre de main-d’œuvre, de sorte que l’effet net sur la rareté de la main-d’œuvre dans l’économie globale est à peu près nul.

[…] Cette affirmation voulant que l’immigration soit sans effet net sur la pénurie globale de main-d’œuvre est tout à fait conforme aux données de l’expérience. De 2015 à 2019 par exemple, le solde migratoire total du Québec, qui prend en compte l’addition annuelle nette de tous les immigrants permanents et temporaires, a quadruplé, passant de 24 800 à 93 500 personnes. Mais plutôt que de diminuer, le taux de postes vacants a doublé au Québec pendant ce temps, passant de 1,8 % de postes disponibles en 2015 à 3,5 % en 2019. Autre exemple : de 2015 à 2022, bien que le solde migratoire total de la Colombie-Britannique ait dépassé celui du Québec de 65 % à 75 % en proportion selon les années, le taux de postes vacants de cette province était récemment supérieur, et non inférieur, à celui du Québec, s’établissant à 6,5 % là-bas contre 5,8 % au Québec.

Le deuxième avantage économique présumé d’une expansion migratoire comme celle que prévoit le gouvernement fédéral, soit 451 000 immigrants permanents à partir de 2024, est qu’elle aiderait à combattre le vieillissement de la population. Malheureusement, cet espoir est lui aussi contredit par la littérature de recherche, qui a clairement démontré que l’effet de l’immigration sur le rapport de dépendance des personnes âgées est minime, notamment parce que les immigrants arrivent souvent avec leurs vieux parents, puis vieillissent eux-mêmes.

Le troisième avantage économique présumé d’une accélération majeure de l’immigration comme celle que planifie Ottawa est qu’elle favoriserait la croissance du niveau de vie et du bonheur des gens. Mais encore ici, il n’existe aucune preuve scientifique que la croissance du niveau de vie des Canadiens réagirait positivement (ou négativement) à une expansion accélérée de l’immigration et de la population. [On ne sait si le PNB par habitant augmenterait ou diminuerait.]

Les synthèses [des études] produites par les meilleurs chercheurs canadiens en économie de l’immigration ont au contraire fermement conclu que les effets de l’immigration sur le niveau de vie estimés par les nombreuses recherches sur la question sont [au mieux] généralement négligeables. Par exemple, malgré un taux d’immigration 19 fois plus faible que celui du Canada, la Corée du Sud a vu son PIB par habitant (inflation déduite) augmenter 4,5 fois plus que celui du Canada de 2000 à 2019. Et tout près de nous, bien qu’on dénombre sept fois moins d’immigrants à Québec qu’à Toronto, la croissance du PIB par habitant a été deux fois plus importante dans la Vieille Capitale que dans la Ville reine de 2001 à 2018.

[Raisons pour refuser l’augmentation d’immigration]

[…] il est clair que la réclamation maximale du CPQ, de 80 000 à 100 000 par année, doit être rejetée pour au moins quatre raisons.

Premièrement, doubler l’immigration permanente au Québec de 50 000 à 100 000 d’ici la seconde moitié de la présente décennie entraînerait une surcharge administrative impossible au ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI) et aux autres ministères responsables des services publics.

[…]

une explosion migratoire qui ferait passer soudainement le nombre d’immigrants permanents de 50 000 à 100 000 par année serait passablement téméraire sur le plan social. Elle risquerait d’attiser la xénophobie et d’encourager le rejet de l’immigration. On observe déjà cette malheureuse évolution des choses en Europe et aux États-Unis. Les recherches sur le terrain ont décisivement montré que l’introduction trop rapide de l’immigration et de la diversité ethnoculturelle dans une communauté tend naturellement à réduire les relations de confiance, le degré d’altruisme, l’intérêt à coopérer et la cohésion sociale.

[Enfin,] le recrutement et l’intégration des immigrants posent des défis plus difficiles et complexes à relever au Québec qu’ailleurs en Amérique du Nord, parce que la promotion du français, fragile mais essentielle à la protection et au développement de la culture distincte du Québec, doit forcément s’éloigner du principe de personnalité, selon lequel chaque personne choisit librement la langue qu’elle utilise dans l’espace public, en faveur du principe de territorialité en vigueur dans toutes les sociétés d’immigration sauf à Montréal, et voulant que chaque personne utilise dans l’espace public la langue officielle ou majoritaire de la population d’accueil.

