jeudi 12 mai 2016

Le PLQ contre la prédominance du français au Québec ?


Motion présentée le 11 mai 2016, mise au voix le 12 mai. Elle a été approuvée par les députés du PQ, de la CAQ et de QS et opposée par les députés du PLQ :

« Que l’Assemblée nationale réaffirme la primauté du français, la langue officielle du Québec;

Qu’elle réitère que la protection du français est une responsabilité historique et un devoir quotidien du gouvernement du Québec;

Qu’elle réaffirme le caractère toujours essentiel de la Charte de la langue française;

Enfin, que l’Assemblée nationale prenne acte du jugement de la Cour d’appel du Québec concernant la langue d’affichage, prononcé le 28 avril 2015, et qu’elle demande au gouvernement du Québec d’introduire une modification à la Charte de la langue française afin d’assurer la nette prédominance du français dans l’affichage commercial au Québec. »

La vidéo du vote :


La réforme de l'enseignement de l'histoire au secondaire reportée par le ministre Proulx (PLQ, ex-ADQ)


La réforme de l’enseignement de l’histoire du Québec et du Canada au secondaire n’aura pas lieu à l’automne prochain comme prévu, a appris La Presse Canadienne.

Selon une source au ministère de l’Éducation et d’autres sources bien au fait du dossier, le ministre Sébastien Proulx (ci-contre) a reporté la mise en œuvre du nouveau programme « Histoire du Québec et du Canada » dans toutes les écoles secondaires, prévue en septembre.

Des organisations des Premières Nations et de la communauté anglophone, notamment, critiquent le nouveau programme parce qu’il refléterait, selon eux, une idéologie trop « nationaliste » niant la contribution des allophones à l’histoire du Québec.

Ce nouveau programme, étalé sur deux ans, a fait l’objet de projets-pilotes dans une trentaine d’écoles du Québec, d’abord en troisième secondaire, dès septembre 2014, puis en quatrième secondaire, à l’automne 2015, en vue d’une application obligatoire généralisée l’automne prochain.

Or, ces projets-pilotes se poursuivront pendant que le ministère de l’Éducation apportera des modifications au programme, a-t-on appris cette semaine. En attendant, l’ancien programme sera toujours enseigné dans les autres écoles du Québec.

La réforme, amorcée par l’ancien gouvernement péquiste en février 2014, est le fruit d’un rapport réalisé par les universitaires Jacques Beauchemin et Nadia Fahmy-Eid, à la suite d’une consultation de quelques semaines. Cette réforme avait ensuite été suspendue par les libéraux à leur arrivée au pouvoir en avril 2014, mais elle avait été finalement remise sur les rails par le ministre Yves Bolduc, et conservée par son successeur, François Blais.

Le troisième libéral aux commandes à l’Éducation, Sébastien Proulx, donne maintenant un coup de frein à cette réforme.

« Voilà une excellente nouvelle », s’est réjouie Sylvia Martin-Laforge, directrice de Quebec Community Groups Network, un organisme sans but lucratif, financé par Ottawa, qui défend les intérêts des Anglo-Québécois. « Nous en venons à la conclusion que le ministre (Proulx) n’était pas satisfait du programme. (Le ministère) était prêt à aller de l’avant, mais le ministre a eu le courage de dire non », a-t-elle déclaré à la Presse canadienne.

Mme Martin-Laforge espère maintenant que le nouveau programme ne présentera pas les communautés culturelles de façon stéréotypée et ne les dépeindra pas comme des « méchants ».
Des méchants...Rien de moins.




On se rappellera que M. Sébastien Proulx, avant de joindre opportunément les rangs de la députation du PLQ le 8 juin 2015, avait été député de l’ADQ pour Trois-Rivières (2007-2008) et qu’il avait même été le chef parlementaire de l’opposition officielle à l’Assemblée nationale du Québec. Transfuge assumé, M. Sébastien Proulx travaille pour Philippe Couillard depuis son élection au poste de Premier ministre.

M. Sébastien Proulx avait assez mollement (et sottement à moins que cela n’ait été à dessein) interrogé la ministre de l’Éducation du Québec à l’époque sur le programme obligatoire d’éthique et de culture religieuse au parlement québécois. Les délégués des parents opposés à l’imposition d’un seul programme et partisans du choix parental en matière de formation morale et religieuse lui avaient pourtant apporté des arguments plus porteurs que ceux que M. Sébastien utilisera peu après leur rencontre à Québec.

