mercredi 25 avril 2012

Et si plus d'État depuis 60 ans c'était faire fausse route ?





Soutenons les familles dans leurs combats juridiques (reçu fiscal pour tout don supérieur à 50 $)

Jeunes adolescents ferment trois écoles secondaires : un excellent « exercice de citoyenneté » ?


Sous prétexte d’un « apprentissage citoyen », la commission scolaire de Montréal a « négocié avec ses élèves » le droit de boycotter leurs cours pendant trois jours.

« La commission scolaire, les directions d’écoles, les enseignants, ont lamentablement abdiqué leurs responsabilités d’éducateurs. Cette situation est très révélatrice de la décadence du réseau public d’éducation du Québec, passé sous le contrôle total des syndicats d’enseignants, qui lessivent en toute liberté les cerveaux de nos enfants et devant qui les directions d’écoles et de commissions scolaires font des génuflexions en empruntant leur même langage.

[...]

Les élèves de ces écoles secondaires sont des mineurs. Les directions des écoles sont responsables de leur sécurité et les élèves n’ont pas le choix d’assister ou non aux cours.

L’autre dimension inquiétante est de savoir ce qu’en pensent les parents et comment réagissent-ils à la décision de leurs enfants de poser un geste de boycott politique de leurs cours ? »



Soutenons les familles dans leurs combats juridiques (reçu fiscal pour tout don supérieur à 50 $)

France — Se libérer de la tyrannie des programmes scolaires étatiques

Le débat public n’aborde que trop rarement la question cruciale des programmes scolaires. S’il le fait, c’est toujours de façon ponctuelle et sous le coup de l’émotion, à l’occasion d’une énième réforme malheureuse, comme récemment sur l’introduction de l’idéologie du gender en SVT [sciences de la vie et de la Terre], l’expulsion de Louis XIV des programmes au profit du Monomotapa, ou la suppression de l’histoire-géographie en terminale S [dernière année du cégep, spécialisation scientifique].



Pourtant, il est urgent aujourd’hui de repenser les programmes, tant ils sont à la fois vides de l’essentiel et embarrassés d’exigences accessoires. Les écoles indépendantes ne peuvent se soustraire à cette responsabilité puisque la loi les laisse libres de déterminer de manière autonome leurs programmes pour peu qu’elles respectent le «   Socle commun de connaissances   ». À elles d’être à la hauteur de cette liberté !

[Note du carnet :  cette liberté existe nettement moins au Québec, les écoles dite privées y sont astreintes de suivre le programme obligatoire y compris par exemple des matières qui ne sont nécessaires à l'obtention du diplôme d'études secondaires comme ECR !]

La piètre qualité des programmes en vigueur est désormais largement reconnue. Le simple fait que l’État ait cru bon en 2005 de fixer un Socle commun de connaissances en sus de ces programmes en dit long. N’est-ce pas reconnaître leur caractère irréaliste ? Leurs fréquents remaniements pour faire droit aux revendications de groupes communautaristes ou pour intégrer les thématiques au goût du jour ajoutent à la confusion, en nuisant à la logique des progressions et à leur cohérence interne. Face à une vision traditionnellement organique et unitive de la connaissance s’est affirmée une approche pointilliste déstructurée, donnant toujours le primat au thème sur la chronologie, et ne respectant pas les méthodes propres à chaque matière au nom de la luridisciplinarité et de la pédagogie de projet.

La nature même des programmes est donc incompatible avec la structuration des esprits dont la nécessité est pourtant unanimement soulignée. Sans conscience du déroulement historique des événements comme des idées ou des styles, l’élève ne peut se forger une représentation du monde autre qu’arbitraire et éclatée. Il sait des bribes sur le roman noir, il a traité le thème du rire mais il est privé de l’intelligence du tout, de la vision architectonique de l’ensemble, qui est pourtant l’objectif de toute formation généraliste. Il est donc clair qu’il faudrait refonder les programmes.

Pour ce faire, il faudrait commencer par se débarrasser de l’idée même d’un programme unique imposé à tous par l’État, ce monopole sur les esprits étant proprement tyrannique, quand bien même on invoquerait l’impératif d’unité nationale pour la défendre : l’État doit s’en tenir à un rôle de garant de l’accès de chacun à une éducation digne de ce nom, et de suppléant lorsque l’offre éducative est défaillante. Les critères de son contrôle doivent être définis par le législateur, démocratiquement et en toute transparence. Ce travail de libération ne sera assuré que lorsque l’État aura également renoncé au monopole de la collation des grades (monopole d’octroi des diplômes). Hélas, la passion exclusive des Français pour le baccalauréat, au mépris d’autres grades et certificats nationaux ou internationaux, aide peu l’État à renoncer à son privilège ! C’est bien dans l’indifférence générale que la préparation du baccalauréat continue de condamner chaque lycéen à un bachotage stérile qui vicie radicalement le rapport à la connaissance.

