lundi 28 juin 2021

Les confinements ont nettement réduit les capacités physiques et intellectuelles des enfants

Une étude menée dans l’Allier et le Puy-de-Dôme auprès de 90 enfants de CE1 et CE2 indique que les confinements ont eu un fort impact sur leur poids et leur souffle, faisant le lit de futures maladies chroniques. Leurs capacités cognitives ont baissé de 40 %.

Une baisse sensible des capacités physiques, mais aussi intellectuelles, des enfants… Les effets des confinements successifs liés à la pandémie de Covid-19 sont préoccupants, selon une étude menée auprès de 90 élèves de CE1 et CE2 d’écoles de Vichy, dans l’Allier, et de Riom, dans le Puy-de-Dôme, en septembre 2019 et en septembre 2020.

« Les chiffres sont catastrophiques », résume Martine Duclos, chef du service de médecine du sport au CHU Clermont-Ferrand, qui dirige l’Observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité (Onaps), et coordonne ce travail dont les résultats, préliminaires, ont été soumis à publication. En un an, l’indice de masse corporelle (IMC, poids divisé par la taille au carré), reflet de la corpulence, a augmenté de 2 à 3 points en moyenne. « Nous n’avons jamais vu ça, s’alarme la spécialiste. Des enfants sportifs, sans aucun problème de santé, aucun problème de poids, ont grossi de 5 à 10 kg, du fait de l’arrêt de la pratique sportive. Et tous n’ont pas repris l’activité physique. »

Essoufflés au bout de dix mètres

La condition physique de ces jeunes de 7-8 ans s’est fortement dégradée. Lors du test navette, épreuve classique qui consiste à courir de plus en plus vite d’un plot à un autre (éloignés de 10 m), « des enfants, déjà très essoufflés, n’arrivaient pas à atteindre le premier plot avant le premier bip », décrit la professeure Duclos. Un constat également inédit, selon elle. Certains étaient incapables de faire le parcours d’habiletés motrices (parcours chronométré comprenant différents obstacles).

Parallèlement, leurs capacités cognitives auraient baissé d’environ 40 %. Pour les mesurer, l’équipe du CHU de Clermont-Ferrand a notamment eu recours à un test consistant à relier les lettres aux chiffres correspondant dans l’ordre alphabétique, dans un temps imparti. Tous les écoliers l’ont fait dans le temps limite en septembre 2019. Un an plus tard, un grand nombre n’a pas terminé. « Un an de confinement a été catastrophique, à un moment essentiel de plasticité neuronale », constate Martine Duclos.

Ces résultats sont d’autant plus inquiétants que la situation antérieure était déjà peu brillante. Ainsi, avant la pandémie, en France, 87 % des adolescents de 11 à 17 ans ne respectaient pas l’heure quotidienne d’activité physique préconisée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Et pendant le premier confinement, seulement 0,6 % d’entre eux ont atteint ce seuil, la proportion étant de 4,8 % chez les 5-11 ans (2,8 % des filles et 6,5 % des garçons), selon le Report Card de l’Onaps, l’état des lieux de l’activité physique et de la sédentarité des enfants et adolescents publié en janvier.

Un capital santé amputé

Une expertise menée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses), publiée en novembre 2020, a mis en évidence que 66 % des jeunes de 11 à 17 ans « présentent un risque sanitaire préoccupant », caractérisé par le dépassement simultané de deux seuils : plus de deux heures de temps d’écran et moins de soixante minutes d’activité physique par jour.

Il y a urgence à inverser la tendance, estiment les autorités sanitaires, d’autant que c’est beaucoup dans l’enfance que se constitue le capital santé. Le manque d’activité physique et l’excès de sédentarité (temps d’éveil passé assis ou allongé) entraînent une perte de condition physique cardio-respiratoire, et ils sont souvent associés à un surpoids, du fait d’habitudes nutritionnelles peu favorables. Un cocktail qui, à terme, favorise la survenue de maladies chroniques comme le diabète, l’hypertension artérielle…

Pour éveiller la conscience des familles sur ces menaces dès l’école maternelle, le cardiologue du sport François Carré leur tient un discours très concret : « Si votre enfant se couche à 20 heures et que vous l’emmenez à l’école en voiture, au dernier moment, il ne commencera à bouger qu’à la première récréation, à 10 heures. En quatorze heures, il n’a fait que 50 pas ! » Des arguments qui font mouche. « Les parents comprennent mieux pourquoi les enseignants se plaignent de l’énervement des élèves, et l’intérêt de partir dix minutes à l’avance le matin, pour que leur enfant bouge un peu avant d’entrer en classe », poursuit le professeur Carré. « Pour une meilleure santé, chaque mouvement compte », souligne l’OMS.

Source : Le Monde


Gestion de la Covid-19 : Le nombre de décrocheurs a explosé dans la dernière année

La gestion de la pandémie a fait grimper en flèche le nombre de décrocheurs dans plusieurs écoles du Québec. Au Centre de services scolaire de Montréal, ils sont même deux fois plus nombreux que l’an dernier, a appris Le Journal de Québec.

En date du 1er juin, 430 jeunes fréquentant une école du CSSDM avaient abandonné leurs études depuis la rentrée, comparativement à 209 pour l’année 2019-2020.

Ces chiffres ne tiennent pas compte des élèves qui sont partis pour des « raisons personnelles », qui sont aussi en hausse, ou encore de ceux qui n’ont pas voulu préciser le motif de leur départ.