Voici donc sa navrante intervention à l’Assemblée nationale le mercredi 22 octobre 2008 :
Contenu du programme Éthique et culture religieuse

M. Sébastien Proulx

M. Proulx : Oui, M. le Président. D’abord, je vais vous saluer pour cette première journée. Ma question sera à la ministre de l’Éducation.

Vous savez, dans le cours d’éthique et culture religieuse, beaucoup de gens se font entendre depuis un certain temps. Peut-être parce que le cours est commencé, les gens apprennent à connaître le contenu. Je ne sais pas si, M. le Président, vous avez eu la chance... ou si la ministre a lu la chronique de Richard Martineau, la semaine dernière, qui s’intitulait Dessine-moi un drapeau. Je vous fais lecture d’un paragraphe, M. le Président.

« Discussion dans l’auto, l’autre jour, avec une de mes filles. » C’est Richard Martineau qui dit : Comment tu trouves ça, ton cours d’éthique ? Alors, elle répond qu’elle trouve le prof très dynamique, et elle dit : « Cette semaine, on va redessiner le drapeau québécois. Le prof dit qu’il n’est plus représentatif de la nouvelle réalité parce qu’il y a une croix dessus. Il faut en créer un autre qui refléterait mieux le Québec d’aujourd’hui... »

M. le Président, le drapeau québécois, c’est celui qui est à côté de vous, c’est celui pour lequel tous les parlementaires devraient avoir beaucoup, beaucoup, beaucoup de respect. Est-ce que la ministre tolère qu’un enseignant, au Québec, dise à des étudiants que ce drapeau-là n’est pas digne de tous les Québécois ?

Le Président : Mme la ministre de l’Éducation.

Des voix :...

Le Président : S’il vous plaît ! S’il vous plaît ! La question a été posée. Mme la ministre de l’Éducation.

Mme Michelle Courchesne

Mme Courchesne : M. le Président, c’est bien sûr que je veux réitérer, en cette Chambre, que nous avons un profond respect pour notre drapeau québécois, et ça va tout à fait de soi par ailleurs que nous puissions, dans nos salles de classe, pouvoir enseigner à nos jeunes tout autant ce respect, mais aussi d’enseigner, dans ce cours, ce que veut dire la participation citoyenne et comment on devient un citoyen responsable. Et on peut apprendre à devenir un citoyen responsable dès le plus jeune âge, M. le Président.

Puisqu’on parle du cours d’éthique religieuse, je tiens à souligner à cette Assemblée qu’il se peut, qu’il se peut qu’il y ait des accrocs de parcours puisque c’était un défi énorme de pouvoir changer un cours sur 11 années d’enseignement. Mais, M. le Président, moi, je suis très reconnaissante à l’égard de tous les enseignants du Québec qui ont relevé le défi et qui relèvent le défi en ce moment. Et je sais que nous avons davantage, davantage, je dirais, rassuré les parents sur ce cours-là. Et, autant il y a certains qui puissent encore ne pas être d’accord, moi, j’ai, à mon bureau, une très grande majorité de parents qui apprennent à fréquenter ce cours et qui sont très positifs...

(15 h 40)

Le Président : En conclusion, Mme la ministre.

Mme Courchesne :... à cet égard-là, M. le Président.

Le Président : Merci, Mme la ministre. M. le député de Trois-Rivières, pour l’additionnelle.

M. Sébastien Proulx

M. Proulx : Oui. M. le Président, Mme la ministre n’est pas sans savoir, M. le Président, que, la semaine dernière, il y avait entre 1 500 et 2 000 personnes qui marchaient à Montréal pour justement décrier le cours d’éthique et de culture religieuse.

Est-ce que la ministre, à tout le moins, s’engage à ce que des événements comme celui-là ne se reproduisent plus ? Quelles démarches avez-vous faites, M. le Président, pour que cela ne se reproduise plus et qu’un enseignant montre à des enfants que notre drapeau, il est dépassé aujourd’hui ?

Le Président : Mme la ministre, à vous la parole.

Mme Michelle Courchesne

Mme Courchesne : M. le Président, c’est évident que, lorsqu’on attire à notre attention des éléments comme celui-là, c’est évident que nous remontons la filière et que nous allons à la source pour nous assurer des propos qui doivent être correctement tenus dans toutes les salles de classe.

Mais, M. le Président, je tiens à dire à cette Assemblée, pour votre information, que, sur 1 million d’enfants qui fréquentent nos écoles aujourd’hui, il y a 1 112 qui ont fait une demande d’exemption. M. le Président, c’est à peu près 1 %. Alors, je pense qu’on doit encore une fois dire que, comme société québécoise, nous relevons un très beau défi pour apprendre à mieux vivre ensemble au Québec.

