lundi 3 novembre 2025

« La messe n'est pas dite », appel à un sursaut culturel chrétien

Dans son nouveau livre, l’essayiste et président du Parti Reconquête se livre à un vibrant plaidoyer pour l’identité chrétienne de la France, sa seule voie de salut. En voici quelques extraits. 

Une compétition avec l’islam dans l’espace public 

Depuis le VIIe siècle, c’est l’islam qui déploie et incarne l’étendard d’un Orient toujours en quête de revanche contre l’Occident.

Mais l’Église ne veut rien entendre. Avec à sa tête, jusqu’à sa mort il y a quelques mois, un pape « pacifiste », comme on l’était lors des années 1930, elle s’est perdue dans une quête inlassable de complaisance et de compromis, et s’est obstinée à appeler ami ce qu’elle devrait reconnaître comme ennemi. De concession en concession, il est fait une place de plus en plus grande dans le paysage urbain de l’Occident, et donc dans l’imaginaire des populations européennes, à la religion islamique. Et donc à la civilisation islamique. De plus en plus de mosquées, d’écoles coraniques, de boutiques halal, de nourriture halal, de femmes voilées, d’hommes en qamis. Pour reprendre […] la terminologie de Fukuyama, les formes islamiques imprègnent peu à peu l’espace européen, tandis que les formes chrétiennes s’effacent et disparaissent.

En France, de nombreuses églises sont brûlées, vandalisées, pillées dans l’indifférence générale. En revanche, si la moindre mosquée, la moindre synagogue sont simplement taguées avec des mots insultants, c’est l’émotion générale, les autorités médiatiques, politiques, voire les représentants de l’État, sans oublier les autorités religieuses chrétiennes et juives, s’émeuvent, manifestent dans la rue. Seul l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris a suscité une immense et intense émotion planétaire. Certains esprits y ont vu un avertissement divin, annonçant la fin de l’Europe chrétienne.

Quoi qu’il en soit, l’avenir de la chrétienté en Europe s’écrit en lettres de feu dans ce XXIe siècle de tous les dangers : des Européens de moins en moins chrétiens et de moins en moins nombreux, noyés au milieu de musulmans de plus en plus nombreux et de plus en plus musulmans.

Une alliance entre Juifs et catholiques

De plus en plus de Juifs et de plus en plus de catholiques ont pris conscience que seule leur alliance peut sauver la France et l’Europe d’une inéluctable et funeste islamisation. Ils ont compris qu’ils étaient liés par la même menace, celle que résume le fameux proverbe arabe : « Après le samedi, vient le dimanche ». Je parle bien d’une lutte contre l’islamisation, et non contre tous les musulmans. Ce n’est pas la rhétorique prudente. Des personnalités musulmanes, venues d’Algérie, comme les écrivains Kamel Daoud ou Boualem Sansal, sans oublier des réfugiés iraniens qui ont fui le régime islamique de Téhéran, et bien d’autres anonymes — Libanais survivants de la guerre civile, Algériens qui ont échappé aux milices du GIA pendant les années 1990, ou musulmans maghrébins ou africains qui apprécient le mode de vie laïque à la française, respectueux de la liberté individuelle — rejoindront ce combat pour l’identité française. Ils savent, eux, que seule une France française, c’est-à-dire à la fois chrétienne et laïque, peut les protéger de la pression familiale et communautaire qui les somme, non sans violence, d’être de « bons musulmans » et non pas des « sales Français ». Malheureusement, une grande partie de la jeunesse musulmane, née en France mais biberonnée, depuis sa plus tendre enfance, à la haine de soi française et à la culture du ressentiment colonial par l’école de la République et les médias de gauche, ne semble pas partager ce combat pour l’identité française.

Le clivage se situe aussi au milieu des catholiques français et européens. Les uns se sont engagés résolument dans la lutte pour l’identité de la France et de l’Europe, liant foi catholique et civilisation chrétienne. D’autres refusent de voir dans leur foi « une identité », même française et européenne, et s’accrochent aux plis d’une Église universelle (katholikos, καθολικὴ ἐκκλησία) et à son message humaniste.

[…]

C’est la sempiternelle querelle qui divise le christianisme depuis l’origine. Identité ou universalisme ? Une loi ou une foi ? Pierre (et Jacques) ou Paul ? Judéo-chrétien ou ami des gentils ?

