vendredi 7 septembre 2018

Le secret des mariés : ils sont plus riches et plus heureux, on n'en parle pas...

Dans un sondage récent de l’Institut Angus Reid, environ 56 % des Canadiens ont déclaré que « le mariage n’est tout simplement plus nécessaire » pour former une relation à vie. Presque la même proportion (57 %) a poursuivi en disant que lorsqu’un couple non marié a des enfants, il n’est pas important que le couple se marie.

Plusieurs voix se sont élevées contre cette vision et souvent elles furent celles de gens qui ne sont ni socialement conservateurs ni religieux. Robert Fulford écrivait dans le National Post du 11 mai que « le mariage crée une sorte de mini-État, une république à échelle réduite avec ses propres règles, ses propres secrets et sa propre histoire. Les enfants, citoyens de ce mini-État, en tirent leurs premières notions de la hiérarchie, la finance, la responsabilité et l’ambition. »

Dans Macleans, Peter Shawn Taylor affirmait que le mariage rend plus heureux et plus riche, citant de nombreuses sources pour étayer cette thèse. Nous en reprenons plusieurs dans notre billet ci-dessous.

Enfin, Brian Lee Crowley et Sean Speer ont également prêché les vertus et l’importance du mariage, écrivant dans le Toronto Sun du 10 mai : « les faits montrent que la structure familiale est un facteur déterminant de réussite économique et sociale. »

La preuve que l’institution du mariage est en déclin au Québec ne doit plus être faite. Le taux de nuptialité baisse depuis des décennies. En 1981, plus de 60 % des Canadiens de plus de 15 ans étaient mariés. Aujourd’hui, ce pourcentage est tombé à 45 % au Canada alors que le nombre de concubins et les familles monoparentales progressent. Au Québec, d’après Statistiques Québec, seuls 27 % des hommes et 29 % des femmes se marieront au moins une fois avant leur 50e anniversaire. Ces indices ont diminué légèrement au cours des quatre dernières années. Ils étaient demeurés plutôt stables entre 2001 et 2012, autour de 29 % pour les hommes et de 32 % pour les femmes, stabilisation qui faisait suite à trois décennies de baisse. La situation actuelle contraste fortement avec celle observée au début des années 1970, quand les indices avoisinaient 90 %. En outre, la proportion de naissances issues de parents non mariés est de 63 % au Québec en 2016, quasiment le triple de la Suisse (23 %). La conclusion logique de cette tendance est qu’une majorité de Québécois pense aujourd’hui que le mariage est une institution désuète.

Et pourtant, un examen plus approfondi de la recherche suggère que les Canadiens ne comprennent peut-être pas les véritables implications de « se caser » officiellement. Au-delà des alliances échangées et de la cérémonie nuptiale, le mariage offre des avantages substantiels et persistants en termes de santé, de richesse et de bien-être pour les deux conjoints et leurs enfants. Bon nombre de ces avantages n’existent pas au même degré dans les autres formes de cohabitation — même si les Québécois ne voient apparemment aucune différence entre les deux types de relations. En d’autres termes, les avantages du mariage méritent d’être soulignés. Et pourtant personne n’en pipe mot. Surtout pas à l’école.

Les questions financières occupent une place prépondérante dans l’enquête Angus Reid pour expliquer le déclin de l’intérêt pour le mariage par les couples. Près de la moitié (47 %) des jeunes hommes âgés de 18 à 34 ans ont déclaré que l’absence de stabilité financière était la principale raison pour laquelle ils ne sont pas actuellement mariés. Pour les femmes du même âge, l’insuffisance des ressources financières était la principale raison de 39 %. Quand on demande aux sondés s’il était probable que plus de gens se marieraient si les dépenses associées aux noces n’étaient pas aussi élevées, 61 % des répondants ont répondu par l’affirmative.

Des chaînes de télévision entières semblent se consacrer à promouvoir l’idée que les mariages sont devenus incroyablement complexes et coûteux. Mais ce serait une grave erreur de retarder ou d’abandonner le mariage simplement à cause du coût d’une pièce montée ou de la robe de mariée. Si les couples cherchent la stabilité financière, le meilleur conseil à leur donner est de se marier le plus rapidement possible. Plutôt qu’un fardeau économique, le mariage constitue statistiquement une police d’assurance contre la pauvreté.

