mercredi 1 novembre 2023

Concordia dit qu'elle pourrait perdre jusqu'à 90 % des étudiants anglos non Québécois

L’Université Concordia de Montréal prétend mettre en garde contre des « conséquences financières dévastatrices » si Québec va de l’avant avec un plan visant à doubler les frais de scolarité pour les étudiants de l’extérieur de la province à compter de l’automne prochain.

Dans un message interne adressé à la communauté universitaire mardi, le recteur de Concordia, Graham Carr, a affirmé que les nouveaux droits de scolarité de 17 000 $ pour les étudiants canadiens non québécois — parmi les plus élevés au pays — excluront l’établissement du marché intérieur, ce qui pourrait réduire de 90 % le nombre d’inscriptions aux programmes de premier cycle en dehors de la province.

En conséquence, M. Carr a déclaré que l’université est confrontée à une perte de revenus de 8 millions de dollars lorsque la hausse entrera en vigueur pour les nouveaux étudiants au cours de l’année universitaire 2024-2025. Au bout de quatre ans, à mesure qu’un plus grand nombre d’étudiants entrants seront soumis au nouveau taux de scolarité, la perte de revenus annuelle pourrait atteindre 32 millions de dollars, a-t-il ajouté.

« Il est clair que l’impact des nouvelles politiques du gouvernement affectera considérablement notre situation financière et réduira notre population étudiante », peut-on lire dans le message de M. Carr. Une « évaluation minutieuse, programme par programme », de l’impact financier de l’augmentation des frais de scolarité est en cours, mais « quelles que soient les conclusions des analyses détaillées, les répercussions seront profondes et complexes pour nos opérations », a-t-il déclaré.

3 269 Canadiens non résidents à Concordia en 2021 (mais seulement 155 à l’UQAM). La formation de ces étudiants coûte 30 millions/an net au Québec. De surcroît, ces étudiants (et leurs professeurs plus nombreux) anglicisent Montréal.

Le projet du Québec de faire payer aux universités 20 000 dollars pour chaque étudiant non Québécois pourrait infliger un coup supplémentaire de 30 millions de dollars aux finances de l’université en quatre ans, a poursuivi M. Carr, ce qui entraînerait une perte annuelle totale d’environ 62 millions de dollars, soit entre 9 et 10 % du budget actuel de l’établissement.

Les autres universités anglophones du Québec, McGill et Bishop’s, ont mis en garde contre des conséquences similaires. Sébastien Lebel-Grenier, directeur de Bishop's, a déclaré le mois dernier que les nouvelles mesures pourraient réduire d’un quart les revenus de la petite faculté sherbrookoise.

Malgré les démarches des trois universités auprès du gouvernement provincial, M. Carr a déclaré mardi que Concordia n’avait « reçu aucune indication à ce jour que le gouvernement était prêt à reconsidérer ses actions ».

Le ministère de l’Enseignement supérieur du Québec a déclaré mercredi matin qu’il n’était pas en mesure de fournir un commentaire immédiat. Le Premier ministre François Legault a toutefois maintenu ces mesures lundi, affirmant que la part des écoles anglaises dans la population étudiante universitaire de la province — 25 pour cent, selon le Premier ministre — est « un peu trop importante ».

L’idée, a-t-il dit, est de « stopper l’augmentation du nombre d’étudiants anglophones au Québec ». Il s’est dit prêt à rencontrer les dirigeants de Bishop’s, de Concordia et de McGill pour entendre leurs suggestions sur les moyens alternatifs d’atteindre cet objectif.

Dans un communiqué envoyé par courriel, la porte-parole de l’Université Concordia, Vannina Maestracci, a déclaré que l’établissement poursuivra ses efforts en vue d’améliorer la qualité de vie de ses étudiants.


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Ci-dessous un texte de Mathieu Bock-Côté qui rappelle quelques principes de base. Pour ce carnet, il est regrettable que le Parti québécois ait encore cédé à sa volonté étatiste populiste de gauche en cherchant à « conventionner » (nationaliser dans les faits) les écoles dites privées. Notons que les écoles privées, au Québec, le sont en fait très peu : elles doivent notamment enseigner le programme du public, y compris dans leur pédagogie, c’est ce qui a opposé le collège Loyola au Monopole de l’Éducation. La sélection qu'on leur reproche peut-être une excellente chose: s'imagine-t-on une école de musique qui accepte le tout venant ? Enfin, il existera toujours un écrémage ne fût-ce que géographique, les écoles des quartiers cossus regrouperont des enfants de parents nantis. Le public ferait mieux de relever son niveau, ses exigences et sa discipline de manière interne sans vouloir aspirer le privé qui parvient à mieux s’en sortir.

On a reparlé de l’école privée ces derniers jours, dans le cadre du Conseil national du Parti Québécois.  

Et chaque fois, on en parle de la même manière, comme s’il s’agissait d’une institution problème, fondamentalement illégitime, qu’il faudrait mater et faire rentrer dans le rang.

C’est une erreur, et une grave erreur, et cela, encore plus quand l’école publique s’effondre à grande vitesse, et ne parvient plus à transmettre les savoirs élémentaires, et ne sait pas non plus transmettre la culture.

L’école privée se présente alors à la manière d’une bouée de sauvetage.

Comportement

On reproche à l’école privée de sélectionner selon le comportement des élèves et selon leur profil scolaire — autrement dit, selon leurs notes. 

C’est pourtant sa plus grande vertu.

D’abord pour le comportement. Brisons ce tabou : l’école paie cher le prix de l’inclusion à tout prix des élèves à problèmes dans les classes. 

Les élèves turbulents condamnent les professeurs à faire de la discipline à temps plein — une discipline qu’ils n’ont même pas le droit de faire, car s’ils faisaient preuve de la moindre manifestation d’autorité, on les accuserait de brutaliser les élèves.

Dans un monde normal, on mettrait les élèves à problèmes dans une classe à part et on cesserait de les transformer en fardeau pour tous ceux qui veulent enseigner et apprendre calmement.

De même, il est normal que l’école privée sélectionne selon les notes. Elle cherche ainsi à créer un environnement d’excellence.

Bouée de sauvetage

Je précise qu’elle n’est pas parfaite.

Mais elle offre, redisons-le, une bouée de sauvetage alors que le système scolaire public coule devant nous. Il serait immoral de lui compliquer la vie.

J’ajouterais même qu’elle devrait servir d’exemple au public, où tant de professeurs se démènent admirablement, malgré un système éducatif qui les empêche de faire leur métier.

Nous en sommes loin. 

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