Le Président : Merci, Mme la ministre. M. le député...

Des voix :...

Le Président : S’il vous plaît ! M. le député du Lac-Saint-Jean.



Eugénie Bastié : « Jamais les filles n'ont autant été traitées de putes et de salopes... »

Eugénie Bastié s’en prend, dans un livre que Le Point appelle « polémique », aux contradictions du « néoféminisme ».



Dans Adieu mademoiselle, vous ciblez le néo-féministe. Mais c’est quoi, ce néo-féminisme ?

C’est un féminisme à la fois groupusculaire et institutionnel, et qui dicte une doxa dans l’air du temps. Il impose une vision du monde. On l’a vu avec la suppression du mot « mademoiselle », la suppression du délai de réflexion pour l’avortement, les ABCD de l’inégalité qui ont échoué... On se détache de l’objet concret de la vie des femmes pour s’enferrer dans des luttes symboliques contre un patriarcat qu’on prétend déconstruire. Par ailleurs, je m’érige contre la notion même de « féminisme ». On pouvait très bien considérer que la condition ouvrière au XIXe siècle était abominable sans adhérer au marxisme, qui est une relecture de l’histoire sous le prisme de la lutte des classes. De même, on peut très bien considérer que la femme a été dominée dans certaines circonstances et certaines époques sans adhérer au prisme d’un féminisme qui consiste à relire toute l’histoire sous le paradigme d’un dominant-dominé. Je dénonce cette idée d’un patriarcat, autrement dit d’un complot millénaire des hommes contre les femmes.


Vous vous en prenez à des « ayatollettes » qui « luttent sans relâche pour un monde déjà advenu ». Mais quid de l’égalité salariale ? [À ce sujet lire : Wall Street Journal : « Il n’y a pas d’écart salarial hommes-femmes » et Idées fausses sur les différences salariales entre hommes et femmes] Du harcèlement ? Les femmes sont par exemple ultra-minoritaires dans des professions aussi différentes que chef d’orchestre ou joueur d’échecs...

Mais l’horizon, c’est quoi ? L’égalité quantitative partout ? Pour moi, le féminisme en tant que combat politique, c’était la libération de la femme de sa sujétion domestique. Vous ne pouvez pas exiger du 50-50 partout. Je crois fondamentalement en une différence des sexes, qui se déploient de manière différente. Vouloir à tout prix que les femmes soient patronnes du CAC40 n’est pas forcément un épanouissement exceptionnel. Peut-être faudrait-il réfléchir au fait qu’une femme puisse apporter une vision autre de l’économie. Alors, oui, il subsiste des inégalités salariales. Mais ce palier incompressible que l’on observe dans toutes les études est principalement dû au fait que les femmes continuent à choisir le temps partiel plus que les hommes. Certains pensent que c’est subi. Moi, j’estime que c’est aussi choisi, parce que la femme a un rapport particulier aux enfants en bas âge et qu’elle veut continuer à s’en occuper, bien que trente ou quarante ans de propagande féministe leur aient dit de sortir du foyer.

Parce que les femmes font des enfants, elles n’auraient donc pas le droit à l’égalité salariale !?

Je dis simplement qu’il y a une différenciation fondamentale entre les hommes et les femmes, qui est le privilège exorbitant de la maternité. Cela introduit des différences dans la vie concrète des femmes. En effet, une femme est moins performante et moins disponible sur le marché du travail, parce qu’elle a des enfants. Du coup, beaucoup d’employeurs rechignent à les employer dans cette tranche d’âge. Ces différences systémiques sont dues à des différences de sexe. Soit on décide d’abolir cette différence et on dit aux femmes d’aller congeler leurs ovocytes pour pouvoir être aussi disponibles que les hommes, soit on essaye de réfléchir à une économie qui prenne plus en compte cette différence.

Et pourquoi l’homme ne pourrait-il pas s’occuper de sa progéniture ?

Parce que, de facto, la mère a plus envie de s’occuper de ses enfants. C’est une réalité dans toutes les enquêtes d’opinion. Aujourd’hui, encore un tiers des femmes voudraient être mères au foyer, parce qu’il y a un lien particulier entre la mère et l’enfant.

Vous vous moquez des féministes qui se battent pour modifier les noms des rues. Mais que seulement 4 % des rues françaises portent des noms de femmes, ça ne vous choque pas ?