Tous ces défis à relever ajoutent à la justification d’une politique générale d’immigration différente au Québec, contrôlée strictement par la province, et planifiant des volumes d’admissions plus modérés qu’au Canada, en conformité avec l’Accord Canada-Québec relatif à l’immigration et à l’admission temporaire des aubains de 1991. La question du taux d’immigration optimal reste ouverte, mais l’idée de poursuivre la « règle » suivie par le MIFI au cours de la période de 15 ans de 2008 à 2022, soit d’admettre un niveau relativement stable de 50 000 immigrants permanents par année, n’est pas mauvaise, car il appert fréquemment qu’« une vieille règle est une bonne règle ».

Qu’adviendra-t-il du poids du Québec dans le Canada ?

Choisir d’accueillir de 50 000 à 55 000 immigrants permanents par année plutôt que de 80 000 à 100 000 comme le voudrait le CPQ par imitation de la politique fédérale aurait deux conséquences démographiques pour le Québec. En niveau absolu, la population du Québec croîtrait moins vite. Selon le plus récent scénario démographique de référence de l’Institut de la statistique du Québec, avec 50 000 immigrants (augmentés plus tard à 55 000), elle s’élèverait à 10 millions d’habitants en 2061, alors qu’elle pourrait atteindre 11,7 millions d’habitants avec les 100 000 immigrants annuels réclamés par le CPQ.

L’effet sur le niveau de vie moyen et le bonheur des Québécois serait à peu près nul, comme c’est le cas pour nombre de petites nations qui sont devenues riches et heureuses sans avoir dû à cette fin poursuivre un rêve de grandeur démographique, politique ou militaire (par exemple la Suisse, la Norvège, le Danemark, l’Autriche, la Suède ou la Finlande).

En niveau relatif, on peut estimer en gros que le poids démographique du Québec dans la fédération canadienne passerait de 22,5 % en 2021 à 19,2 % en 2061 si sa politique d’immigration adhérait aux 80 000 à 100 000 admissions annuelles du CPQ, et à 16,4 % s’il s’en tenait à la politique gouvernementale québécoise actuelle des 50 000 (augmentés plus tard à 55 000). Le poids du Québec diminuerait donc de 3,3 points de pourcentage avec la politique d’immigration des 80 000-100 000 et de 6,1 points, soit 2,8 points de plus, avec celle des 50 000-55 000.

Voir aussi

Et si la diversité diminuait la confiance ?  

L’Institut Fraser : la politique migratoire actuelle coûterait près de 20 milliards par année au Canada [2011]

Les immigrés coûtent de plus en plus cher au Canada : ils coûtent plus de 16 [jusqu’à 23] milliards de dollars par an aux contribuables [2012]

« Le français hors Québec ? C’est terminé. » Sauvons les meubles…

Sondage [fin 2020] — Seuls 17 % des Canadiens interrogés d’accord avec l’importation de 1,2 million d’immigrants en 3 ans

La « diversité » ou la tarte à la crème

Un Québec de plus en plus divers, est-ce vraiment une bonne chose ? 

« Trop de diversité sape les fondements de la solidarité » 

Étude — Baisse de « solidarité » corrélée à l’augmentation du nombre d’étrangers

Multiculturalisme, « hybridation », « métissage culturel », une nouvelle illusion théorique dans les sciences sociales 

L’immigration, le remède imaginaire 

Des personnes ayant la nationalité américaine réclament le statut de réfugié au Canada

Afflux renouvelé de réfugiés au Québec et impact sur le réseau scolaire déjà en sous-effectif  

Crise du logement : le tabou des seuils d’immigration trop élevés

Humour — désolé d’être là 

Les ⅔ des Québécois contre une hausse du nombre d’immigrants 

Immigration de masse : le Canada connaît la plus forte croissance démographique du G7

L’augmentation de l’immigration a amplifié la crise du logement

Canada — Faire passer l’immigration de 300 000 personnes par an à un million

L’initiative du Siècle (dont un des cofondateurs est Dominic Barton, actuellement ambassadeur du Canada en Chine populaire). En anglais uniquement.

Le patronat québécois reprend de plus belle sa campagne en faveur de l’immigration massive : 64 000 par année au Québec ! (1er avril 2021, ce n’est hélas pas un poisson d’avril)

L’État-providence : une pompe aspirante pour tous les immigrants « illégaux »

 

France — Victoire pour la liberté scolaire devant le tribunal administratif de Toulouse

Communiqué de l’association Liberté éducation :

Au lendemain d’une audition de Pap Ndiaye à l’Assemblée pendant laquelle le ministre a reconnu de nombreux refus (46 % des nouvelles demandes) et du dépôt d’une nouvelle requête de Liberté éducation au Conseil d’État contre les décrets du 2 juin (voir liberteeducation.com).