« C’est vraiment très préoccupant, mais ça ne nous étonne pas, lance Mélanie Marsolais, directrice du Regroupement des organismes communautaires québécois de lutte au décrochage. On voit que les jeunes sont en grande détresse. »

Encore pire

Ces chiffres ne sont que « la pointe de l’iceberg », ajoute-t-elle, puisqu’il s’agit « d’abandons scolaires officiels », comptabilisés après plusieurs semaines d’absence.

Un jeune qui va à l’école une ou deux fois par semaine ne sera pas pris en compte dans ces statistiques, même s’il est « décroché mentalement », illustre Mme Marsolais.

Au CSSDM, l’inscription d’un élève est annulée après 20 jours d’absence consécutifs. Son porte-parole Alain Perron précise toutefois qu’en matière d’abandon scolaire, « chaque cas est différent. Les raisons qui motivent l’abandon chez certains élèves sont multiples, mais nous ne pouvons écarter que la pandémie a sûrement été un facteur déterminant. »

Ailleurs au Québec

La hausse du décrochage scolaire se fait aussi sentir ailleurs dans la province, comme en Outaouais, sur la Côte-Nord et au Lac-Saint-Jean (voir ci-dessous).

Dans la région de la Capitale-Nationale, l’impact de la gestion gouvernementale de la pandémie sur la persévérance scolaire est « flagrant », selon Valérie Lampron, directrice de Vallée Jeunesse, un organisme qui vient en aide à des jeunes ayant un parcours scolaire difficile.

La demande pour leurs services est en forte hausse. « On a accueilli plus de jeunes cette année, et malgré ça, on a une liste d’attente. C’est la première fois que je vois ça depuis que je suis ici », laisse tomber Mme Lampron, qui œuvre pour cet organisme depuis une douzaine d’années.

En cette année de pandémie, le passage à l’enseignement virtuel une journée sur deux pour une majorité d’élèves de la fin du secondaire en a découragé plusieurs, rappelle Mélanie Marsolais.

Or il est permis d’espérer que ces jeunes qui ont décroché en raison de l’école en ligne soient de retour sur les bancs d’école l’automne prochain, si le retour à la normale se concrétise. « Mais si le jeune a décroché parce qu’il est en échec et que la montagne a l’air insurmontable, ça va être plus difficile », laisse-t-elle tomber.

NOMBRE DE JEUNES QUI ONT ABANDONNÉ L’ÉCOLE (QUELQUES EXEMPLES)

Centre de services scolaire de Montréal
Au 1er juin 2021 : 430
2019-2020 : 209

Centre de services scolaire des Hauts-Bois-de-l’Outaouais
Au 1er juin 2021 : 30
2019-2020 : 13

Centre de services scolaire de l’Estuaire (Côte-Nord)
2021 : 12 élèves
2020 : 6 élèves

Centre de services scolaire du Lac-Saint-Jean
2020-2021 : 13
2019-2020 : 7

Centre de services scolaire de la Côte-du-Sud (Chaudière-Appalaches)
Au 1er juin 2021 : 31 élèves
Juin 2020 : 19 élèves

Centre de services scolaire des Affluents (Lanaudière)
2020-2021 : 103
2019-2020 : 72

DES JEUNES QUI ONT UN AN DE RETARD SCOLAIRE

Des jeunes qui étaient déjà en difficulté avant la pandémie sont loin d’avoir réussi à rattraper le retard accumulé depuis le printemps 2020, constate Valérie Lampron, directrice générale de Vallée Jeunesse, un organisme qui vient en aide aux élèves vivant des difficultés scolaires dans la région de Québec.

« On a des jeunes qui sont beaucoup plus en difficulté, affirme-t-elle. On a récupéré le retard de l’an passé, lors du premier confinement, mais ils ont encore un an à reprendre. On sous-estime l’impact réel de la pandémie pour des élèves qui étaient déjà en difficulté. »

Bianka Griffin-Thibeault est arrivée à Vallée Jeunesse au début de l’automne dernier, sans avoir complété sa première secondaire.

Avant les restrictions imposées par le gouvernement, elle s’absentait déjà beaucoup de l’école, une situation qui a empiré lors du printemps 2020. « C’était doublement difficile avec le confinement. Les cours en ligne, ce n’est pas fait pour moi », lance la jeune fille de 15 ans.

Mieux adapté

Depuis son arrivée à Vallée Jeunesse, où tous les jeunes bénéficient d’un suivi personnalisé en petits groupes, Bianka a retrouvé la motivation qui lui manquait pour se replonger dans ses cahiers de maths et de français.

« Ici, on est vraiment accompagné et tu peux vraiment aller à ton rythme », lance celle qui réussira cette année à terminer sa première secondaire.

Même son de cloche de la part de Philippe Tremblay, 15 ans, et de Jessie Villeneuve, 19 ans, pour qui l’organisme a changé toute la donne.

« Dans une école régulière, je n’aurais jamais passé mon année », lance Philippe.

Jessie, qui en est à sa troisième année à Vallée Jeunesse, a quant à elle trouvé son année beaucoup plus difficile en raison de la gestion choisie pour lutter contre la Covid-19.

« Je n’ai pas avancé au même rythme que les autres années, déplore-t-elle. Les périodes de fermeture, ça fait que j’ai pris beaucoup de retard. »