Cardus, un groupe de réflexion religieux basé à Hamilton, en Ontario, est l’un des rares « réseaux pensants » au Canada à valoriser ouvertement les avantages du mariage. Dans son rapport de 2014 intitulé « L’écart de mariage entre riches et pauvres Canadiens », Philip Cross, ancien économiste en chef de Statistique Canada, et Peter Jon Mitchell, chercheur, ont analysé les liens entre le mariage, le revenu et l’inégalité. Et ceux qui sont mariés ont nettement plus de chance de mieux s’en sortir sur ces trois plans.

« La différence de statut matrimonial entre les groupes de revenus est assez impressionnante », observe l’étude.

La part des couples mariés dans le quartile inférieur des revenus (les 25 % qui gagnent le moins) représente que 12 % de l’ensemble des couples. Dans les deux groupes à revenu intermédiaire, les couples mariés représentent 49 % de toutes les familles. Et dans le quartile supérieur (les 25 % qui gagnent le plus donc), 86 % des ménages étaient mariés.

De manière significative, ces résultats ne sont pas simplement dus au fait que le premier quartile est rempli de couples plus âgés et plus performants. Les couples mariés de tous âges ont tendance à se retrouver dans des tranches de revenu plus élevées. Le mariage est donc un marqueur de réussite, et non d’âge. Les auteurs montrent également que l’effet « nuptial » sur la répartition des revenus augmente avec le temps. L’inégalité, de ce point de vue, est exacerbée par la forte baisse des taux de mariage parmi les groupes à faible revenu. Car, comme le soulignait déjà Charles Murray, ce sont surtout les plus pauvres qui abandonnent le mariage et d’autres comportements (religieux ou autres) que les plus nantis conservent.

Bien que vivre en couple (mariés ou non) puisse offrir de nombreux avantages en termes économiques (un seul loyer plutôt que deux par exemple), de nombreuses recherches confirment d’importantes différences entre les conjoints mariés et les concubins, notamment en ce qui concerne les arrangements financiers. Les couples mariés, par exemple, sont beaucoup plus susceptibles de mettre leur argent dans un pot commun et de traiter leurs finances conjointes comme une seule unité de planification cohérente. Cela rationalise la budgétisation et marque un engagement plus profond envers les priorités familiales. Les conjoints de fait sont moins susceptibles de mettre leur argent en commun et affichent donc une forme d’engagement familial plus faible.

L’écart de planification financière entre les couples mariés et non mariés existe même lorsque la cohabitation devient le type dominant de formation de la famille. C'est le cas du Québec, où les attitudes à l’égard du mariage diffèrent sensiblement de celles du reste du Canada : une importante majorité de bébés au Québec, par exemple, naissances de conjoints de fait plutôt que de couples mariés. Pourtant, la recherche dans le Journal of Marriage and Family trouve les mêmes différences dans la mise en commun des ressources entre les couples mariés et cohabitants au Québec et ailleurs au Canada.

Aux États-Unis, où le succès relatif des groupes raciaux est un domaine d’intérêt particulier, les recherches de la Brookings Institution indiquent que la « séquence de réussite » est un facteur clé pour éviter la pauvreté. Il s'agit du processus en plusieurs étapes qui consiste à d’abord terminer ses études secondaires, puis à obtenir un emploi, se marier et enfin avoir des enfants. Suivre ces étapes dans cet ordre augmente considérablement les chances d’entrer dans la classe moyenne ou supérieure, quelle que soit sa race.

Des travaux récents de l’Institute for Family Studies montrent que, parmi les Américains âgés de 28 à 34 ans qui n’ont pas suivi cette séquence dans l’ordre, 53 % étaient pauvres. À titre de comparaison, ceux qui ont suivi le cheminement traditionnel vers l’âge adulte avaient 90 % de chance de se retrouver dans la classe moyenne ou supérieure. Le mariage est l’aspect central de cette séquence ; et, en tant que moyen de défense contre la pauvreté, il s’agit d’une option accessible à tous. Bradford Wilcox, sociologue à l’Université de Virginie et co-auteur du rapport cité ci-dessus, affirme que le mariage allie « sexe, parentalité, coopération économique et intimité émotionnelle » à une union permanente. En outre, il vous rend statistiquement plus heureux.