Le 4 août 2022, pour la première fois, le juge des référés a suspendu une décision de refus d’autorisation d’instruction en famille. Après des semaines de combats juridiques, le juge vient pour la première fois de reconnaître l’urgence et le doute sérieux entachant un refus d’autorisation.

Jusqu’alors, les rectorats retiraient quasi systématiquement les refus d’autorisation juste avant l’audience, très certainement pour éviter que le juge se prononce et qu’une jurisprudence favorable aux familles puisse émerger.

De nombreux tribunaux administratifs avaient également refusé de reconnaître l’urgence, comme le tribunal administratif de Versailles. Beaucoup de familles se sont ainsi retrouvées avec des ordonnances défavorables sans même avoir droit à une audience : les ordonnances de « tri » semblaient écarter définitivement les familles des prétoires.

Cette victoire a été permise sous convention tripartite entre notre avocat partenaire du cabinet La Norville, la famille et notre association.

Le succès du 4 août est double

Le premier succès est de voir reconnue l’urgence à suspendre un refus d’autorisation pour un enfant de trois ans. Le juge a reconnu l’urgence compte tenu de la difficulté d’anticiper une scolarisation dans un établissement public ou privé à maintenant un mois de la rentrée. C’est un motif qui pourra très certainement servir à toutes les familles qui, à moins d’un mois de la rentrée, saisissent le juge des référés.

Le juge a également reconnu, au titre de l’urgence, les difficultés venues du benjamin d’une fratrie qui serait le seul à être scolarisé alors que ses frères et sœurs sont instruits en famille. De nombreuses familles dont les aînés sont bénéficiaires de la dérogation de plein droit pour 2022-2023 et 2023-2024, prévue dans la loi, mais dont le petit dernier avait un refus d’autorisation pourront se fonder sur cette jurisprudence.

Deuxième victoire, c’est la reconnaissance par le juge du doute sérieux, c’est-à-dire l’inégalité manifeste entachant la décision de l’académie.

Nous avons des informations concordantes qui montrent que l’académie de Toulouse refuse presque toutes les demandes d’autorisation du motif 4 « situation propre à l’enfant motivant le projet éducatif ». Dans notre association Liberté éducation, sur près de 400 refus d’autorisation au niveau national, l’académie de Toulouse est celle qui en oppose le plus, cumulant 31 % des refus. Selon le rectorat, seuls les enfants impossibles à scolarisés pouvaient prétendre à être instruits en famille, à savoir quasiment aucun. Un traitement à rapprocher de l’aveu du ministre de l’Éducation nationale, auditionné mardi à l’Assemblée affirmant au sujet des refus : « Dans certains départements, c’est un non très massif » (voir vidéo ci-dessous et lire notre analyse).

Le juge a reconnu le doute sérieux dans le cas d’une famille développant une pédagogie alternative type Montessori inexistante dans les établissements scolaires situés à proximité. Il a reconnu également que le projet pédagogique était adapté à l’enfant et a souligné les bons résultats obtenus par ses frères sœurs lors des contrôles de l’académie.

Avec cette jurisprudence, c’en est fini du rejet massif des autorisations pour le motif n° 4 concernant la situation propre à l’enfant motivant le projet éducatif. Elle montre bien qu’un projet pédagogique suffisamment original pour se distinguer de la pédagogie enseignée dans les établissements publics ou privés et adaptés à l’âge et au rythme de l’apprentissage de l’enfant pour qu’une autorisation soit accordée.

Cette situation nouvelle devra être confirmée par le juge du fond, et nous l’espérons, par les autres tribunaux administratifs. Elle montre bien que les parents ont raison de se battre pour exiger le respect de la nouvelle loi tel qu’interprété par le Conseil constitutionnel en août 2021.

Voir aussi

France — Chute de 9100 à 4000 des nouveaux enfants instruits en famille 

France — École à la maison : comment faire pour obtenir une autorisation pour la rentrée prochaine ?

France, instruction à domicile : des décrets beaucoup trop restrictifs

France : décrets d’application de la loi sur l’école à la maison : carton rouge pour le ministère

France — Le ministre de l’Éducation, Pap Ndiaye, a placé ses enfants dans une école privée élitiste pour avoir une « scolarité sereine » 

Le Macron nouveau : Ndiaye militant communauriste noir à l’Éducation nationale française

Bock-Côté sur Pap Ndiaye, le controversé nouveau ministre de l’Éducation en France