Les écoles indépendantes doivent faire un effort de libération mentale et mettre à profit leur liberté de programme pour définir et suivre humblement un ordre d’acquisition des connaissances. De manière responsable, c’est-à-dire philosophiquement fondée et « citoyenne », c’est-à-dire publiquement justifiée. Au risque sinon de tomber dans une autre forme de communautarisme et dans l’arbitraire. C’est en ayant une claire conscience du rôle de l’école qui est de former le jugement à travers l’acquisition de connaissances certaines, que les écoles échapperont à tout communautarisme diviseur. La transmission de ces savoirs insèrera nécessairement l’élève dans une tradition et dans l’universel, auquel tend de soi tout savoir. Au delà des spécialisations selon les filières, il conviendra donc de ne pas perdre de vue que le but demeure toujours une formation d’ordre général, une culture.


Guilhem Golfin, professeur de philosophie
guilhem_golfin<arrobe>yahoo.fr
Anne Coffinier, cofondatrice de la Fondation pour l’école
anne.coffinier<arrobe>fondationpourlecole.org






Soutenons les familles dans leurs combats juridiques (reçu fiscal pour tout don supérieur à 50 $)

Lent déclin du français à Montréal et sa banlieue

Guillaume Marois, doctorant en démographie à l'INRS, revient sur les propos de Michel Kelly-Gagnon qui dans un article récent soutient que ceux qui s'inquiètent de la situation du français à Montréal basent leurs analyses sur une mauvaise interprétation des statistiques. Marois est également coauteur du livre Le Remède imaginaire. Pourquoi l'immigration ne sauvera pas le Québec.

« La première erreur consisterait à concentrer les analyses uniquement sur la municipalité ou l'île de Montréal plutôt que sur la région métropolitaine, incluant les banlieues. Puisque les francophones quittent la ville-centre pour la banlieue dans de plus fortes proportions que les anglophones et allophones, ce déplacement de personnes occasionne une anglicisation de la municipalité sans toutefois transformer la composition de l'ensemble métropolitain. Ce n'est pas faux. Toutefois, cela n'invalide en rien les inquiétudes relatives au déclin du français. La raison est simple : entre 2001 et 2006, la chute du français s'est également observée dans les banlieues. Durant cette période, le poids des francophones est passé de 87 % à 85 %. Sur l'île précisément, la situation est encore plus alarmante : les francophones sont passés de 56 % à 54 %. Ce déclin, tant sur l'île que dans les banlieues, ne peut pas être attribué uniquement à l'augmentation de la proportion d'allophones, puisque durant la même période, l'anglais a, lui, progressé. Pour quiconque se préoccupant du sort du français au Québec, ce ne sont pas des tendances réconfortantes.

M. Kelly-Gagnon rappelle qu'en ne considérant que la proportion de francophones, on oublie que la partie restante n'est pas constituée que d'anglophones, mais également d'allophones qui seront, eux ou leurs enfants, éventuellement intégrés à l'une ou l'autre des deux communautés linguistiques. Il s'empresse de rajouter que si on observe les transferts linguistiques d'allophones rapportés par l'OQLF, ils sont un peu plus nombreux à choisir le français que l'anglais (51 % contre 49 %). J'ignore quel est l'objectif de l'auteur en présentant ces chiffres. Certes, c'est la majorité, mais mathématiquement, c'est loin d'être suffisant pour maintenir le poids du français au Québec. Soyons clairs   : ils illustrent que les allophones choisissent le français dans une proportion nettement inférieure au poids relatif de la communauté francophone (80%) et par conséquent, contribuent à son déclin.

Pour une analyse encore plus honnête, il faut savoir que les transferts linguistiques ne sont pas un très bon indicateur des tendances réellement à l'œuvre, car ils ne concernent qu'une faible proportion des allophones   : ceux dont la langue à la maison n'est pas leur langue maternelle. Si un peu plus de la moitié des allophones qui ont changé de langue ont choisi le français, les deux tiers des allophones n'ont simplement pas effectué de transfert linguistique. Est-ce que cette majorité d'allophones s'intégrera à la communauté francophone ou anglophone? Si on regarde les autres indicateurs linguistiques, rien ne laisse présager que le français sera en bonne posture. Par exemple, les chiffres sur la langue la plus souvent utilisée au travail par les allophones et les immigrants indiquent que le français est loin d'obtenir sa juste part.

La réalité est la suivante   : l'intégration des immigrants et des allophones à la communauté francophone se fait un peu mieux qu'auparavant, mais cette intégration demeure encore nettement insuffisante pour empêcher le déclin démographique du français au Québec, d'autant plus que l'immigration est plus forte que jamais et a par conséquent un impact de plus en plus important sur la composition démolinguistique du Québec. Peu importe l'indicateur utilisé, que ce soit la langue parlée à la maison, la langue parlée au travail ou la langue maternelle, et peu importe la géographie concernée (ville de Montréal, région métropolitaine de Montréal, ensemble du Québec), tout indique que le français est en déclin. »

Voir aussi

Résultats en lecture du français très médiocres, on impose l'anglais intensif de manière « brutale »

Élèves de l'école publique à Montréal : le français perd du terrain depuis 1998 tandis que l'anglais demeure stable

Les francophones bientôt minoritaires à Montréal, légère baisse des francophones dans l'ensemble du Québec

Écoles lavalloises — vague d'immigration, pauvreté et tensions raciales

200 000 immigrants en 4 ans au Québec, bon pour le développement durable !?

L'immigration, le remède imaginaire




Soutenons les familles dans leurs combats juridiques (reçu fiscal pour tout don supérieur à 50 $)