En effet, une étude publiée l’an dernier par deux économistes de la Vancouver School of Economics de l’Université de Colombie-Britannique examine l’impact que le mariage peut avoir sur les niveaux de satisfaction et de bonheur déclarés des couples. « Ceux qui se marient sont plus satisfaits que ceux qui restent célibataires », affirment les professeurs Shawn Grover et John Helliwell. De manière significative, le mariage offre un rempart bienvenu contre une crise de la fin de la quarantaine. Les enquêtes sur le bonheur menées dans le monde entier montrent systématiquement une trajectoire en forme de U pour la satisfaction de la vie, le point le plus bas se situant à la fin de la quarantaine ou au début de la cinquantaine. « Le soutien social fourni par un conjoint contribue à calmer le démon de midi », rapportent les auteurs. Et alors que les couples vivant en union de fait négocient mieux que les célibataires la crise de la fin de la quarantaine, les couples mariés s’en sortent encore sensiblement mieux.

Une étude canadienne fondée sur des données longitudinales a révélé que parmi les enfants de 10 ans et moins, ceux qui étaient nés d’un couple marié étaient trois fois moins susceptibles de connaître la séparation de leurs parents que leurs homologues nés de parents concubins. Ce manque de stabilité nuit aux enfants.

Compte tenu de cette longue liste d’avantages découlant du mariage, pourquoi toutes ces informations ne sont-elles pas plus largement diffusées dans les médias et les écoles ? Quand a-t-on expliqué pour la dernière fois aux jeunes Québécois les avantages supplémentaires substantiels que procure le mariage par rapport au concubinage ?

Certes, le mariage n’est pas pour tout le monde, mais une société qui n’ose plus parler de mariage perd de nombreux avantages. Le mariage lie sexe, intimité, procréation, parentalité et collaboration économique dans une relation permanente qui devrait être valorisée par la société. Il marque aussi l’entrée dans l’âge adulte.

L’absence de débat politique sur les avantages liés au mariage est frappante. Nos gouvernements n’hésitent pas à nous dire comment vivre nos vies à bien d’autres égards. Nous sommes constamment incités, poussés et cajolés à faire des choix sains, à éviter des comportements malsains : que manger, que ne pas manger, comment se déplacer, comment traiter les LGBT, les immigrants, comment aller au travail, combien faire de l’exercice, que recycler, comment traiter son voisin, etc. Et pourtant, quand il s’agit d’informer le public et les enfants sur les énormes avantages personnels et sociaux découlant du mariage… silence total.

Pendant des décennies, les Québécois se font dire — dès l’école ! – que la santé, la richesse et la stabilité ont peu à voir avec le mariage, qu’il s’agit d’une institution surannée, d’un reliquat de la Grande Noirceur en quelque sorte. L’effondrement de la famille au Québec et la prévalence de la pauvreté dans les familles monoparentales devraient pourtant faire réfléchir et se demander s’il ne vaudrait pas la peine de défendre le mariage, y compris à l’école. Ce ne semble pas être le choix du nouveau programme d’éducation à la sexualité.

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Idées reçues sur les blancs américains, écart moral et culturel croissant des classes sociales : les classes moyennes supérieures sont plus religieuses, plus souvent traditionnelles, plus souvent encore mariées que les classes sociales moins nanties.

Richard Martineau : « L’école sert à extirper l’enfant de son milieu familial et à l’exposer à d’autres valeurs » [sexuelles]. Permissives ?


Richard Martineau : « L’école sert à extirper l’enfant de son milieu familial et à l’exposer à d’autres valeurs » [sexuelles]

Chronique rageuse, voire hystérique, de Richard Martineau sur le programme gouvernemental d’éducation à la sexualité obligatoire (obligatoire, on est au Québec !) dès la rentrée 2018. Martineau enrage contre les parents qui pourraient (très hypothétiquement) demander à ce que leurs enfants en soient dispensés.

Rappelons que Richard Martineau passe pour être de « droite ». Nous y reviendrons, mais d’abord laissons la parole au chroniqueur du Journal de Montréal, ça vole haut :

Donc, c’est clair : l’éducation à la sexualité sera obligatoire pour tous les élèves du primaire et du secondaire dès la rentrée.

Mais les parents pourront retirer leurs enfants de ce cours pour deux raisons.

Un : le tort psychologique qui pourrait être causé à un élève (qui aurait été victime de violence sexuelle, par exemple).

Et deux : l’atteinte à des droits et libertés garantis par les chartes canadiennes et québécoises (comme la liberté de religion).

SUPERSTITITIONS 1 SCIENCE 0

Votre ami imaginaire qui vit sur un nuage considère la sexualité comme une chose sale ?