C’est l’idée d’imposer par le haut une réécriture de l’histoire sous un prisme moderne. Tant mieux si aujourd’hui elles réussissent suffisamment dans leur vie pour qu’on leur donne un nom de rue. Mais ce qui m’exaspère, c’est l’idée d’exhumer des femmes parfois inconnues dans l’histoire pour en faire des icônes rétroactives. Et puis, il me semble qu’il y a d’autres priorités. Est-ce que ça va changer concrètement la vie des femmes ? Permettez-moi d’en douter...

Que pensez-vous des Femen ?

C’est un réveil du féminisme spectaculaire soixante-huitard. Elles ont débarqué des pays de l’Est où il y a eu un décalage historique, puisque la révolution sexuelle et le libéralisme sont arrivés beaucoup plus tard. Du coup, elles sont complètement décalées et outrancières quand elles miment un avortement dans l’église de la Madeleine, alors que ça fait quarante ans que l’avortement est légal en France. Mais je leur reconnais une certaine forme, non pas d’honnêteté intellectuelle, mais de courage, comme à Caroline Fourest d’ailleurs, car elles englobent toutes les religions dans une universelle détestation. Elles ne font pas de tri entre les croyances comme le font certaines féministes...

« L’esprit conservateur est le souci de ce qui tient ensemble le monde de manière invisible »

Conserver ce qui est, « empêcher que le monde ne se défasse »… Le philosophe Jacques Dewitte nous a fait l’honneur d’un long entretien sur l’esprit conservateur de la pensée d’Albert Camus. Première partie, la suite sur revuelimite.fr la semaine prochaine.

Max-Erwann Gastineau — La pensée d’Albert Camus révèle, selon vous, la prégnance d’un « esprit conservateur ». Comment définiriez-vous cet esprit ?

Jacques Dewitte — L’« esprit révolutionnaire » se manifeste par une non-adhésion au monde, un désir inextinguible d’en découdre avec le donné, ce que j’appelle le déjà-là. A rebours, l’esprit conservateur se manifeste par un souci du monde, une sollicitude envers des êtres et des choses qui le façonnent. Cette disposition affective est fondamentale, car elle implique que certaines choses méritent d’être conservées : la culture, la langue, des paysages, des traditions. Mais conservation ne signifie pas une simple préservation ; il s’agit d’entretenir et de prolonger ce qui a été légué.

Cette sensibilité apparaît chez Albert Camus de plusieurs manières. Dans L’Homme révolté, il part de ce postulat : l’homme est un être de révolte. « Je me révolte, donc je suis ». Mais ce « Non » ontologique s’adosse chez Camus à un « Oui », c’est-à-dire à un attachement à la beauté intrinsèque du monde et de la vie. Chez Camus, il s’agit d’un « oui » au soleil, au midi, aux plages d’Alger, à cette beauté qui, dans sa jeunesse, le comblait alors qu’il vivait dans une immense pauvreté.

Ce souci du monde est au fondement même de la pensée écologique. Pourtant nombre d’écologistes continuent de raisonner en termes de changement et de progrès, notamment sur les questions dites sociétales. N’y a-t-il pas là contradiction ?


Je ne connais pas dans le détail ce mouvement. Il y a en tout cas une incompatibilité évidente entre l’inspiration générale, qui devrait être ce souci du monde, et une adhésion à différents mouvements d’émancipation radicale, d’ordre anthropologique. Si le mouvement écologique est une prise de conscience de la démesure technologique, cette conscience devrait s’étendre aux limites inhérentes à la condition humaine et ne pas adhérer aux projets divers, mais convergents, qui voudraient s’en prendre à la condition sexuée, à l’énigme de la naissance et à la condition mortelle, qui favorisent le caractère interchangeable de toute chose et de tout être. Je constate aussi qu’une autre branche de l’écologie, qui s’exprime chez les défenseurs de la « cause animale », manifeste fréquemment une véritable haine de l’humanité.

La pensée écologique devrait réfléchir davantage sur l’expérience historique du XXe siècle, et en particulier celle du communisme, qui a montré qu’un projet révolutionnaire d’émancipation radicale, cherchant à réaliser un nouveau Paradis sur terre, avait conduit à un Enfer pire que ce que l’on cherchait à dépasser. D’où, chez ceux qui ont médité sur ce destin, notamment Leszek Kolakowski, une réhabilitation de l’idée chrétienne de péché originel, idée certes « réactionnaire », mais que l’on peut comprendre comme la conscience de la finitude et de la faillibilité humaine.