On se souvient que l’universalisme humaniste de Paul a permis à la petite secte des adorateurs de Jésus de conquérir le monde romain sans armes, en quelques siècles seulement. Or, cette fois-ci, il ne s’agit pas de conquérir, mais de sauver. Pas d’attaquer, mais de défendre. Pas de gagner les cœurs, mais de sauvegarder les âmes. Après tout, saint Paul lui-même, l’homme des grandes ambitions et des grandes perspectives, ne méconnaît pas les nécessités de la protection de sa famille et de sa nation : « Si quelqu’un ne prend pas soin des siens, et en particulier de ceux de sa maison, il a renié la foi et il est pire qu’un infidèle. » Un pays ressemble beaucoup à une famille.

[…]

Pour survivre, la chrétienté européenne doit accomplir une […] révolution culturelle. Des évêques aux fidèles, tous doivent comprendre que l’humanisme abâtardi en humanitarisme et l’universalisme abâtardi en mondialisme nous tuent. Ils font le lit de l’islamisation de l’Europe et de la destruction du christianisme d’Europe, conduisant en quelques décennies à une inéluctable minoration démographique, qui entraînera une marginalisation culturelle et une soumission politique. Les peuples chrétiens d’Europe deviendront minoritaires sur leur propre sol : c’est le destin qui les guette s’ils refusent de renoncer à leur ingénuité universaliste. S’ils refusent de défendre dans le christianisme une identité, une culture, une civilisation. S’ils refusent de préserver les fameuses formes chrétiennes qui ont fait l’Europe et de les imposer à tous ceux qui vivent sur le continent européen. S’ils s’avèrent incapables de renouer avec leur vigueur, leur intrépidité, leur courage passé, à peine tempérés par les « paix de Dieu » et le message charitable des Évangiles imposés par l’Église, dans une sorte de catholicisme viril du Moyen Âge.

L’Église commence à muer

Un frémissement […] agite aujourd’hui notre vieille terre chrétienne d’Occident : les messes de rite traditionnel font le plein ; les évangéliques renouent avec le côté festif et liturgique du christianisme des origines, pour le plus grand plaisir d’assemblées de fidèles joyeux et enthousiastes ; le romancier français le plus célèbre, Michel Houellebecq, combat une législation autorisant l’euthanasie et clame sa quête de Dieu ; les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) connaissent un grand succès populaire… Dans le même temps, les colonnes de jeunes gens pérégrinant sur les chemins ardus et caillouteux qui conduisent à la cathédrale de Chartres le lundi de Pentecôte s’étendent indéfiniment d’année en année : les 500 pèlerins de 1983 sont devenus, quarante ans plus tard, près de 20 000 qui proclament haut et fort l’encyclique de Pie XI : « Il faut chercher la paix du Christ par le règne du Christ. » À Lourdes, les églises sont submergées : 20 000 jeunes et adultes se sont fait baptiser à l’occasion du carême qui préparait à la Pâques de 2024 ; les jeunes hommes reviennent peu à peu dans les églises pour se faire baptiser, alors qu’ils avaient depuis des décennies fait place nette aux femmes, ce qui avait fait dire à l’écrivain Joseph Conrad à l’humour très britannique : « Dieu est pour les hommes, mais la religion est pour les femmes. » L’Église catholique de France commence à muer intelligemment en « une contre-société », tenant un contre-discours, refusant le dogme imposé par les lobbys féministes et LGBT et renouant le contact avec de jeunes hommes déboussolés par les coups de boutoir de l’idéologie de genre, alors que ses prêtres avaient, pendant des siècles, entretenu avant tout des relations avec les femmes.

Comme si le « grand remplacement » d’une civilisation par une autre, en cours dans tous les pays d’Occident — catastrophe plus irrémédiable encore qu’une défaite militaire —, associé a l’offensive woke, démolissant sans vergogne les réalités biologiques et anthropologiques les plus profondes, entraînait au sein de la jeunesse occidentale une réaction de survie, un réflexe commandé par la peur de disparaître : Qui suis-je ? Que dois-je défendre ? En quoi crois-je ? En qui puis-je espérer ? Qui peut me sauver ?


La Messe n’est pas dite, 

par Éric Zemmour, 
chez Fayard, « Pensée libre »,
128 pp.


États-Unis : l’enseignement de l’histoire amorce un retour à l’équilibre

Des programmes militants remis en question

Longtemps dominé par une vision « progressiste » de l’histoire et de la société, le monde de l’éducation américain vit aujourd’hui une profonde réévaluation.