Il ne vous permet pas de parler de sexualité à vos enfants ?

Il trouve que les homosexuels sont des malades mentaux ?

Il croit que l’infidélité est un crime grave ?

Il nie à la femme le droit au plaisir ?

Il croit que le sexe ne sert qu’à la procréation ?

Il est contre la masturbation, la contraception, le sexe hors mariage et l’avortement ?

Eh bien, vous pourrez retirer votre enfant de ce cours sans aucun problème.

Le gouvernement abdiquera ses responsabilités et fera passer vos superstitions avant l’éducation.

C’est quoi la suite ?

Je ne veux pas qu’on enseigne la théorie de l’évolution à mon fils ?

Je ne veux pas qu’on dise à ma fille que la Terre tourne autour du soleil ?

Non, mais tant qu’à faire, allons-y !

Si on fait passer la religion AVANT la sexologie, qui est une science, pourquoi ne ferait-on pas passer la religion AVANT l’astronomie, l’anthropologie ou la biologie ?

Notons tout d’abord que, à notre connaissance, ces exemptions existent pour tous les cours, mais qu’il s’agit d’un « droit » très théorique. C’est celui qu’ont invoqué les parents de Drummondville pour demander à retirer leurs enfants du programme d’éthique et de culture religieuse (ECR). Les commissions scolaires ont simplement dit non à tous les parents qui ont invoqué ce droit pour faire exempter leurs enfants du cours ECR, reproduit les mêmes raisons préparées à l’avance pour refuser ces demandes, ne laissant plus au parent que la voie juridique pour contester ces refus. Plusieurs centaines de milliers de dollars plus tard, la Cour suprême du Canada ne leur a rien accordé, mais leur a notamment dit qu’ils avaient retiré leurs enfants trop tôt et qu’ils ne pouvaient donc prouver un tort à leurs enfants... alors que le but de l’article de loi invoqué est d’éviter tout tort préalable. Voir, notamment, le témoignage de la mère de Drummondville qui est allée en Cour suprême.

Bien évidemment, il s’agit-là de caricatures. Nous ne connaissons ainsi personne qui « croit que le sexe ne sert qu’à la procréation ». Pour l’Église catholique (les connaissances de M. Martineau semblent très lacunaires sur le sujet), les relations sexuelles sont aussi un moyen de parfaire l’union corporelle et spirituelle entre homme et femme. Voir Humanae Vitae, § 12, Deux aspects indissociables : union et procréation. Si des personnes prétendent que le « sexe ne sert qu’à la procréation », elles sont à notre avis ultraminoritaires parmi celles qui s’opposent au programme d’éducation à la sexualité. Par contre, nous connaissons des personnes qui s’opposent au fait que l’on veuille séparer « sexe » et « amour » et ne voir dans le sexe qu’un simple plaisir et que toute forme de sexualité se vaut dès lors qu’il y a plaisir. Ces opposants craignent que ce soit là précisément le message des programmes à la sexualité gouvernementaux que l’on promeut actuellement, c’était également le cas en Ontario. Il ne s’agit plus de simple cours de biologie ou de prophylaxie (ces informations sont déjà transmises à l’école québécoise...) mais de promotion d’une philosophie hédoniste et d’une invitation à la promiscuité.

Admirons ensuite l’amalgame qui consiste à mettre dans le même sac toutes les questions liées à la sexualité et à les assimiler à de la superstition religieuse. Comme si on ne pouvait pas, par exemple, s’opposer à l’avortement pour des raisons philosophiques (on ne peut mettre fin à la vie d’êtres humains innocents) ou même politiques (la natalité est catastrophique, si on rend plus difficile l’avortement, on augmentera celle-ci, c’était la politique du régime communiste roumain athée).

Passons sur le sophisme de la pente glissante : l’État permet de s’opposer à une vision de la sexualité enseignée dans ce programme, il permettra donc de s’opposer à l’enseignement que la Terre est ronde... Ajoutons au passage, car c’est un mythe commun chez certains, Richard..., que ni le catholicisme ni le Moyen Âge, époque si religieuse, n’ont prétendu que la Terre était plate.

