mardi 27 novembre 2012

« Éducation préscolaire: le Québec en avance, selon la TD »

Article de La Presse avec ce titre trompeur : « Éducation préscolaire: le Québec en avance, selon la TD ».

Le titre donne l'impression que les enfants du Québec auraient une meilleure éducation préscolaire qu'ailleurs au Canada. Or, il ne s'agit pas de cela. Non, simplement le fait que le gouvernement dépense plus d'argent que les autres gouvernements sur l'éducation préscolaire (indirectement avec l'argent de la péréquation, car le Québec est plus pauvre que les autres provinces).

Pour le reste, l'économiste de la TD interrogé répète ce canard pourtant démonté depuis longtemps par nombre d'économistes sérieux : « Des études montrent que la mise en place du programme a eu des effets positifs, notamment une augmentation du taux d'activité des femmes, qui était autrefois le plus faible et qui est maintenant le plus élevé du Canada, une hausse de la moyenne nationale aux tests normalisés, une augmentation du taux de fécondité. »

À peu près tout est faux ou induit en erreur. Le taux de fécondité a augmenté ailleurs au Canada en même temps qu'au Canada, dans à peu près la même mesure, pire alors que le programme ne fait que s'étendre et coûte de plus en plus cher le taux de fécondité du Québec diminue depuis 3 ans... 2012 devrait voir une nouvelle diminution si l'on se base sur les chiffres des huit derniers mois (400 naissances de moins en huit mois par rapport aux huit premiers mois de 2011 alors que la population ne cesse de croître surtout à cause de l'immigration).

Quant au taux d'activité, ces études sont habituellement, à notre connaissance, celles de Fortin, Godbout et Saint-Cerny mises en pièce par une économiste comme Martin Coiteux dont voici un résumé des objections :

Pourtant, si le gouvernement n'avait pas créé le programme des garderies, l'économie québécoise aurait quand même créé des emplois, tout simplement en utilisant à d'autres fins les quelque 2 milliards de dollars qui sont aujourd'hui consacrés chaque année à ce seul programme.

Combien de ces emplois alternatifs auraient été créés ? Nul ne peut le dire avec certitude. On peut cependant être certain d'une chose : cette création n'aurait pas été nulle. Elle aurait même pu être supérieure à celle induite par le programme des garderies. Il est donc méthodologiquement faux d'affirmer que le programme aurait créé au net 70 000 nouveaux emplois.

[...] on ne trouve aucune accélération de la tendance à la hausse du taux d'emploi dans le cas des femmes québécoises âgées de 25 à 44 ans. Une telle accélération n'a été observée que pour les femmes âgées de 15 à 24 ans, celles-ci étant moins susceptibles que les premières d'utiliser les services de garde.

[...] En somme, le taux d'emploi des femmes âgées de 25 à 44 ans n'a fait que suivre la tendance haussière stable observée simultanément dans trois provinces de l'Atlantique, tandis que celui des femmes âgées de 15 à 24 ans semble avoir réagi au Québec comme dans ces mêmes provinces à une réforme commune de l'assurance-emploi. Comment peut-on alors attribuer 70 000 emplois bruts au seul programme des garderies ?

Voici les graphiques sur lesquels Coiteux s'appuie pour écrire ces derniers paragraphes. Dans chaque cas, la moyenne mobile de 12 mois des données mensuelles est présentée et la source est Statistique Canada.

Taux d'emploi du Québec p/r au Nouveau-Brunswick (1991 à 2011)



Taux d'emploi du Québec p/r en Nouvelle-Écosse (1991 à 2011)



Taux d'emploi du Québec p/r à Terre-Neuve (1991 à 2011)


Selon Coiteux, les similitudes entre le Québec et ces trois provinces de l'Atlantique sont frappantes. Comment attribuer alors à un programme inexistant dans trois d'entre elles toute l'augmentation du taux d'emploi dans une seule d'entre elles ?

Il faut dire que l'économiste interrogé par La Presse avoue être novice dans ce domaine : « C'est la première fois que je m'intéresse à l'éducation préscolaire ».

Mais bon quand il s'agit de se faire plaisir et de satisfaire les groupes de pression organisés par l'État (les féministes, les syndicats, les employés des CPE)... En face, des parents désorganisés, rendus dépendants à l'argent de l'État et aux garderies qui ne coûteraient que 7 $ par jour... (Qui paie, ces garderies qui coûtent plus près de 50 $/jour ?) Il faut raviver la flamme du mythe étatiste quitte à ne pas interroger des personnes qui corrigeraient les faits.


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[...] En permettant à l’implantation de l’anglais intensif obligatoire de continuer parce que cela n’a pas « de conséquences budgétaires » (je pense bien que les commissions scolaires ne seront pas d’accord !), le gouvernement de madame Marois se trouve à normaliser la question de l’anglais intensif et à en faire de facto la nouvelle norme pédagogique, alors que la bilinguisation du primaire de l’école française aurait été impensable il y a seulement quelques années de cela. Les opposants à cette mesure se trouvent dès lors catalogués comme « radicaux » et neutralisés. Et cela par le seul parti théoriquement en faveur du Québec français. De plus, en envoyant un message aussi fort en faveur de l’anglais, le gouvernement se trouve à invalider en amont toutes les mesures favorables au français qui pourraient éventuellement être prises.

Il est encore plus consternant de constater que la mesure d’anglais intensif ne vient ni du MELS, ni des commissions scolaires, ni des parents, mais qu’elle a été soufflée à Jean Charest par la SPEAQ (Société pour la promotion de l’enseignement de l’anglais langue seconde au Québec), un lobby financé généreusement par Heritage Canada. La SPEAQ a rencontré la ministre Lyne Beauchamp le 25 janvier 2011 pour lui « présenter le programme d’anglais intensif ». On sait aussi que « la ministre avait beaucoup de questions » ! Jean Charest a ensuite pris le milieu de l’éducation par surprise en annonçant la mise en place de l’anglais intensif obligatoire souhaité par la SPEAQ lors du discours du trône de février 2011.

L’anglais intensif répond-il même à un besoin réel ? Le dernier recensement indique que le bilinguisme anglais-français des jeunes francophones frôle les 60 % au Québec et est de 78 % à Montréal, ce qui est plus élevé que le bilinguisme des jeunes anglophones. De plus, les données du MELS indiquent que les jeunes francophones réussissent mieux en anglais que les jeunes anglophones en français, mais curieusement, les écoles anglaises sont exemptées du français intensif. Résurrection des écoles passerelles et bilinguisation de l’école française : la seule mesure de la loi 101 qui a eu un effet sur les transferts linguistiques des allophones, soit l’obligation de fréquenter les écoles françaises, se trouve maintenant quasiment vidée de sa substance. [...]

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