lundi 26 septembre 2011

Valoriser l’excellence, refuser l’incompétence...disent massivement les Québécois

Pouvoir congédier les professeurs incompétents : un souhait prononcé par 87 % des Québécois – et par 94 % des 25-34 ans, qui ont sans doute les souvenirs les plus frais de cours chahutés ou de copies égarées… Quelle unanimité ! C’est ce qui ressort d’un sondage récent réalisé au Québec à la demande de l’IEDM, l’Institut économique de Montréal. Mais cela risque de rester un vœu pieux, dans un pays où les directeurs d’école, dans le primaire comme dans le secondaire, n’ont pas la liberté de choisir leurs équipes.

Les Québécois sont aussi 67 % à penser que la rémunération des enseignants devrait tenir compte de leurs performances, alors qu’elle ne tient compte, aujourd’hui, que de leur ancienneté et de leur diplôme. « Les Québécois comprennent que les enseignants ne sont pas différents des autres professions dans l’économie québécoise. Ils se demandent pourquoi on ne récompenserait pas les meilleurs, analyse M. Germain Belzize, directeur de recherche à l’IEDM,  on pourrait ainsi recruter des bons enseignants qui ne sont pas attirés présentement par la profession en raison de la faiblesse des salaires. »

Mais comment évaluer les performances des enseignants ?

Les sondés ne sont que 39 % à faire confiance aux directeurs et à leur souhaiter plus d’autonomie dans ce domaine. L’IDEM propose d’autres critères d’évaluation dans sa Note économique intitulée Rémunération au mérite : un outil pour améliorer le système d’éducation.

« La quantité de ressources investies dans un système d’éducation n’est pas garante de la qualité de ce système » 

…et contribue de façon peu significative à l’amélioration du rendement des élèves. On doit se préoccuper de la manière de dépenser les fonds et non uniquement du montant de ceux-ci », affirme Mme Nathalie Elgrably-Lévy, économiste chargée de l’étude. « Aujourd’hui, le ministère de l’Éducation du Québec gère un budget annuel de 15,5 milliards de dollars, pour des résultats ambigus. En effet, si les jeunes Québécois ont des résultats très honorables aux tests Pisa, ils sont néanmoins 25,3 % à avoir quitté l’enseignement secondaire sans diplôme en 2006-2007 (Institut de la statistique du Québec), ce qui signifie qu’ils ne font partie des élèves passant le test Pisa.

Quels critères de performance ?

À partir des cas du Royaume-Uni, de l‘Inde, du Portugal, d’Israël et des États-Unis, cette étude a dégagé un certain nombre de critères de performance pour les établissements scolaires :
  • « Autonomie des directions d’école pour décider d’introduire ou non une politique de rémunération au mérite et pour en définir les paramètres ;
  • Critères d’évaluation multiples qui reflètent la diversité de la tâche des enseignants ;
  • Prime substantielle qui s’ajoute à un salaire de base pour créer une incitation suffisante en plus d’une stabilité du revenu ;
  • Possibilité réelle de congédier un enseignant dont les évaluations très faibles se répètent ;
  • Rémunération au mérite pour la direction et les gestionnaires dont le travail est essentiel pour épauler les enseignants. »
S’il est délicat de fixer ces critères, il faut aussi éviter de le faire de manière centralisée.

« Il faut garder en tête que les enseignants travaillent dans des conditions et des milieux socio-économiques très différents et que leur évaluation doit tenir compte de cette réalité. Par conséquent, des critères uniformes pour l’ensemble de la province provenant du ministère ou d’un ordre professionnel seraient peu utiles pour évaluer leur rendement », nuance Mme Elgrably-Lévy. Et de conclure : « Même si l’élaboration et la mise en œuvre de ce genre de programme exigent des efforts et un changement de mentalité, on devrait envisager une formule pour le Québec. Car n’oublions pas que nous avons un devoir envers nos enfants… celui de leur offrir la meilleure éducation possible. »





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Le programme ECR en Cour suprême du Canada, relation de l'audience




Mise à jour du 25 septembre 2011 : Ajouts de quelques paragraphes à la fin du compte rendu.

Veuillez communiquer toute erreur de fait ou de chronologie dans cette relation à l’auteur de ce billet par courriel ou dans les commentaires.


La salle d’audience de la Cour suprême est pleine. Dans le majestueux hall d’honneur revêtu de marbre rubané du tribunal, on a prévu des sièges supplémentaires devant un grand écran plat. On distribue de nombreux écouteurs qui permettront d’entendre les débats traduits. L’assistance frémit. Du côté gauche, à l’avant de la salle d’audience principale, se trouvent les avocats et les intervenants qui contestent le refus d’exemption au cours d’éthique et de culture religieuse, les appelants. Les quatre travées sont complètement occupées par une douzaine d’avocats. À gauche, les six avocats des intimés, la commission scolaire et le procureur général du Québec occupent deux rangées.

La large porte au fond de la salle d’audience principale, derrière le banc des neuf juges, s’ouvre. Un huissier crie « la Cour ! » L’assistance se lève alors que les juges grimpent quelques marches avant de s’asseoir. Le public se rassied.

Me Mark Phillips, avocat des parents

Sans plus attendre, le premier avocat se lève. Me Mark Phillips représente les parents de Drummondville. Il commence sa plaidoirie en annonçant qu'il se penchera sur cinq choix qu’ont faits les concepteurs du programme d’ECR. Premier choix. Les concepteurs du programme ont choisi de faire en sorte que les contenus religieux soient toujours juxtaposés à des êtres mythiques et surnaturels. Dans le programme, chaque fois qu’on trouve l’expression « représentations du divin », le mot divin est toujours suivi de l’expression « et des êtres mythiques et surnaturels ». Mais de manière plus fondamentale, pour Me Phillips, l’exigence de toujours mettre en opposition les religions avec les êtres mythiques et surnaturels se trouve énoncée comme injonction impérative dans la partie du programme qui énonce le contenu. Ainsi, le programme ECR interdit de présenter les religions sans qu’elles soient en juxtaposition avec des êtres mythiques et surnaturels.