Enfin, contemplons le chroniqueur qui se drape de science pour faire croire que toutes les questions anthropologiques ou morales doivent être confiées à experts qui détermineront unanimement ce que l’on doit penser sur ces sujets. C’est d’abord faire croire que le programme à la sexualité québécois a été conçu par de savants experts et qu’aucun spécialiste ne s’y opposerait. Cela reste à prouver. Nous sommes sceptiques. Voir ainsi l’opposition en France de près de 100 psychiatres et pédopsychiatres, 260 médecins, 35 pédiatres, plus de 1000 psychologues/psychothérapeutes et 1500 enseignants à un programme d’éducation à la sexualité gouvernemental, lire la lettre ouverte à ce sujet du pédopsychiatre Maurice Berger qui se dit athée. On ne nous fera pas croire que, à nouveau, la question de l’avortement peut être réglée « scientifiquement », c’est d’abord une question philosophique : la vie d’un enfant à naître, innocent par définition, prime-t-elle sur la faculté d’un adulte à s’en débarrasser ?

Sur un autre sujet évoqué par Martineau : quel scientifique pourra trancher le débat de l’importance de la fidélité en amour ?

Par contre, les études semblent bien indiquer que, pour éviter la pauvreté, il vaut mieux dans l’ordre finir l’école, se marier et puis avoir des enfants. Mais voilà ce genre de discours est absent des programmes d’éducation à la sexualité, sans doute parce qu’il prend à rebrousse-poil les féministes et autres progressistes. M. Martineau ne s’en offusque pas.

Notre intrépide chroniqueur poursuit sur sa lancée :

On va donc se retrouver avec différentes catégories d’élèves.

Des élèves qui sont exposés aux récentes découvertes scientifiques.

Et des élèves qui sont élevés selon des dogmes théologiques datant de 2000 ans.

L’école sert à extirper l’enfant de son milieu familial et à l’exposer à d’autres idées, d’autres faits et d’autres valeurs que ceux que ses parents lui enseignent à la maison.

Nous avons déjà parlé de la propension de Martineau à nommer dogmes théologiques ce qui peut être des positions philosophiques ou morales indépendantes de la religion. C’est ainsi que la réprobation envers l’homosexualité se retrouve sous tous les cieux à différentes époques historiques, peu importe la religion ou même l’absence de religion. Après un début hédoniste débridé, les communistes soviétiques athées condamneront l’homosexualité comme une « Tradition étrangère à la classe ouvrière », un « vice d’aristocrate », une « perversion bourgeoise et occidentale ». Il est étonnant que Martineau ne comprenne pas que l’homosexualité ait pu et puisse encore être considérée comme « contre nature » par certaines populations, sans aucun appel à la religion. Martineau semble dénué de culture historique ou d’imagination sur ce sujet. Richard Martineau paraît répéter une doxa urbaine contemporaine qu’il prend pour la « science ». Pour Éric Zemmour, les civilisations anciennes ont rejeté l’homosexualité parce que celles-ci craignaient pour leur survie démographique et les religions monothéistes n’ont fait que transcrire une réprobation commune. Incidemment, on observe une chute concurrente actuelle de la natalité dans les sociétés occidentales et une plus grande tolérance envers les « minorités sexuelles ». Quant à invoquer la science pour trancher la question, on ne voit pas très bien ce qu’elle pourrait dire si ce n’est que c’est une sexualité minoritaire et plus risquée sans protection supplémentaire puisque les parois anales sont nettement moins bien préparées à la pénétration que les parois vaginales.

Mais, passons sur cette manie de Martineau de tout ramener à la lutte entre la religion et la position « scientifique » qu’il incarnerait.

Le plus inquiétant est le glissement effectué entre l’utile apprentissage de faits nouveaux à l’école et la prétention que l’école sert à enseigner d’autres valeurs que celles des parents... Est-ce que Richard Martineau est d’accord avec ce qu’il vient de clamer avec une ferveur toute religieuse ? Y a-t-il réfléchi ? Est-il d’accord que l’école québécoise enseigne des valeurs à sa progéniture qui contredisent les siennes ? Bien sûr que non. C’est pourquoi il enrage contre le programme ECR. (Voir ÉCR — Un cours à jeter aux poubelles.) Martineau veut simplement que l’école d’État enseigne les valeurs qu’il chérit aux enfants des autres. Comme c’est facile ! Le tout au nom de la « science ».


Affiche soviétique de 1930 : « la religion est un poison, protégez vos enfants » avec l’église délabrée à gauche et l’école triomphante à droite


N’hésitant devant rien, le célèbre chroniqueur se fait alors latiniste amateur...

C’est ça la racine latine du mot « éducation » : conduire hors. Arracher.