Sous l’effet conjugué des pressions politiques, des controverses publiques et d’un ras-le-bol grandissant face à l’idéologie militante dans les écoles, plusieurs États et grandes institutions universitaires ont commencé à revoir leurs programmes — parfois à les retirer purement et simplement.

Dans de nombreux cas, il s’agit de corriger des excès idéologiques : des manuels centrés sur la « race », le « genre » ou le « colonialisme » sont mis de côté, tandis que les cours d’éducation civique ou d’histoire reviennent à des contenus plus factuels et moins polémiques.

Fin d’un cycle d’endoctrinement éducatif

La Californie, bastion démocrate, illustre bien cette inflexion.

Après avoir voulu rendre obligatoire un cours d’« études ethniques » au secondaire — discipline souvent militante, accusant l’Occident et Israël de colonialisme —, l’État a finalement suspendu son financement.

Désormais, les districts scolaires ne sont plus tenus d’offrir ce cours, et les enseignants de San Francisco doivent s’en tenir à un manuel unique, expurgé de tout contenu idéologique lié au conflit israélo-palestinien.

Ce recul marque un tournant symbolique pour un État longtemps à la pointe du militantisme éducatif. « Même les démocrates de centre gauche s’éloignent de ces idéologies gauchistes, devenues un handicap politique », résume le penseur conservateur Christopher Rufo. Selon ce militant conservateur qui a milité pour ces changements dans l’éducation, le retour au pouvoir de Donald Trump n’a qu’accéléré le mouvement du pendule. Depuis cinq ans, au moins 20 États ont adopté des lois encadrant les discussions en classe sur la race, le genre et l’histoire américaine.

Des institutions sous pression pour plus de neutralité

Le mouvement touche aussi le monde universitaire.

L’Université Brown, connue pour ses programmes d’éducation sociale, a fermé son programme “Choices”, utilisé depuis trente ans dans de nombreuses écoles secondaires.

Conçu à l’origine pour encourager la réflexion critique, le programme avait glissé vers une approche partisane, notamment dans ses modules sur le Moyen-Orient, accusés d’entretenir un biais anti-israélien.

Officiellement, l’université invoque des raisons budgétaires, mais des documents internes montrent que la baisse de la demande et les controverses autour de ses contenus ont pesé lourd dans la décision.

Les archives en ligne ont été effacées, et les plans de cours — représentant plus de 200 000 $ de matériel pédagogique — ne seront pas redistribués.

L’Anti-Defamation League (ADL), pourtant pilier militant du mouvement antiraciste américain, a elle aussi retiré des dizaines de leçons de son site.


Parmi les sujets supprimés : l’identité transgenre (voir ci-dessus), les microagressions, ou encore les stéréotypes de genre dans les jeux vidéo. Comme on peut le voir le programme cherchait à faire naître l'empathie envers les adolescents dits transgenres.

Officiellement, ces contenus sont « révisés », mais leur retrait marque un virage vers davantage de prudence et de neutralité dans le traitement des questions sociales.

Des enseignants désormais plus prudents

Même les organismes non partisans ressentent ce changement.

iCivics, plateforme d’enseignement fondée par l’ancienne juge de la Cour suprême Sandra Day O’Connor, note une baisse de fréquentation de certaines de ses leçons, notamment celles sur la séparation des pouvoirs ou la Constitution.

Les enseignants, craignant d’ouvrir des débats politiques houleux, se concentrent sur des documents primaires et des explications neutres, évitant de commenter l’actualité ou les personnalités politiques.

L’organisation encourage cette approche : enseigner le fonctionnement du gouvernement américain sans glisser dans le militantisme, en s’appuyant sur les textes fondateurs plutôt que sur les débats idéologiques du moment.

Un recentrage bienvenu

L’ensemble de ces évolutions traduit une prise de conscience croissante : l’école ne peut pas être un laboratoire d’expérimentations idéologiques.

Le rôle de l’enseignement de l’histoire et de la citoyenneté est d’instruire, non de militer.

Alors que la polarisation politique continue de diviser la société américaine, de plus en plus d’éducateurs, de parents et de responsables politiques appellent à un retour à la neutralité, au pluralisme et à la rigueur historique.

Ce recentrage, encore fragile, pourrait bien marquer la fin d’une époque où l’éducation servait d’instrument à des combats identitaires, au détriment de la transmission des savoirs et du sens civique.