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Georgia Meloni, Présidente du Conseil des ministres d'Italie |
Nouvelle victoire pour la droite italienne? Le PIB par habitant des Italiens, à parité de pouvoir d’achat, est désormais identique à celui des Français. C’est le constat de la Commission européenne dans ses dernières prévisions de printemps, qui prennent en considération la période 2020-2025, relèvent Les Échos.
En 2025, l'Italie fait enfin jeu égal avec la France en termes de PIB par habitant, effaçant un écart qui s'établissait encore en sa défaveur de 10,1 % en 2020. La péninsule divise presque par deux la distance qui la sépare de l'Allemagne, avec un écart qui passe de 24,3 % à 13,9 % au cours des cinq dernières années. Elle se rapproche enfin de la moyenne de la zone euro, dont elle n'est désormais séparée que de 5,9 % au lieu des 10,7 % de 2020.
Cette nouvelle information reflète le formidable rebond de l’économie transalpine depuis la pandémie de Covid-19. Par rapport à son niveau de 2019, le PIB italien a progressé dès 2022 de 3,9 %, contre seulement 1,5 % en France et 0,8 % en Allemagne. Mais il y a d’autres raisons à cette renaissance italienne : le pays a largement bénéficié du plan de relance européen.
Des chiffres en trompe-l’œil
« Ce sont des chiffres en trompe-l’œil, relativise l'économiste Jacopo Sala. L'Italie profite d'une situation conjoncturelle, mais ses graves difficultés structurelles demeurent. Ces bons résultats du PIB par habitant reposent essentiellement sur les bonnes performances de son marché du travail, conjuguées à son hiver démographique. »
Selon les derniers chiffres du patronat, 847.0000 emplois ont été créés depuis 2022, dont 672.000 CDI et 175.000 autoentrepreneurs. Un record historique qui s'ajoute à celui du taux d'emploi au plus haut, à 62,3 % de la population active.
Cette dernière ne cesse pourtant de se contracter, en raison du vieillissement accéléré des Italiens dont le nombre ne cesse de diminuer. Entre 2020 et 2025, le pays a perdu 707.000 habitants, le faisant passer sous le seuil symbolique des 60 millions.
« Ce n'est pas tant que les Italiens produisent plus, c'est surtout qu'ils sont moins nombreux à se partager la richesse produite », estime Jacopo Sala, rappelant les piètres performances transalpines depuis le début du siècle. Selon l'Istat, entre 2000 et 2019, le taux de croissance moyen a été de 0,38 % et n'a dépassé les 1 % qu'en 2015 et 2016.
Une productivité amorphe
Si l'on considère le poids global de l'économie italienne dans la zone euro, il est passé de 18,9 % en 2000 à 15,7 % attendu cette année. Alors que le moteur de la croissance tournait au ralenti, celui de la productivité tombait en panne. En 2000, le travailleur italien moyen générait un PIB supérieur de 18,2 % à celui de son collègue dans la zone euro, en moyenne. Un niveau qui s'est effondré, à -1,1 % en 2020.
Si la productivité d'un Italien dépassait celle d'un Français en 2000, elle était inférieure de 9 % en 2020 et de 2,1 % cette année. La légère amélioration de ces dernières années n'enrayera pas le déclin de la production industrielle, qui a reculé de 20 % depuis 2000. Sur la même période, la productivité horaire a progressé d'à peine 1,3 % en Italie tandis qu'elle bondissait de 15 % en France et de 20 % en Allemagne et en Espagne.
« Cela s'explique par les secteurs sur lesquels repose traditionnellement la croissance italienne, ajoute Jacopo Sala. L'hôtellerie, la restauration, le tourisme, le commerce au détail… demandent un important capital humain mais sont peu innovants. La Banque d'Italie pointe également la responsabilité des entreprises qui ont négligé les investissements en recherche et innovation, surtout après le Covid et la guerre en Ukraine. Elles ont préféré embaucher des travailleurs peu qualifiés à qui elles versent les salaires parmi les plus bas d'Europe. »
Les pays du Sud sur le devant de la scène
Si la richesse par habitant a augmenté en Italie, c’est également parce que la natalité est de plus en plus faible. Le nombre d’habitants, qui est tombé sous le seuil symbolique des 60 millions, a fondu de plus de 700 000 personnes sur les cinq dernières années. Par conséquent, les parts de PIB pour chaque habitant sont plus élevées.
Ces nouveaux chiffres italiens contrastent tout de même avec ceux de ses voisins européens du Nord. L’Allemagne tâtonne pour sortir durablement de deux années de récession et la France fait du surplace, avec des croissances proches de 0, tout en voyant ses déficits se creuser. Les pays du Sud, de leur côté, reviennent sur le devant de la scène. Des pays comme l’Italie, mais aussi l’Espagne, ont aujourd’hui des économies plus dynamiques que les deux mastodontes européens.