Mais voilà qu’il confond deux verbes latins proches dans leur forme (educare et educere), l’un signifie « élever, nourrir, instruire » alors que l’autre a le sens de « tirer hors de, mettre dehors », bref une forme atténuée d’arracher. D’une part, éducation vient de educare et non du substantif de educere qui est « éduction » (action de faire sortir), mais d’autre part, même si on admet l’étymologie d’arracher, il faut encore préciser arracher à quoi, et là Martineau commet un contresens historique.

Voici ce qu’en dit Lexilogos :

Empr. au lat. class.educatio « action d’élever (des animaux et des plantes) ; éducation, instruction, formation de l’esprit ».

Et le grand Gaffiot :


L’éducation pour les anciens ne signifiait en rien qu’il fallait arracher l’enfant pour ne pas lui transmettre les valeurs familiales, mais bien au contraire de l’élever, de le sortir de sa condition infantile (in-fans, celui qui ne parle pas) informe pour en faire un citoyen en lui transmettant les valeurs traditionnelles de la Cité, valeurs partagées par les familles, puisque traditionnelles. Richard Martineau réécrit l’histoire, il est foncièrement progressiste dans ce sens : il veut faire « progresser » la société en utilisant la force coercitive de l’État et de l’école.

Richard Martineau poursuit sa diatribe :

Or, dans le cas de la sexualité, on dit : « On ne t’arrachera pas de ton milieu familial, car on juge qu’en matière d’éducation sexuelle et de biologie, le discours religieux est plus important que le discours scientifique. »

On ne voit pas ce que la biologie vient faire dans l’histoire. Quelle religion s’oppose à la biologie (l’anatomie des grenouilles, le cycle de Krebs) ? Il s’agit plutôt de la morale autour de la sexualité humaine, mais on l’aura compris, il s’agit d’un « truc », il faut créer un épouvantail, une caricature des opposants : ils ne sont mus que par la religion vieille « de 2000 ans », alors que le prêcheur rageur qui harangue ses lecteurs dans le Journal de Montréal incarnerait la science (la biologie et le discours scientifique).


Pourquoi ?

Pour les crinqués de religion, c’est une victoire éclatante.

Les crinqués [fous, furieux], rien que cela. Quant à la victoire, si seulement c’était vrai...

Richard Martineau est-il de droite ?

Richard Martineau est souvent présenté comme un homme de droite. Radio-Canada dit ainsi de lui qu’il est « un polémiste de droite ».

Sans doute parce qu’il critique l’immigration de masse et le multiculturalisme. Il nous semble à la lecture de certaines de ces chroniques qu’il est surtout libertaire sur le plan moral et que cela explique son aversion envers la religion et l’immigration récente souvent plus religieuse que la population québécoise ou du moins celle que fréquente Richard Martineau. Il y a dix ans, Richard Martineau trouvait que le programme ECR était bien. Voir la vidéo ci-dessous : « je trouve cela intéressant que mes enfants puissent justement s’ouvrir aux religions des autres, non ? »... (à 1 min 20 s) puis « Moi, j’ai pas eu la chance d’apprendre les autres religions ». Mais bon, à l’époque les catholiques conservateurs s’y opposaient par relativisme religieux, Martineau approuvait donc le cours ECR, semble-t-il, par anticatholicisme.



Aujourd’hui, Martineau s’oppose vigoureusement au même programme ECR... Pourquoi ? Parce que le programme ECR enseignerait le respect de toutes les religions. Le réflexe « droitier » antimigratoire et identitaire de Martineau semble prendre racine dans sa ferme opposition au message conservateur des religions sur le plan moral et social. Martineau est très permissif sur le plan de la morale. Comme on l’a vu, il est même animé d’un zèle missionnaire et progressiste qui le pousse à souhaiter que l’école rééduque les enfants des autres pour qu’ils adoptent ses valeurs morales et sexuelles. Le terme de « droite » nous semble donc peu approprié pour le qualifier. Polémiste, oui, de droite, pas vraiment.

Voir aussi

Le Devoir : « L’école n’est pas au service des parents. »

« Les enfants appartiennent à la République avant d’appartenir à leurs parents »

« Il ne revient pas à l’école de changer les mentalités »

Georges Leroux – le pluraliste jacobin (1 sur 2)

Les garçons éduqués dans le cadre d'une famille traditionnelle ont de meilleurs résultats scolaires

Enfants élevés par des couples homos deux fois plus susceptibles d'être déprimés et obèses

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