mardi 18 novembre 2008

Église de La Prairie : réunion sur Mahomet, Bouddha et... Jésus, dialogue interdit

Le Reflet de La Prairie du 1er novembre nous informe qu'une réunion sur le cours d'éthique et de culture religieuse s'est tenue le 8 octobre à la Paroisse de la Nativité de la Sainte-Vierge.

Le curé de la paroisse, Réjean Poirier, avait de manière un peu provocante pour un prêtre catholique placé sur un même pied Jésus, Bouddha et Mahomet dans l'annonce de cette soirée. Malgré une publicité de plus d’un mois et d'une invitation du curé faite à 4 paroisses regroupées, seuls deux ou trois parents y ont pris part alors qu'une dissidence montante se fait entendre contre ce nouveau programme.

« La paroisse veut apporter sa contribution à la réalité du vécu dans notre société [sic] », a indiqué le curé et hôte, Réjean Poirier, devant à peine une vingtaine de participants, pour la plupart des grands-parents venus assister en couple à la conférence donnée par Serge Côté, du ministère de l'Éducation. La publicité invitant les parents de la paroisse réunissant les villes de La Prairie, Candiac, Saint-Philippe et Saint-Mathieu n'a pas eu l'effet escompté. Seules quelques personnes âgées ont répondu à l'appel. Dans une présentation laborieuse qui a duré près de deux heures, M. Côté a détaillé le contenu du cours imposé pour une première année dans toutes les écoles primaires et secondaires de la province.

Auparavant, huit établissements en avaient fait l'essai pendant deux ans, avec des résultats mitigés de la part des professeurs, mais surtout des parents.

Large consensus parmi les cooptés habituels

« Son élaboration est le fruit d'un large consensus, a prétendu celui qui s'est “largement impliqué dans la conception du programme”. La réunion des deux volets, soit éthique et culture religieuse, a été demandée par le gouvernement parce qu'ils sont complémentaires. Le but est l'initiation des jeunes et non pas d'en faire des spécialistes. »

Quatre comités réunissant plus de 80 professionnels et spécialistes en histoire, en philosophie et en éthique, entre autres, ont planché sur l'élaboration du contenu du programme. Plusieurs « partenaires éducatifs », dont la Centrale syndicale des enseignants du Québec et maints comités de parents, se seraient aussi penchés sur la création du cours.

Une longue et fastidieuse conférence de deux heures de la part de cet ancien conseiller pédagogique a suivi.

Levée de boucliers

Deux personnes, bien au fait du nouveau programme, ont sorti l'éparse salle paroissiale de sa torpeur. Elles ont pris la parole afin de montrer le côté de la médaille omis dans le discours « du technocrate » venu en présenter le contenu. Elles se sont vite confrontées au mutisme de M. Côté qui n'appréciait pas que cette soirée où tout débat ou discussions étaient exclus comme l'avait précisé le curé Poirier auparavant.

« Il faut alerter les parents qui gobent tout ça la bouche grande ouverte, a clamé Richard Décarie, de la Coalition pour la liberté en éducation. L'État est laïque et impose des cours de religion ! Ça frôle la folie ce que nous [parents] vivons présentement ! Des dizaines de milliers de parents sont choqués de perdre leur droit de regard sur l'éducation de leur enfant et ont demandé leur retrait de la classe. » Tout comme Gina Petrosa, une maman, celui qui en fait son cheval de bataille a fait valoir que l'État prend de plus en plus de place. Il a rappelé que l'article 41 de la Charte des droits et libertés a été modifiée en douce en 2005 afin de « saper l'autorité parentale » et son pouvoir de choisir.

Enfants cobayes sans consentement des parents

« Certains enfants ont même été utilisés pour le programme [expérimental d'avant 2008] dans Outremont, sans que leurs parents aient été avisés. On est mis devant un fait accompli ! », a pesté M. Décarie, qui a reçu pour toute réponse de s'en remettre à son député ou de tenir sa propre conférence sur le sujet. Selon lui, une entité politique aurait dû accompagner M. Côté afin que les questions des participants soient entendues, qu'elles aillent à l'encontre du programme ou pas. Il a de plus dénoncé le manque de tolérance et de dialogue dans une conférence portant sur un cours qui… valorise ces mêmes valeurs.

Laissez la formation morale et religieuse aux spécialistes de l'État

M. Côté a alors fait part d’une métaphore brillante : « L’autre jour, ma laveuse s’est brisée et comme je n’y connais rien, j’ai téléphoné à un ami qui s’y connait. Il est arrivé en 15 minutes et a tout de suite compris que c’était la pompe qui était défectueuse et l’a changée sur le champ. Ça, c’est de la compétence ! »

M. Décarie a alors posé la question suivante : « M. Côté, que diriez-vous si c’était l’État qui choisissait votre réparateur et qu’il décidait ce qui est le mieux pour vous dans votre maison ?»

M. Côté n'a pas répondu et à couper court à toute discussion. Sans quoi M. Décarie aurait sans doute compléter l'analogie bancale du fonctionnaire : « 1. Le réparateur de l’État serait en retard (comme le programme d’ÉCR) et 2. un réparateur, mal formé et malheureux de son métier imposé, lui présenterait 7 choix de pompes différentes sans en favoriser une (il s'agit d'une initiation) et que finalement 3. il partirait en vous disant qu’il s’agit d’un domaine privé et qu’il faut donc recourir à son propre plombier de paroisse ! Il est certain que le dégât d’eau aurait fait encore plus de dommages pendant ce temps… tout comme nous constaterons les dommages irréparables aux générations montantes dans une dizaine d’années. »

Gémissements dans le maigre public

Lors de cette passe d'armes, en bon technocrate, M. Côté s’est empressé d'interrompre ses contradicteurs et dire qu’il n’était que le « messager » et qu’il fallait s’adresser à son député. À ce moment, on entendit la maigre assistance émettre des gémissements dubitatifs.